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Rapport accablant: la Ligue des Noirs du Québec demande la mise sous tutelle du SPVM

SPVM
Un agent du SPVM. Photo: Pablo A. Ortiz/Métro

La Ligue des Noirs du Québec réclame la mise sous tutelle du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Une demande qui survient au lendemain de la publication d’un rapport qui fait état d’un nombre disproportionné d’interpellations policières à l’égard des minorités visibles.

«Quand les policiers commettent des abus contre de simples citoyens, ils ne peuvent pas continuer à faire ça en toute impunité», martèle à Métro le président de la Ligue des Noirs du Québec, Dan Philip.

Hier, le corps de police a dévoilé les résultats d’un rapport de près de 120 pages qui porte sur les interpellations des policiers de Montréal entre 2014 et 2017. Celui-ci fait état d’une forme de «discrimination systémique» à l’égard des minorités visibles.

Les Noirs, les Autochtones et les jeunes arabes auraient ainsi environ quatre fois plus de chances d’être appelés à s’identifier auprès d’un policier que les Blancs, souligne le document.

«Un grand ménage»

M. Philip a rappelé que plusieurs rapports dans le passé ont fait état des enjeux de profilage racial au SPVM, en vain.

«Nous tournons en rond et nous ne pouvons rien faire pour corriger cette situation s’il n’y a pas un grand ménage dans le corps policier», a affirmé le président de la Ligue des Noirs du Québec.

Ce dernier entend interpeller prochainement la mairesse de Montréal, Valérie Plante, au sujet de la possibilité de mettre sous tutelle le corps de police. Cette décision relèverait toutefois, au final, du ministère de la Sécurité publique du Québec.

«Après un certain temps, si nous voyons qu’il n’y a pas de changements, nous avons toujours l’option d’aller à la Cour», a laissé entendre Dan Philip. 

En 2017, l’organisation a déposé un recours collectif contre le SPVM, qu’elle accuse de profilage racial.

Le SPVM a promis hier d’agir rapidement pour répondre aux recommandations du rapport et ainsi corriger les «biais systémiques» au sein du corps policier. Les mesures prévues comprennent la mise en place en mars 2020 d’une politique en matière d’interpellation. La création d’une équipe spécialisée dans l’intervention auprès des minorités visibles et des personnes ayant des besoins spécialisés est aussi prévue cet hiver.

«Les personnes noires semblent disproportionnellement interpellées partout à Montréal.» -Extrait du rapport 

Manque de transparence

La Ligue des droits et libertés demande quant à elle à la Ville de tenir une séance d’information publique sur le rapport dévoilé lundi. Les citoyens pourraient alors questionner en personne le SPVM sur les conclusions de cette analyse.

«Ça va engager le SPVM à expliquer concrètement comment il entend mettre en œuvre les recommandations [du rapport]», estime la porte-parole de l’organisation, Lynda Khelil. Cette dernière a pris part mardi à une séance d’information de la Commission sur la sécurité publique à l’hôtel de ville pour faire part de cette demande. 

Le président de la Commission sur la sécurité publique, Alex Norris, s’est montré favorable à cette proposition.

«Nous sommes évidemment ouverts à tenir une séance publique pour discuter de ce rapport», a-t-il indiqué mardi, sans préciser d’échéancier.

L’Office de consultation publique de Montréal tient par ailleurs actuellement une consultation sur le racisme et la discrimination systémiques.

Des excuses réclamés

L’élu d’Ensemble Montréal Abdelhaq Sari attend d’ailleurs toujours des excuses de la part du SPVM. Lundi, le corps de police lui a refusé l’accès à la conférence de presse pendant laquelle portant sur la présentation de ce rapport. 

«La situation est sous analyse. Le SPVM ne commentera pas ce sujet», a indiqué le corps de police par courriel.

 

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