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La rentrée en quatre enjeux : les défis de la CSPI

Le président de la CSPI, Miville Boudreault, devant l'école General Vanier Photo: Félix Lacerte-Gauthier

Surpopulation, transferts d’écoles, recrutement d’enseignants en contexte de pénurie : l’été a été mouvementé à la Commission scolaire de la Pointe-de-l’île. À la rentrée des classes, son président, Miville Boudreault, offre un tour d’horizon des dossiers chauds.

 

Pénurie de professeurs

À la veille de la rentrée, il manquait encore 12 titulaires de classes au sein du réseau de la CSPI. Néanmoins, des suppléants ont pu accueillir les élèves mercredi matin. « Les parents n’ont pas à s’inquiéter, leurs enfants pourront commencer leur apprentissage normalement, croit Miville Boudreault. Mais ces enseignants ne seront pas nécessairement là toute l’année. »

La situation est d’ailleurs la même à l’échelle montréalaise, entraînant les commissions scolaires dans une compétition pour le recrutement. À un point tel qu’elles se tournent maintenant vers l’étranger.

« Au printemps dernier, une équipe s’est rendue en France et en Belgique pour rencontrer des enseignants qui seraient intéressés à venir travailler au Québec, révèle M. Boudreault. On prépare une nouvelle mission de recrutement, cette fois-ci, dans le sud de la France, dans la région de Toulouse. »

En plus de devoir combler les départs à la retraite et les absences normales, les commissions doivent augmenter leur effectif pour pallier la hausse du nombre d’élèves.

Augmentation du nombre d’élèves

Les inscriptions augmentent en flèche, notamment en raison de l’immigration,.

« Depuis le 5 août, notre bureau d’accueil a reçu 462 inscriptions, révèle M. Boudreault. Ce sont des élèves qui ne sont dans aucune statistique, car ceux qui arrivent au Québec n’ont pas de code permanent. Pour le ministère, ils n’existent pas et seront seulement comptabilisés l’année suivante. Mais pour nous, ils sont bien réels et on doit leur trouver une place pour leur offrir un accès à l’éducation. »

Des enfants de nouveaux venus vont continuer à s’ajouter au réseau scolaire bien après le début des classes.

« L’inscription de nouveaux élèves qui ne sont dans aucune statistique se fait au rythme d’environ une classe par semaine », illustre-t-il. Le président de la CSPI calcule que les sept écoles secondaires de la commission, qui peuvent accueillir un total de 12 000 élèves, seront à pleine capacité dès le milieu de l’année.

« À partir de là, il faudra trouver toutes sortes de solutions, comme agrandir de l’intérieur, explique-t-il. C’est quelque chose qui nous préoccupe grandement. C’est un point de bascule qui va être atteint, et on sera ensuite en déficit. »

Pour faire face à cette problématique, le ministère de l’Éducation a transféré deux écoles anglophones à la CSPI.

Intégration des nouvelles écoles

En juin, après des mois de négociations infructueuse entre la CSPI et la Commission scolaire English-Montréal (CSEM), le ministère de l’Éducation a annoncé le transfert des écoles General Vanier et John Paul I.

Cette dernière accueillera dorénavant les 700 élèves inscrits en première année du secondaire à l’école Antoine-de-Saint-Exupéry, qui comptait 2700 inscriptions. « On arrivait à un point critique pour cette école, croit M. Boudreault. Ça a donné de l’oxygène à l’intérieur de l’école. Les conditions matérielles étaient de plus en plus précaires; on était presque rendu à un point de non-retour. »

L’école General Vanier servira quant à elle à accueillir les classes d’accueil pour la francisation des nouveaux venus. « Normalement, une école primaire sert un territoire physique donné, mais on a eu les clés de l’école seulement au mois d’août. C’était trop tard pour en faire une école de quartier. Ce sera un processus qu’on fera pour la prochaine rentrée. » Il est d’ailleurs important, selon lui, que les nouveaux venus puissent côtoyer des élèves francophones afin de faciliter leur venue et leur intégration au Québec.

Décision décriée par la communauté anglophone, le transfert était néanmoins la dernière option, croit le président de la CSPI. « Ça faisait trois ans qu’on en discutait avec English-Montréal, mais sans résultats concrets. On était dans une situation où, pour le bien de tous les élèves, il fallait un transfert. Mais ce n’est pas quelque chose qu’on a fait de gaieté de cœur. »

Trouver des solutions sur le court terme

Le 21 juin dernier, le ministère de l’Éducation a approuvé six agrandissements d’écoles dans l’est de Montréal. Deux nouvelles constructions ont aussi obtenu le feu vert. L’élaboration de deux autres projets est également en cours.

D’ici là, et malgré le transfert d’écoles des deux écoles anglophones, la problématique du manque de place à la CSPI n’est pas complètement réglée.

« Il ne faut pas être trop alarmiste, mais il faut être réaliste. Il faut trouver des solutions à court terme », remarque M. Boudreault. À cet égard, il espère pouvoir reprendre des discussions avec la CSEM pour trouver d’autres arrangements qui seront «bénéfiques pour tous». Il ouvre même la porte à un certain partage de bâtiments.

« Au niveau secondaire, nous ne sommes pas fermés, pour une période de temps limité, et de manière précise et planifiée, à une certaine cohabitation, le temps qu’on puisse construire de nouvelles écoles, confie-t-il. Ce qu’on voulait éviter était de faire une cohabitation précipitée seulement pour éviter un transfert. »

La problématique du manque de classe se manifeste à l’ensemble du territoire de la CSPI, d’où l’importance, pour lui, d’en arriver à une solution durable. « Je ne suis pas intéressé à revivre l’épisode des transferts chaque année, et je suis certain que les anglophones non plus. Mais il faut discuter. »


Surpopulation: jusqu’à 10 ans pour régler le problème, selon les enseignants

L’augmentation importante du nombre d’élèves au cours des dernières années ne donne pas seulement des maux de tête aux commissions scolaires. Pour le Syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’Île (SEPÎ), les professeurs en subissent également les conséquences.

« Malgré les agrandissements qui sont en cours et le transfert des deux écoles anglophones, on se retrouve avec la même problématique; on est déjà en déficit d’espace», s’alarme le président du SEPÎ, Serafino Fabrizi.

Selon lui, le corps enseignant souffre du manque d’espace et de locaux. Il donne en exemple les enseignants donnant des cours spécialisés, tels que les arts et la musique, qui ne peuvent avoir de classes fixes, limitant par le fait même le contenu des cours qu’ils peuvent donner.

«Il y a de moins en moins de locaux pour que les enseignants puissent préparer leurs cours. Les classes sont constamment occupées, il n’y a plus de bibliothèques à de nombreux endroits. Les élèves vont tous se retrouver dans des classes, mais cela se fait dans des conditions difficiles», se désole-t-il.

Il estime qu’avec les nombreux agrandissements et constructions d’écoles qui sont prévus, la situation devrait se résorber dans un horizon de 5 à 10 ans. À court terme, le président du syndicat des enseignants est à la recherche de solutions avec la CSPI. «Notre souci est que les enseignants se retrouvent dans des conditions idéales pour enseigner, ce qui facilitera également l’apprentissage des élèves », conclut-il.

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