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Crise du recyclage: Montréal envisage d’octroyer la gestion du centre de tri de Lachine à un OSBL

recyclage Lachine
Le nouveau centre de tri de Lachine a une capacité de traitement de 100 000 tonnes de matières par année. Photo: Josie Desmarais/Métro

La Ville de Montréal envisage d’emboîter le pas à Saguenay en demandant à un organisme sans but lucratif (OSBL) de gérer le centre de tri de Lachine, a appris Métro.

La Ville de Montréal a récemment envoyé à Québec une demande de dérogation à la Loi sur les cités et villes, indiquent des documents adoptés à huis clos la semaine dernière par les élus du comité exécutif que Métro a pu consulter.

L’administration de Valérie Plante souhaite ainsi obtenir l’autorisation du gouvernement Legault d’accorder un contrat à un OSBL pour la gestion du centre de tri de Lachine sans devoir procéder par appels d’offres.

«On explore présentement toutes les options», indique Geneviève Jutras, l’attachée de presse de la mairesse de Montréal, précisant que la Ville n’a pris aucune «décision finale» à cet égard pour le moment. 

Départ de TIRU

À la fin du mois de janvier, Rebuts solides canadiens (RSC), une filiale de la française TIRU, a annoncé son «insolvabilité» et «sa décision de cesser ses activités au Québec», rappellent les documents de la Ville. L’entreprise gère quatre centres de tri dans la province, dont ceux de Lachine et de Saint-Michel. 

Depuis, Québec a conclu une entente avec RSC afin de retarder son départ de la province jusqu’à ce que les villes concernées aient trouvé un remplaçant. 

«L’octroi d’un contrat en gré à gré à un OSBL pour la reprise des opérations de tri et de valorisation des matières recyclables permettrait avant tout d’éviter tout risque d’arrêt de service en permettant une transition rapide vers un nouvel opérateur», soulignent les documents du comité exécutif. 

Cela permettrait aussi de «développer des opérations de réinsertion sociale», ajoute la Ville.

«L’objectif [d’un OSBL] est vraiment d’aider les gens au lieu de faire des profits, ce qui est vraiment positif», souligne à Métro le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard. Ce dernier estime d’ailleurs que les OSBL ont tendance à mieux traiter les matières recyclables que les entreprises privées, ce qui contribue à la «protection de l’environnement». 

«Il y a plus de chances que la qualité de la matière [recyclée] soit meilleure.» -Karel Ménard, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

Dans les dernières années, la Ville a investi des sommes importantes dans RSC afin qu’elle maintienne ses activités aux centres de Saint-Michel et de Lachine. La situation financière de l’entreprise a grandement souffert de la fermeture graduelle du marché asiatique aux ballots de plastiques et de papiers provenant de l’étranger.

S’inspirer de Saguenay

Plusieurs municipalités québécoises ont déjà décidé d’accorder la gestion de leurs centres de tri à des OSBL. C’est notamment le cas de Saguenay, qui a signé récemment une entente de 10 ans avec la Société VIA, une entreprise d’économie sociale. Celle-ci s’occupera de son centre de tri une fois que RSC aura quitté la province.

Montréal a d’ailleurs conclu une entente confidentielle avec Saguenay afin que les deux villes puissent procéder à «l’échange d’informations contractuelles en lien avec l’opération et la gestion des centres de tri de matières recyclables». La métropole souhaite ainsi pouvoir s’inspirer de Saguenay en la matière, a constaté Métro.

«C’est un beau modèle. C’est un modèle qui est utilisé par quelques centres de tri au Québec, donc c’est sûr que ça peut être intéressant [pour Montréal]», évoque à Métro le président de la commission de l’environnement et du développement durable à Saguenay, Simon-Olivier Côté. 

Ce dernier souligne que l’arrivée de la Société VIA au centre de tri de Chicoutimi permettra notamment d’offrir un emploi à des personnes ayant des «déficiences physiques ou intellectuelles». 

Manque de transparence

Le porte-parole d’Ensemble Montréal en matière d’environnement, Francesco Miele, déplore pour sa part le «manque de transparence» de la Ville de Montréal, laquelle n’aurait pas informé tous les élus de son intention d’accorder la gestion du centre de tri de Lachine à un OSBL.

Mercredi, la Ville a confirmé que sa demande de dérogation à Québec est toujours à l’étude.

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