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Projet de loi 40: Plante reproche à Québec de travailler «en cachette»

Valérie Plante
Photo: Josie Desmarais/Métro

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est vivement opposée lundi à un amendement du projet de loi 40 sur la gouvernance scolaire, adopté samedi à Québec, qui touche les municipalités. Elle s’inquiète que les nouveaux centres de services, qui pourront gratuitement exiger la cession d’immeubles des villes où ils se trouvent, feront monter les taxes des contribuables.

«En imposant de donner un terrain par exemple, on dit aux Montréalais qu’ils vont payer pour l’éducation à travers les taxes municipales. On veut trouver des écoles, mais il faut quand même réfléchir, surtout qu’à Montréal, les terrains coûtent plus cher. C’est comme si à Montréal, l’éducation va coûter plus cher que pour les gens qui sont en régions», a tonné la chef de Projet Montréal.

Elle faisait ainsi référence au controversé article 114 du projet de loi 40. Celui-ci stipule que le centre de service pourra «requérir d’une municipalité locale qu’elle lui cède, à titre gratuit, un immeuble à des fins de construction ou d’agrandissement d’une école ou d’un centre».

Mme Plante s’est dite «particulièrement surprise» de l’attitude de Québec dans ce dossier. «On discute avec le gouvernement sur cette question-là depuis un bon bout de temps, a-t-elle ajouté. Je ne comprends pas cette façon de faire en catimini, en cachette.»

«Mon téléphone est ouvert. L’éducation, on y tient comme ville, et on veut faire partie de la solution. Mais ça doit passer par le dialogue, et non pas une imposition.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

Québec défend son projet de loi 40

De son côté, le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, a défendu dur comme fer son amendement.

«Avant, il n’y avait pas de mécanique, ce qui fait que les négociations étaient souvent interminables pour arriver à avoir un terrain», a dit l’élu provincial lundi matin sur les ondes de Radio-Canada.

Selon lui, construire une nouvelle école pouvait prendre jusqu’à «six ou sept ans» en raison de la lourdeur des discussions entre les villes et les commissions scolaires.

«On vient surtout formaliser la prévision commune des besoins d’école. On force ce dialogue-là qui aurait déjà dû se faire, et qui n’était pas formalisé», a justifié M. Roberge. Le centre de service ne pourra pas non plus exiger un terrain vacant de la municipalité, a-t-il précisé.

Québec dit vouloir ainsi favoriser la bonne entente «plus efficace» et moins coûteuse, la cession exigée étant surtout une mesure d’«exception» pour les centres de service. «Les deux parties doivent mieux s’entendre et regarder la répartition des citoyens sur le territoire. Voyez ensemble comment vous voulez développer la municipalité», a-t-il illustré.

«Des frères et des sœurs séparés d’école. Nos classes qui débordent. Des spécialistes qui n’ont plus de locaux. Ça n’arrivera plus, parce qu’on va être capables de construire nos écoles plus vite.» -Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

Pluie de critiques

Dimanche et lundi, l’article 114 a fait réagir, tant dans le monde politique que dans le secteur de l’éducation. Les péquistes ont entre autres accusé le gouvernement d’avoir déposé la modification «en douce», afin de la passer sous silence.

«Le ministre a pourtant déposé 82 amendements mardi et 15 autres pendant la plénière du bâillon. S’il était si fier et confiant de cette mesure qui concerne les municipalités. Pourquoi ne pas l’avoir déposée pour qu’elle puisse être discutée avec les oppositions?», s’est insurgée la députée de Joliette, Véronique Hivon.

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) a aussi fait part de ses inquiétudes.

«Nous sommes en profond désaccord avec cette décision du gouvernement, a indiqué le groupe. Il a ajouté que celle-ci allait «totalement à l’encontre» de ses recommandations formulées en consultation.

Avec la collaboration de Zacharie Goudreault.

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