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Logement: des hausses de loyers plus fortes à prévoir en 2020

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Des logements sur le Plateau-Mont-Royal Photo: Josie Desmarais/Métro

En pleine crise du logement, les propriétaires pourront imposer des hausses de loyers plus importantes à leurs locataires l’an prochain. Les critères qui encadrent ces augmentations seront revus, a appris Métro.

«Les locataires pourraient avoir une augmentation de loyer supérieure à ces des dernières années. En fait, si le propriétaire l’a bien calculée, c’est possible que l’augmentation corresponde au double par rapport aux dernières années», explique à Métro le directeur des affaires publiques à la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec, Hans Brouillette.

La rareté des logements disponibles, exacerbée par une demande à la hausse dans plusieurs régions du Québec, notamment à Montréal, «fera grimper certains critères de fixation de loyer pour 2020», indique un article de la CORPIQ réservé à ses membres dont Métro a obtenue copie.

La Régie du logement mettra à jour en janvier les ajustements des critères permettant d’encadrer les augmentations de loyer au Québec. Ceux-ci comprennent entre autres les frais d’entretien et de gestion ainsi que les dépenses d’électricité ou de gaz naturel.

Les prévisions de la CORPIQ, qui reposent sur l’analyse de l’inflation des 10 derniers mois, donnent toutefois déjà un aperçu de ce qui attend les locataires québécois l’an prochain.

Ainsi, l’ajustement relié au «revenu net» des propriétaires devrait passer du simple au double, soit de 0,5 à 1%. Quant à l’ajustement des frais de gestion, il passera de 0,8 à 2%, prédit la CORPIQ.

«Ensemble, [ces deux critères] comptent pour plus des deux tiers d’un loyer», souligne M. Brouillette. 

Les propriétaires pourront aussi refiler un plus grand pourcentage des dépenses reliées aux rénovations à leurs locataires. Celui-ci devrait passer de 2,7 à 3,1%.

Pénurie de logements

Les prévisions de la CORPIQ ont vivement fait réagir des organismes de défense des droits des locataires.

«C’est extrêmement inquiétant, surtout qu’on sait qu’en situation de pénurie de logements, c’est extrêmement difficile de trouver des logements abordables», a soulevé à Métro le porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Maxime Roy-Allard.

Les locataires montréalais ont connu une période des déménagements particulièrement difficile cette année marquée par une crise du logement et des loyers en forte hausse.

«Les banques alimentaires débordent. Quand les Montréalais dépensent trop pour se loger, ils n’ont plus d’argent pour se nourrir, carrément», a laissé tomber la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain, Véronique Laflamme.

Les hausses de loyers pourraient être particulièrement élevées l’an prochain dans les arrondissements montréalais qui imposeront des hausses de taxes supérieures à l’inflation. Ce sera le cas notamment de Verdun, du Plateau-Mont-Royal et du Sud-Ouest.

«C’est sûr que les hausses de taxes font augmenter de façon importante la hausse que les locataires peuvent recevoir. Donc, nous, on lance un appel à la modération à la Ville dans ses ajustements fiscaux», mentionne Mme Laflamme.

«Les locataires savent que c’est difficile de trouver un autre logement en raison de la pénurie de logements. Ils vont donc avoir tendance à accepter les hausses.» -Maxime Roy-Allard

Contrôle des loyers

Les organismes consultés réclament la mise en place par le gouvernement du Québec d’un contrôle légal des loyers. Ils affirment que les propriétaires ne respectent souvent pas les critères proposés par la Régie du logement.

Ce faisant, Québec emboîterait le pas à l’Ontario, qui impose un taux maximal légal de hausse des loyers basé sur l’inflation. Pour l’année 2020, celui-ci sera de 2,2%.

La CORPIQ, pour sa part, réclame que la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation révise à la hausse les critères de fixation de loyer.

«Nous sommes ouverts à envisager une révision du Règlement sur les critères de fixation de loyer considérant que celui-ci est le même depuis plusieurs dizaines d’années», a indiqué par courriel le cabinet de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest. Des discussions ont d’ailleurs déjà eu lieu à cet effet avec la Régie du logement, la CORPIQ et le RCLALQ, a précisé le cabinet. 

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