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Montréal utilisera une rédaction «non sexiste» dans ses communications

L'édifice Lucien-Saulnier
L'édifice Lucien-Saulnier accueille chaque mois 65 élus montréalais prenant part à la séance du conseil municipal. Photo: Archives | Métro

La Ville de Montréal amorce une transition vers un «langage non sexiste». Donnant suite à un rapport du Conseil des Montréalaises (CM), l’administration souhaite changer le système de rédaction dans ses documents administratifs et communicatifs pour mieux inclure les femmes et les membres de la diversité sexuelle.

Dans un mémoire déposé lundi au conseil municipal, le CM propose que l’ensemble du personnel administratif et politique de Montréal reçoive des formations pour utiliser la rédaction inclusive.

Le CM recommande également que des démarches soient mises en place afin d’appliquer la rédaction «non sexiste» à «tous les titres et toutes les descriptions des emplois». Le but est que «la diversité de la population soit reflétée parmi ses employés et employées».

En appliquant les recommandations de ce rapport, la Ville viendrait «ajouter des actions à des mots», soutient la formatrice en écriture inclusive Sandrine Bourget-Lapointe.

«On dit que la Ville se veut inclusive. […] Il faut arrêter d’avoir un féminisme de façade», avance-t-elle.

«Plusieurs institutions mettent en pratique les principes de rédaction non sexiste», soutient le rapport du CM. L’Union des municipalités du Québec a d’ailleurs lancé une politique de rédaction égalitaire cet été.

«Lorsqu’une ville ou une entité de la grosseur de Montréal prend une initiative comme celle-là, c’est un pas important dans la normalisation de ce qui aurait dû être fait depuis longtemps. C’est quelque chose qui va aider l’ensemble du Québec.» – Gabrielle Bouchard, présidente de la Fédération des femmes du Québec

Comment ça marche?

La rédaction «non sexiste» a plusieurs facettes. Pour représenter une plus grande partie de la population, on peut entre autres utiliser les doublons. Au lieu d’écrire «les manifestants», on écrirait donc «les manifestants et les manifestantes». Une option tronquée propose aussi d’utiliser le point: «manifestant.es».

On peut également favoriser l’écriture épicène. «Avec un nom épicène, seul le déterminant varie pour indiquer le genre», constate le rapport du CM. On peut donc utiliser des termes comme «fonctionnaires», «membres» ou simplement «personnes».

L’option de l’écriture générique remplace les mots «genrés», comme «professeur», par des termes plus larges, comme «corps professoral».

Le langage inclusif attire son lot de critique, entre autres pour des enjeux de lourdeur au dans les textes.

«Si on peut faire en sorte que le français soit moins binaire et le faire avancer en ajoutant des nouveaux termes, c’est la preuve que c’est une langue vivante. Il faut juste prendre le temps de se former», réplique Sandrine Bourget-Lapointe.

«L’emploi de différents procédés permettra d’éviter la redondance et de varier les tournures», propose le mémoire du Conseil des Montréalaises.

La Ville va de l’avant

Contactée par Métro, l’administration s’est engagée à appliquer les huit recommandations du mémoire.

«C’est pour s’assurer que ce soit plus inclusif, même dans nos communications. On va implanter [cette écriture] graduellement dans nos services», a affirme la conseillère associée à la condition féminine, Suzie Miron.

«Nos sergentes aux services de sécurité incendie et de police ont encore une broche où il est écrit sergent», constate l’élue de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

L’opposition à la Ville salue également les recommandations du CM.

«On oublie comment la langue n’est pas neutre ou figée. On oublie comment le langage non sexiste est un enjeu politique», a fait valoir en conseil municipal la leader de l’Opposition officielle, Karine Boivin-Roy.

L’application de ces mesures pourrait avoir des impacts visibles, selon Mme Bourget-Lapointe.

«On voit que quand les offres d’emplois sont féminisées, il y a un impact direct. Il y a autant des femmes, que des hommes, que des personnes non-binaires qui, grâce aux termes choisis, vont postuler.» – Sandrine Bourget-Lapointe, libraire à la librairie féministe L’Euguélionne

Suzie Miron a comme objectif d’appliquer cette mesure le plus tôt possible. «La façon de mettre en place l’écriture n’est pas déterminée, convient-elle. Mais je vous dirais que ça devrait se faire assez rapidement.»

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