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Piétons: le nombre de décès augmente encore à Montréal

SPVM
Photo: Josie Desmarais/Métro

Près de cinq mois après que Montréal ait promis «d’intensifier les interventions en matière de sécurité et de confort des piétons», la situation ne semble pas aller en s’améliorant. Neuf piétons ont déjà perdu la vie sur les routes de la métropole depuis le début de 2019, en comparaison avec six pour la même période l’an dernier, ce qui incite les autorités à se mobiliser.

«C’est clair qu’il fallait réagir, explique à Métro la conseillère à la Division de la sécurité routière au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Nathalie Valois. En juillet et en août, nos postes de quartier vont faire de la sensibilisation dans plusieurs milieux, sur la rue et dans des centres de personnes âgées.»

Des neuf piétons décédés en 2019 à Montréal, sept d’entre eux avaient effectivement 65 ans et plus. «Il faut aller davantage vers cette clientèle-là et voir ce qui peut être fait dans chaque secteur, avec nos partenaires de mobilité locaux», reconnait à ce sujet Mme Valois.

Le SPVM a lancé le 27 juin dernier un blitz de sensibilisation qui se terminait mercredi en plein cœur du centre-ville. «Les gens doivent apprendre à modifier leurs comportements, dit Nathalie Valois. Il y a des piétons, des cyclistes, des automobilistes et là, on s’en vient avec des trottinettes en libre-service. Il y a de plus en plus d’usagers et il faut s’ajuster. C’est tout un défi.»

«On s’aperçoit avec le temps et avec les plaintes que la problématique, aujourd’hui, c’est aussi la relation piétons-cyclistes. Certains piétons nous disent qu’ils craignent davantage les cyclistes que les automobilistes.» -Nathalie Valois, agente en sécurité routière au SPVM

D’après le plus récent rapport annuel du service de police, 18 piétons sont décédés sur les routes l’an dernier, soit 3 de plus qu’en 2017. Ils ont aussi été 87 à être blessés gravement en 2018, soit 9 de plus que l’année précédente. Depuis le début 2019, dix collisions mortelles sont survenues à Montréal, dont 9 impliquant des piétons.

«Malheureusement, on ne sent pas toujours l’impact de nos campagnes, reconnaît l’agente. C’est même parfois un peu décourageant. Malgré tout, il faut comprendre que la population augmente et le nombre de voitures aussi. Somme toute, sur long terme, on arrive à faire une différence.»

Dans Ville-Marie, pour limiter la vitesse et «accroître la sécurité», l’arrondissement planche depuis l’an dernier sur l’installation de saillies de trottoirs: quelque 62 d’entre elles ont été installées depuis début 2018 et 72 autres le seront cette année.

Des limites à considérer, dit Piétons Québec
Si des opérations de sensibilisation sont toujours les bienvenues, elles ont tout de même leurs limites, prévient la porte-parole de Piétons Québec, Jeanne Robin. «C’est toujours pertinent, mais dans l’idée de l’approche de Vision Zéro, on ne s’attend pas nécessairement à ce que les usagers soient irréprochables, explique-t-elle. On s’assure surtout de faire des aménagements sécuritaires.»

D’autant plus qu’en général, dit Mme Robin, les décès des piétons ne sont pas attribuables à une infraction commise. «C’est très souvent une personne âgée qui n’a pas le temps de traverser, ou encore un automobiliste qui n’a pas vu le piéton», envisage-t-elle, soulignant que le vieillissement de la population est l’un des facteurs aggravants.

«On a tendance à prévoir les vitesses de marche pour des jeunes adultes en bonne santé, mais en fait, la population de piétons est beaucoup plus diversifiée. Le vieillissement nous oblige à adapter la longueur des passages.» -Jeanne Robin, porte-parole de Piétons Québec

Piétons Québec milite aussi pour que la Ville limite le nombre de voies aux intersections les plus dangereuses. «À chaque fois qu’on ajoute une allée de circulation, on augmente les risques qu’un piéton soit tué sur une artère. À l’inverse, quand on ajoute une saillie de trottoir, on le diminue», observe sa porte-parole.

À l’heure actuelle, dans la métropole, le kilométrage parcouru en voitures ne cesse d’augmenter, ce qui contribue à empirer la situation, croit Mme Robin. «Il faut qu’on aille à moyen terme vers une réduction à la source du danger: un apaisement global de la circulation et des alternatives de transport en commun qui découragent l’utilisation de la voiture», plaide-t-elle.

L’opposition déplore un «manque d’ambition»
L’augmentation du nombre de décès des piétons démontre surtout que le plan Vision Zéro de l’administration Plante «n’est pas concret», estime le chef de l’opposition, Lionel Perez.

«Ce n’est pas un plan d’action, c’est un plan de communication. Il n’y a pas de mesures concrètes et on n’est malheureusement pas surpris de ce qui est en train d’arriver. L’administration n’en fait pas assez.» -Lionel Perez, chef de l’opposition

Ensemble Montréal plaide pour que le délai de traverse des piétons soit immédiatement prolongé pour sauver des vies. «C’est la demande #1 de la santé publique et des groupes d’aînés et pourtant, ce n’est pas dans le plan de la Ville. C’est un manque de volonté d’aller à la vraie source du problème», renchérit M. Perez.

La sécurité ne devrait pas faire l’objet de compressions budgétaires, d’après l’opposition, qui appelle la Ville à «changer sa façon de faire» en adoptant «de vraies mesures applicables sur le terrain».

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