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Des logements plus chers et plus petits en perspective à Montréal

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Photo: iStock

Une forte croissance des loyers est en cours dans les quartiers centraux de la métropole. Les locataires pourraient être appelés à changer leurs habitudes de vie et louer des unités plus petites, prévient un courtier immobilier.

Quelque 200 promoteurs et gens d’affaires ont pris part mercredi à un événement organisé par la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ). Tout l’avant-midi, plusieurs conférenciers ont dressé un portrait du marché immobilier actuel, en plus d’aborder les tendances à venir en 2020.

«Les loyers moyens augmentent de façon impressionnante», a évoqué le courtier immobilier Patrice Ménard pendant une conférence courue sur les perspectives du marché immobilier en 2020. Selon des données compilées par son entreprise, PMML, la croissance actuelle du prix des loyers s’élève à environ 8% dans les quartiers centraux de la métropole.

Cette donnée peut surprendre alors que la construction de logements locatifs a atteint un sommet en 30 ans l’an dernier, selon un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). La demande, associée notamment au solde migratoire positif et au vieillissement de la population, continue toutefois d’être nettement plus forte que l’offre.

«Beaucoup d’Européens viennent ici pour s’établir, surtout dans les quartiers centraux comme le Plateau. Pour eux, ça demeure très accessible», soulève M. Ménard en entrevue à Métro.

Selon une prévision de la SCHL présentée en conférence mercredi, le taux d’inoccupation des loyers pourrait d’ailleurs chuter aussi bas que 1,3% l’an prochain dans la région. Un tel resserrement du marché locatif peut rendre périlleuse la quête d’un logement abordable et adéquat par les locataires au moment du déménagement.

Des logements plus petits

Plusieurs conférenciers ont d’ailleurs invité les propriétaires à rénover leurs logements. Ils peuvent ensuite augmenter les loyers de ceux-ci au-delà de ce qui est recommandé par la Régie du logement.

«Les propriétaires se rendent comptent que s’ils rénovent, ils vont pouvoir louer plus cher. C’est là que ça devient une opportunité pour eux», confirme Patrice Ménard.

Alors que la pression sur le marché locatif continuera de s’accentuer en 2020, les locataires de la classe moyenne pourraient avoir à faire des sacrifices, prévient le courtier immobilier.

«Je crois qu’il va falloir qu’ils changent leurs habitudes de vie. Il va y avoir des logements de plus en plus petits», soulève M. Ménard.

Une affirmation a fait sursauter le Front d’action populaire en réaménagement urbain.

«Je trouve ça indécent de dire que les locataires doivent changer leur mode de vie», a rétorqué sa porte-parole, Véronique Laflamme.

C’est d’ailleurs en partie afin de répondre aux besoins des familles en quête d’un logement abordable de grande taille que la Ville a présenté en juin dernier son nouveau règlement d’inclusion, qui doit entrer en vigueur en 2021. Celui-ci vise à inclure 20% de logements sociaux, 20% de logements abordables et jusqu’à 20% de logements familiaux dans les projets immobiliers de plus de cinq unités.

«Il y a déjà beaucoup trop de locataires qui vivent dans un logement de taille inadéquate.» -Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

L’effet Airbnb

L’analyste de la SCHL pour la grande région de Montréal, Francis Cortellino, a par ailleurs évoqué la forte hausse du nombre d’unités mises en location à court terme sur des plateformes de type Airbnb dans les dernières années, comme en témoigne un rapport publié en mars par Statistique Canada. Même s’il n’a pas voulu s’avancer sur le rôle joué par cette tendance sur la croissance des loyers dans les quartiers centraux de la métropole, il estime que c’est un phénomène qu’il faudra surveiller à l’avenir.

«Avant, c’était beaucoup plus fréquent qu’une personne offre un seul logement sur des plateformes comme Airbnb. Maintenant, c’est beaucoup plus fréquent qu’une même personne offre deux logements, trois logements ou même plus sur Airbnb. Donc, la croissance du nombre d’unités est plus rapide que celle du nombre de personnes qui offrent ce type de logements-là», constate l’expert.

L’administration de Valérie Plante n’a pas voulu commenter mercredi.

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