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Attaques islamophobes: le gouvernement «silencieux», dénonce un expert

Fatima Ahmad a été victime d'une attaque dans le métro Lionel-Groulx, mercredi dernier.
Fatima Ahmad a été victime d'une attaque dans le métro Lionel-Groulx, mercredi dernier. Photo: Pablo Ortiz/Métro

Près d’une semaine après l’ouverture d’une enquête au SPVM concernant une femme attaquée dans le métro alors qu’elle portait son voile, un expert dénonce le «silence du gouvernement» du Québec quant aux attaques islamophobes.

Lundi, Métro rapportait l’histoire de Fatima Ahmad, attaquée mercredi dernier par deux étrangers, dont un qui a tenté de lui retirer son niqab. L’incident n’était pas isolé, a rapporté l’étudiante de 23 ans, qui affirme avoir subi des agressions du genre à trois reprises.

Selon le sociologue Rachad Antonius, professeur à l’UQAM, ce type de geste «inacceptable» n’a aucune attache politique. Cela ne veut pas dire, maintient-il, que le gouvernement peut l’ignorer.

Il invite la Coalition avenir Québec à préciser son message public.

«Il faut que le gouvernement condamne ce genre de chose. Les gens ont le droit d’être croyants tant qu’ils ne touchent pas aux droits des autres. Ce message-là, le gouvernement ne le donne pas», dit M. Antonius en entrevue.

«Le silence du gouvernement sur la nécessité de l’inclusion, je le blâme» – Rachad Antonius, sociologue spécialisé dans l’étude des crimes haineux

Appelé à réagir à l’attaque envers Fatima Ahmad, le cabinet du ministre de l’immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Simon Jolin-Barrette, a «dénoncé haut et fort tout geste discriminatoire».

«Cette situation est tout à fait déplorable et inacceptable», a écrit l’attachée de presse du ministre, Elisabeth Gosselin.

Loi 21

Lundi, Fatima Ahmad dénonçait la loi 21 sur la laïcité, qui lui fait craindre pour sa sécurité. En réponse à ces propos, le cabinet du ministre Jolin-Barrette s’est détaché de ce type d’acte.

«Il n’y a aucun lien à faire entre cette agression et la loi 21. La loi 21 n’interdit pas le port des signes religieux dans l’espace public», a ajouté Mme Gosselin dans une déclaration.

La Ligue des droits et libertés (LDL) craint cependant un texte législatif qui encourage les attaques islamophobes. Sa coordonnatrice, Eve-Marie Lacasse, évoque même une «multiplication d’incidents comme celui-ci».

«Lorsque nous avons soumis notre mémoire lors des consultations particulières sur le projet de loi 21, […] nous avons soulevé le fait, qu’à notre avis, cette loi est une manifestation de racisme systémique, a-t-elle soutenu. La multiplication d’incidents comme celui-ci semble, hélas, nous donner raison.»

M. Antonius observe plutôt «un silence du gouvernement sur la nécessité de l’inclusion».

Délégitimation

D’après Rachad Antonius, ces agressions contre les religions s’avèrent «contre-productives» pour les défenseurs de la laïcité et de l’identité québécoise.

«Il y a des gens qui veulent défendre le Québec ou la laïcité contre ce qu’ils appellent l’invasion de l’Islam. Mais ça délégitime la lutte pour la laïcité et l’identité québécoise», avance-t-il en entrevue avec Métro.

«L’identité québécoise n’a pas besoin qu’on arrache le niqab d’une femme dans la rue.» – Rachad Antonius

Hausses des cas?

De 2016 à 2017, selon Statistique Canada, les déclarations de crimes anti-islamiques au pays ont plus que doublé.

Le directeur général adjoint du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV), Benjamin Ducol, fait part également d’une hausse des signalements.

«Ce genre de fait existait il y a 10 ans. Mais aujourd’hui, on raconte ces histoires et on montre aux gens que ce sont des comportements qui ne sont pas acceptables», analyse-t-il.

«Ça crée une espèce de conscientisation», ajoute M. Ducol.

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