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Profilage racial: un Montréalais poursuit trois policiers et la Ville pour 93 000$

Une voiture du SPVM
Photo: Archives Métro

Un résidant de LaSalle qui a été l’objet d’une arrestation musclée en mai 2015 poursuit trois policiers et la Ville de Montréal dans le but d’obtenir un peu plus de 93 000$. Il réclame également une meilleure formation des agents de la paix afin de contrer le profilage racial.

«Est-ce que les policiers auraient agi de la sorte s’il avait été question d’une femme blanche de 55 ans? Notre prétention est de dire que non», a expliqué à Métro Me Aymar Missakila, l’avocat qui représente Ashton Boodoo, un résidant de LaSalle dans la quarantaine. 

Le soir du 3 mai 2015, M. Boodoo circulait dans sa voiture en direction son logement aux petites heures du matin après une soirée avec des amis. Des policiers l’ont alors remarqué à l’intersection et ont décidé de le suivre jusque chez lui, où ils ont stationné leur voiture derrière la sienne.

Les policiers sont alors arrivés de chaque côté de la voiture et ont tenté d’ouvrir les portes de celles-ci, qui étaient verrouillées. En raison de la noirceur, le plaignant n’aurait pas réalisé alors qu’il s’agissait d’agents de la paix.

«Le plaignant a entendu des cris et des coups sur sa voiture. Il était terrifié, assis dans le siège conducteur avec le moteur et les lumières éteints et ses vitres et ses portent fermées», indique la demande en Cour supérieure, qui a été déposée dans les derniers jours. 

Les policiers, après s’être présentés, ont ordonné à l’homme de sortir de sa voiture, mais celui-ci voulait d’abord savoir pourquoi il était l’objet d’une arrestation.

«Les policiers étaient si brusques qu’ils ont décidé de le sortir de force et de briser la vitre de sa voiture», a raconté M. Missakila, qui a également souligné que le plaignant a été aspergé de poivre de cayenne par un policier avant d’être traîné à l’extérieur de sa voiture jusqu’à celle des agents de la paix. 

Ashton Boodoo a alors été détenu pendant six heures avant que des accusations de conduite avec les facultés affaiblies, d’entrave et de refus d’obtempérer aux ordres d’un agent de la paix soient portées à son endroit.

«On voit ça très souvent. Cette année, on a encore beaucoup de cas. Quand les gens se font intercepter, ils veulent toujours savoir pourquoi et souvent, la situation dégénère sans que la personne ait reçu une réponse», a commenté le directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales, Fo Niemi, qui appuie M. Boodoo dans ses démarches. 

«Nous, ce qu’on dit, c’est que [Ashton Boodoo] a été victime de profilage racial.» -Aymar Missakila, avocat

Une première victoire
L’an dernier, le juge Randall Richmond, de la Cour municipale, a blanchi Ashton Boodoo des accusations qui pesaient à son endroit en plus de déplorer la «force excessive» dont il a été victime pendant cet événement.

Fort de cette première victoire, le Montréalais réclame maintenant une compensation financière de 93 428$, dont 40 000$ pour des dommages moraux liés notamment au profilage racial dont il allègue avoir été victime.

«Ce traitement a tous les airs du profilage racial où les policiers généralisent les Noirs et les autres personnes de couleur comme étant des personnes potentiellement criminelles ou violentes malgré leurs actions», souligne la poursuite, qui soutient également que le résidant de LaSalle a été victime de «détention arbitraire». 

M. Boodoo, qui a «souffert d’une douleur physique extrême» après son arrestation, réclame par ailleurs 25 000$ liés à des frais d’avocat, de même qu’une compensation de 8000$ pour des pertes de revenus liés à une absence prolongée du travail.

La Ville interpellée
Dans sa poursuite, Ashton Boodoo demande  à la Ville de Montréal d’«assurer un traitement plus humain, professionnel et équitable des minorités visibles qui deviennent victimes du profilage racial». Pour ce faire, l’administration municipale doit exiger une meilleure formation des policiers, selon la poursuite. 

«La Ville agit comme employeur de policiers municipaux, donc elle a sa part de responsabilité», a affirmé Fo Niemi. 

Le SPVM n’a pas voulu commenter.

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