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Les immigrants doivent comprendre les craintes identitaires, dit Soraya Martinez

La députée Soraya Martinez Ferrada (à gauche) et la directrice d’ALPA, Alia Hassan-Cournol (à droite) Photo: Tirée de Twitter

La députée fédérale d’Hochelaga, Soraya Martinez Ferrada, appelle la population à entreprendre un «dialogue constructif» sur les questions d’intégration. Elle estime notamment que les immigrants doivent tenter de comprendre les craintes identitaires de nombreux Québécois.

«Il faut regarder des deux côtés. Du point de vue des communautés qui vivent de la discrimination et du racisme, il y a plusieurs enjeux. Mais il faut aussi voir que plusieurs Québécois ont une crainte identitaire. Et il faut la nommer», explique l’élue à Métro, en marge d’un panel sur les réalités des femmes immigrantes d’Accueil Liaison Pour Arrivants (ALPA) vendredi.

Ultimement, l’atteinte d’une vraie «cohésion sociale» ne se fera pas sans la compréhension de ces enjeux, d’après la libérale. «Si on ne fait qu’adresser la discrimination chez les immigrants, sans reconnaître cette peur-là de l’autre côté, une conversation constructive est impossible», insiste-t-elle.

«Je suis une fière francophone, une fille de la Loi 101. Et je pense qu’il faut comme immigrant contribuer à valoriser cette identité québécoise. En même temps, je crois qu’il faut être ouverts et accueillants.» -Soraya Martinez Ferrada, députée fédérale

La directrice du service de leadership au Y des femmes de Montréal, Lilia Goldfarb, abonde dans le même sens. «Ce climat dont on parle, il n’est pas très agréable parce qu’il créé beaucoup de problèmes. Mais ce sentiment de perte d’identité au Québec – ces gens qui ont peur de voir leurs façons de faire changer – il faut aussi le comprendre», insiste-t-elle.

Au-delà des divergences d’opinion, la réalité est que les changements sociaux au Québec sont arrivés très vite, «alors que les sociétés ne changent pas aussi rapidement», analyse Mme Goldfarb.

Faire tomber les barrières

Élue en octobre avec l’équipe de Justin Trudeau, Soraya Martinez Ferrada savait très bien que son comté, Hochelaga, était «l’un des plus francophones». «Ce qui me fascine toujours, c’est que que j’entends encore souvent dans la rue que je n’ai pas d’accent quand je parle», considère-t-elle.

Une situation qui témoigne bien des problèmes de perception au niveau de la langue, qui constitue souvent un frein à l’intégration des populations immigrantes selon la députée. «Il y a toujours cette idée que les gens sont moins compétents parce qu’ils ont un accent, avance-t-elle. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il va falloir qu’on passe par-dessus.»

D’ailleurs, la responsabilisation de tous les acteurs de la société civile, incluant le milieu des affaires, est selon elle «plus que nécessaire» pour s’attaquer au problème.

«On a 100 000 postes vacants à combler, et des femmes prêtes à travailler qui ont les compétences, mais qui vivent des situations de racisme à l’emploi. Dans mon comté, on voit tranquillement l’immigration croître, parce que loyers sont encore somme toute abordables, plus qu’au centre-ville», note Mme Martinez Ferrada.

Au Y des femmes de Montréal, le programme «Tu viens d’où?» adresse justement ces questions de barrières linguistiques.

«On voit que c’est la même chose avec les deuxièmes et troisièmes générations d’immigrants. Même sans accent, avec une excellente intégration, la barrière existe encore.» -Lilia Goldfarb, du Y des femmes de Montréal

Les régions et l’immigration

Si on entend souvent parler des enjeux d’intégration à Montréal et dans les grands centres urbains, les régions elles aussi connaissent une croissance de l’immigration, rappelle la directrice générale d’ALPA, Alia Hassan-Cournol.

«On est l’un des très rares organismes à Montréal à faire de la régionalisation. Et on voit que les régions attirent de plus en plus les nouveaux arrivants, malgré ce qu’on peut penser, soutient-elle. L’immigrant qui arrive ici ne veut pas forcément vivre en métropole.»

Au-delà de la pénurie de main-d’œuvre, «la régionalisation est un projet global», plaide la DG.

«C’est presqu’une immigration dans l’immigration. On travaille sur la durabilité de l’installation, donc de trouver un emploi durable, mais après d’avoir une vie pour toute la famille. C’est la clé», dit-elle.

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