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Hydro-Québec: une réforme des tarifs «défavorable» pour les ménages à faible revenu

Des compteurs d'Hydro-Québec, ici photographiés en octobre dernier Photo: Josie Desmarais

Réalisée par Hydro-Québec entre 2017 et 2019, la réforme des tarifs d’électricité pour les clients résidentiels n’a pas «tenu compte», tel que prévu, de la capacité de payer des ménages à faible revenu (MFR). C’est du moins ce que plaide l’Institution de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), dans une étude publiée mardi.

«On a suivi la facture de différents clients sur une période de trois ans, et on se rend compte qu’au moins 65% des MFR ont plutôt été défavorisés par la réforme», explique à Métro l’auteur du rapport, Jean-François Blain. Près de 400 000 ménages ont vu leur facture moyenne augmenter au-delà de la hausse moyenne de 1,9% au Québec, selon lui.

C’est un changement au niveau de la facturation des kilowatt-heures (kWh) qui en serait la cause. La reconversion des catégories de prix fait en sorte, d’après l’étude, que «les clients ne pouvant pas agir sur leur consommation de chauffage» – souvent des locataires – sont ceux qui ont connu les hausses de tarifs les plus élevées.

De manière générale, ladite réforme aurait donc «accru l’écart défavorable entre la facture annuelle d’un client à forte proportion de chauffage et celle d’un client à faible proportion de chauffage», insiste M. Blain.

Ce dernier condamne par ailleurs que la nouvelle structure tarifaire d’Hydro-Québec incite officieusement à la surconsommation d’énergie, surtout pour des usages «non essentiels», lors de la saison estivale par exemple. «Alors qu’on voulait favoriser l’efficacité énergétique, l’utilisation de l’électricité pour la climatisation ou le chauffage des piscines est encouragée», illustre-t-il.

Le gouvernement appelé à l’action

Il existe des pistes de solution immédiates et bien concrètes pour pallier la problématique, d’après l’IRIS. Pour y arriver, la société d’État devra d’abord «se poser les bonnes questions» et «accepter de reconnaître les biais indésirables de sa réforme».

«La seule solution, c’est que le ministre de l’Énergie [Jonatan Julien] demande à la Régie, sur recommandation d’Hydro-Québec, de reconsidérer d’autres critères à la structure de tarification actuelle. Ça prend une audience, et c’est seulement le ministre qui peut le faire.» -Jean-François Blain, chercheur associée à l’IRIS

L’organisme s’inquiète aussi des effets collatéraux qu’aura le projet de loi 34, qui a été adopté sous bâillon il y a près de deux semaines à l’Assemblée nationale. Après un gel des tarifs en 2020, Québec entend indexer les tarifs au niveau de l’inflation pendant quatre ans.

«Le problème est que si on applique les mêmes taux d’augmentation – certains sont à 2,5% au lieu de 1,9% – l’écart entre les favorisés et les défavorisés de la réforme va se perpétuer. Il pourrait même s’accroître légèrement avec l’effet composé des taux d’inflation», envisage l’auteur.

Des conclusions «hâtives», juge Hydro-Québec

Appelé à réagir, le porte-parole d’Hydro-Québec, Francis Labbé, indique que son organisation est «en désaccord avec l’affirmation que la réforme des tarifs domestiques a désavantagé les MFR».

«Au contraire, en rehaussant la première tranche de consommation de 30 kWh à 40 kWh, les clients bénéficient maintenant de 10 kWh de plus par jour au prix le plus bas. Cela a contribué à alléger la facture des petits consommateurs, y compris les ménages à faible revenu, qui utilisent principalement l’électricité pour le chauffage de leur résidence», explique-t-il.

La société d’État condamne que l’IRIS «tire des conclusions hâtives et sans nuances, en se basant sur des extrapolations de données».

«Contrairement à la thèse de M. Blain, il n’y a pas d’adéquation directe entre la consommation d’électricité et le niveau de revenus des clients. Plusieurs facteurs influencent le volume et le profil de consommation d’électricité des clients […]. Ainsi, on retrouve des ménages à faible revenu dans tous les profils de consommation», conclut M. Labbé.

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