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Est de Montréal : la population augmente, le nombre de médecins diminue

Santé
Malgré cet état de fait, les deux intervenants consultés estiment que la situation pourrait s’améliorer dans les prochaines années. Photo: Pixabay | Darko Stojanovic

La semaine dernière, le CIUSSS annonçait l’embauche de 14 médecins sur deux ans pour son CLSC de Hochelaga-Maisonneuve. Pourtant, cela ne constitue qu’une goutte d’eau dans le désert médical qu’est l’est de Montréal.

Selon des données obtenues par Métro Média, le nombre de médecins omnipraticiens présent dans l’est de Montréal a baissé, passant de 407 en 2015 à 397 en 2018. Et comme la population a augmenté ces dernières années, les résidents de l’Est sont proportionnellement moins bien desservis qu’il y a quatre ans.

Les effectifs totaux comprennent les médecins pratiquant en cabinet, en clinique médicale sans accréditation GMF, en GMF, en CHSLD, à l’hospitalisation et à l’urgence ainsi qu’en CLSC.

Selon le CIUSSS, il manquerait actuellement 80 médecins dans l’est de Montréal pour combler les besoins de la population et assurer sa prise en charge médicale.

Départs à la retraite

Tant pour le Dr François Loubert, directeur adjoint aux services professionnels du CIUSSS de l’est-de-l’Île-de-Montréal, que pour le Dr Michel Vachon, président de l’Association des médecins omnipraticiens de Montréal, le vieillissement des effectifs pose particulièrement problème.

« 25% des médecins de famille à Montréal ont plus de 60 ans et suivent 40% des patients inscrits. On se retrouve avec beaucoup de patients vulnérables qui deviennent orphelins [lors de départ à la retraite] » – Dr. Michel Vachon.

Lorsqu’il y a ajout d’effectifs, les nouveaux médecins servent à pallier les départs à la retraite. Le déficit n’est donc jamais comblé.

Alors que la moyenne québécoise montre que 19 % de la population n’a pas accès à un médecin de famille, ce nombre peut s’élever de 30 à 40 % dans les différents secteurs de l’est de Montréal.

Outre le manque de médecins, d’autres facteurs pourraient expliquer cet état de fait. « Il y a peut-être aussi des enjeux dans certains milieux socio-économiques qui font qu’ils ont moins de facilités à se déplacer au niveau géographique et à aller chercher des services », avance le Dr Loubert.

Pénurie généralisée

Bien que le manque de médecins soit particulièrement criant dans l’est de Montréal, le manque d’effectifs se constate à l’échelle de la province.

C’est le ministère de la Santé et des Services sociaux qui décide, par le biais des Plans régionaux d’effectifs médicaux (PREM), comment se répartissent les postes de médecins à travers les régions administratives du Québec.

« On est dans la gestion de pénurie, et chacune des régions a des réalités différentes, explique le Dr Loubert. Par contre, depuis 2016, le ministère a morcelé le territoire de Montréal. Ça amène une distribution plus fine des effectifs. Avant, un médecin pouvait s’établir où il voulait sur l’île. »

Il précise que les médecins doivent facturer 55% de leur journée de travail dans le territoire pour lequel ils ont un PREM. Les deux docteurs espèrent qu’à terme ce nouvel état de fait permette d’améliorer la situation.

« Il manque de médecins, mais aussi d’infirmières, rappelle le Dr Vachon. Il y a un problème d’organisation des soins pour l’ensemble des services médicaux qu’on doit offrir à la population. »

Recrutement difficile

Autre cause de cet état de fait, selon les deux spécialistes, la médecine familiale peine à attirer des étudiants, rendant la tâche d’autant plus ardue pour combler le déficit dans l’est de Montréal.

« Il y a presque 60% d’écart de salaire entre un médecin de famille et la moyenne pour un spécialiste, constate le Dr Vachon. Bien des gens optent pour une spécialité, qui leur demande seulement deux ou trois ans de plus de formation. »

Pour le Dr Loubert, de meilleurs jours semblent se présenter à l’horizon. « Ce qu’on a vécu dans les dernières années n’était peut-être pas incitatif, mais je crois qu’il y a un changement important avec le gouvernement actuel. J’ai de l’espoir pour la suite. »

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