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Le Jour de la Terre veut électrifier 50 camions légers en trois ans à Montréal

Le directeur général du Jour de la Terre, Pierre Lussier, a dévoilé mardi le premier camion léger converti par son organisme. Dominique Pétrin, artiste de sérigraphie depuis plus de 20 ans, en a réalisé l'habillage. Photo: Josie Desmarais/Métro

Québec octroie 160 000$ au Jour de la Terre pour la création d’un nouveau programme «clés en main» de conversion et d’acquisition de camions légers électriques destiné aux propriétaires de flottes montréalaises. Si la mesure permettra d’ici trois ans l’électrification de 50 camions utilitaires et de livraison, une «startup» pourrait ensuite voir le jour au Québec et au Canada.

«C’était un coup d’envoi nécessaire. Il y a des entreprises pour qui la complexité de ce type de changement peut constituer un frein», a expliqué mardi la ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, parlant d’actions «précises et mesurables» pour la région de Montréal.

L’élue ajoute que ces «nouveaux fonds», tirés du Fonds d’investissement pour le rayonnement de la métropole, «contribueront à l’avènement de la transition» vers l’électrique.

«Évidemment, il y aura un suivi et une reddition de comptes. Nos professionnels vont suivre chacun des projets pour s’assurer que les résultats seront au rendez-vous.» -Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports

Pour le directeur du Jour de la Terre, Pierre Lussier, l’objectif est surtout de sensibiliser les propriétaires de camions à l’importance de prendre action. «C’est une autre manière de faire, explique-t-il à Métro. On ne va pas surveiller les entrepreneurs, mais on va leur installer les bornes de recharge et les préparer dans la transition. Il va falloir leur parler, et les écouter surtout. L’enjeu de la formation est majeur.»

Son groupe accompagnera chaque membre du programme dans la maintenance de ses véhicules et l’appuiera dans ses demandes de subventions. M. Lussier espère avoir électrifié «au moins six camions» d’ici le 30 septembre prochain. L’un d’entre eux serait déjà prêt à prendre la route.

Une «startup» en route?

Refusant de s’avancer pour le moment sur les objectifs à plus long terme du nouveau programme, le Jour de la Terre poursuit malgré tout des objectifs «ambitieux» pour la suite.

«Notre but, c’est qu’éventuellement le système fonctionne par lui-même, avec les subventions accessibles à tous. Après, on veut vraiment miser sur les capitaux privés avec le milieu. On est convaincu que d’ici cinq ans, ça coûtera moins cher de rouler à l’électrique qu’à l’essence. Et c’est là qu’on aura plus de latitude», avance Pierre Lussier à ce sujet.

À terme, l’émergence d’une entreprise à proprement parler est envisagée pour soutenir les entreprises à l’échelle du Québec, voire du Canada. «Si ça marche, et qu’on se dirige vers le modèle de « startup », des fonds de gestion pourront ensuite investir là-dedans, ajoute le porte-parole. Mais pour le moment, on est en phase de tests et d’évaluation des besoins.»

«On n’est pas un fabricant. On a une mission. Je pense que les gens aimeront mieux s’engager avec nous qu’avec une grande multinationale.» -Pierre Lussier, directeur du Jour de la Terre

Bonifier Transportez Vert?

En juillet, Québec faisait un premier pas vers l’électrification de camions utilitaires et d’autobus scolaires en annonçant la mise sur pied du programme Transportez Vert. Celui-ci permet depuis aux entrepreneurs d’obtenir un rabais de 15 000$ par véhicule électrique ou hybride. Jusqu’à 200 000$ sont offerts pour la conversion des véhicules, en plus d’un 30 000$ pour la formation des chauffeurs.

Le gouvernement Legault estime à 12,3 M$ les investissements nécessaires d’ici mars 2021.

Or, aux yeux de Pierre Lussier, ces montants devront être bonifiés pour inciter plus d’entrepreneurs à prendre le virage. «Je sais que le gouvernement travaille sur d’autres montants en ce moment, parce que 15 000$, ce n’est pas significatif et ça ne fait pas la différence», insiste-t-il.

La Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ), qui regroupe 3600 entrepreneurs et 17 000 employés au Québec, mettra par ailleurs ses ressources à la disposition du Jour de la Terre.

«Ça fait plusieurs années que j’ai une voiture hybride. Et vraiment, on ne retourne plus en arrière une fois qu’on en a une. J’y crois.» -Simon Bussière, directeur de la CMEQ

«C’est une porte d’entrée très importante pour nous, et c’est symbolique, a commenté Pierre Lussier. On a besoin de trouver les propriétaires intéressés.»

Environ 350 000 camions légers circulent dans les rues de Montréal selon la Banque de données des statistiques officielles sur le Québec. À lui seul, le secteur représente 43% du total des émissions de GES produites dans la province.

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