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Le port du casque «obligatoire» réclamé pour les jeunes cyclistes à Montréal

Jeunes cyclistes à Montréal
Montréal privilégie depuis plusieurs années la promotion et la sensibilisation aux bienfaits du port du casque, sans pour autant en faire une «obligation légale». Photo: Chris Delmas/Agence France-Presse

L’opposition officielle somme l’administration Plante de rendre le port du casque obligatoire pour les cyclistes de moins de 18 ans, en imposant des amendes au besoin. Le parti demande aussi à la Ville de mettre sur pied une campagne de sensibilisation sur l’importance du casque et des programmes d’aide financière aux familles démunies.

Ensemble Montréal s’appuie sur une étude du chirurgien pédiatrique au CHU de Québec Dr Hussein Wissanji, qui démontre qu’annuellement, environ 450 enfants ont consulté un professionnel pour un traumatisme «lié à l’usage du vélo», entre 2007 et 2017.

«Ça serait un pas important pour la sécurité de nos familles et de nos jeunes, a soutenu jeudi le chef de l’opposition, Lionel Perez. On veut une Ville qui prend ses responsabilités envers nos enfants et les personnes les plus vulnérables.»

Si le taux de port du casque chez les enfants demeure appréciable selon lui, «il n’est pas aussi élevé que l’on pense». L’étude réalisée par le Dr Wissanji révèle que sur les 450 enfants touchés par un traumatisme, seulement 56% d’entre eux portaient un casque au moment de leur accident. «Imposer le port du casque augmente le taux de port du casque, c’est ça la réalité», tranche M. Perez.

Marie Mombo, une jeune fille de 11 ans qui a subi un traumatisme crânien l’an dernier, s’est aussi rangée au côté de l’opposition dans une courte allocution.

«Habituellement, je porte un casque, mais ce jour-là, je ne l’avais pas. Moi, j’aimerais que cet accident n’arrive pas à d’autres enfants et pour ça, j’aimerais que le port du casque soit obligatoire à Montréal.» -Marie Mombo

Urgence d’agir?

Rendue possible par l’hôpital de Montréal pour enfants, l’étude du Dr Wissanji souligne qu’une moyenne annuelle de 61 enfants, dont 36 ne portant pas de casque, ont été diagnostiqués d’un traumatisme après un incident à vélo depuis 2007. «Il y a urgence d’agir face à ces chiffres-là, soutient le médecin. Les situations comme celle de Marie ne sont pas rares.»

Il estime qu’à l’instar de plusieurs autres grandes métropoles, les facteurs économiques sont aussi «déterminants» pour le port du casque chez l’enfant. «On observe une réelle diminution du port du casque chez les familles à revenu modeste, monoparentales ou qui ont un niveau de scolarité plus faible. Ça augmente le risque de blessures de 2,5 fois», insiste M. Wissanji.

Le chirurgien spécialisé en soins pour enfants appelle à «revisiter l’importance du port du casque» au Québec, de nouvelles informations sur des données en centre hospitalier devant aussi être prises en considération.

Une autre vision

Appelée à réagir, la porte-parole du cabinet de la mairesse, Geneviève Jutras, a indiqué que l’administration Plante allait «débattre la motion en conseil, mais que notre position est bien connue là-dessus».

Montréal privilégie depuis plusieurs années la promotion et la sensibilisation aux bienfaits du port du casque, sans pour autant en faire une «obligation légale». Le gouvernement du Québec et la Direction de la santé publique de Montréal (DSP) font d’ailleurs le même constat.

«Il est préférable de porter un casque lorsqu’on circule à vélo mais, pour prévenir les blessures, les stratégies environnementales sont généralement les plus efficaces», insiste la DSP.

La présidente de Vélo Québec, Suzanne Lareau, abonde dans le même sens.

«Une loi aurait des effets néfastes sur la pratique du vélo. Et pour cause, dans toutes les provinces où on a tenté de faire pareil, ça n’a pas eu d’effet. On n’est pas capables d’établir de liens.» -Suzanne Lareau, présidente de Vélo Québec

À une époque où il faut diminuer l’émission de gaz à effet de serre (GES), «ce serait aussi une très mauvaise idée de diminuer l’attrait d’un mode de transport qui est bon pour l’environnement chez les enfants», ajoute-t-elle.

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