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Interdiction des armes de poing: le fédéral doit assumer, plaide Ensemble Montréal

Le chef de l'opposition officielle, Lionel Perez, et Heidi Rathjen, de l'organisme PolySeSouvient Photo: Josie Desmarais/Métro

Si elle salue la volonté du gouvernement fédéral de bannir les armes d’assaut, l’opposition officielle montréalaise déplore qu’Ottawa veuille refiler aux municipalités la responsabilité d’interdire les armes de poing sur leur territoire. Une motion sera déposée en ce sens au prochain conseil municipal.

«On partage l’objectif, mais pas le moyen, a indiqué le chef d’Ensemble Montréal mercredi lors d’une mêlée de presse. C’est une responsabilité qui devrait demeurer fédérale. Si Justin Trudeau veut donner ce pouvoir aux villes, les résultats ne seront tout simplement pas au rendez-vous.»

En août 2018, l’administration Plante avait aussi demandé à Ottawa d’interdire la possession d’armes de poing et d’armes d’assaut. Non seulement sur son territoire, mais dans l’ensemble du pays, sauf dans certains cas d’exception pour les membres des Forces armées et des corps policiers.

«Même si une ville contrôle ses armes, comment peut-elle contrôler celles de toutes les autres villes avoisinantes? […] On n’a pas le pouvoir de l’appliquer au final.» -Lionel Perez, chef de l’opposition

Son parti avance aussi qu’un programme de rachat des armes à feu doit être mis en place rapidement pour s’attaquer au problème. «Les citoyens vont remettre leurs armes au service de police de façon volontaire et anonyme, en échange d’un montant d’argent. La police ne pose aucune question et remet l’argent sur le champ», illustre Lionel Perez.

Un programme similaire a permis de récolter plus de 3000 armes dans la ville de Toronto, selon lui.

Le Service police de la Ville de Montréal (SPVM) devrait aussi «colliger et diffuser» des données plus précises sur le nombre de meurtres, de suicides et d’accidents liés aux armes à feu à Montréal. «On ne le fait pas actuellement de façon détaillée», soutient le chef de l’opposition.

Montréal appuie, mais émet des doutes

Appelé à réagir, le président de la Commission sur la sécurité publique, Alex Norris, salue la position de l’opposition sur le fond. Mais il soulève une «contradiction» dans la motion présentée.

«Ensemble Montréal avance avec raison que le contrôle des armes à feu doit être de responsabilité fédérale. C’est notre position depuis l’an dernier, dit-il. Mais en même temps, il y a une petite contradiction dans le fait de proposer que Montréal ait sa propre initiative [de rachat d’armes].»

Il y voit là un mécanisme qui serait «tout autant inefficace». «Les criminels armés traversent les frontières des municipalités avec leurs armes. Il n’y a pas une seule ville qui pourra lancer efficacement une telle initiative», déplore-t-il.

La Ville serait par ailleurs «en train de faire des vérifications» pour obtenir le type de statistiques actuellement colligées par le SPVM. «On veut avoir les meilleurs chiffres possibles en matière d’armes à feu», assure Alex Norris.

«Fermer le robinet»

Pour la coordonnatrice de l’organisme PolySeSouvient, Heidi Rathjen, il est urgent au Canada de «fermer le robinet et d’interdire toute important ou fabrication d’armes de poing». Leur nombre a augmenté de manière «fulgurante» depuis 2012, déplore-t-elle. Statistique Canada dresse effectivement une hausse de 456 000 à 935 000 en sept ans seulement.

«La tuerie à la mosquée, la tuerie à Concordia, c’était des armes de poing légales. En les interdisant, on affecte certains mauvais usages. On rend ça plus difficile pour les gens mal intentionnés d’y avoir accès.» -Heidi Rathjen, coordonnatrice de PolySeSouvient

Celle qui a été témoin de la tuerie à l’École Polytechnique en 1989, qui a coûté la vie à 14 femmes, condamne elle aussi que le gouvernement Trudeau veuille confier autant de responsabilités aux municipalités. «La pratique serait inefficace et irréaliste, compte tenu des lobbys des armes auxquels ferait face tout maire qui choisirait d’aller de l’avant», dénonce-t-elle.

Depuis 2008, environ 66 000 armes ont été saisies au Québec, d’après les données de la Sûreté du Québec (SQ).

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