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Le sexisme des transports

Montréal
Gabrielle Brassard-Lecours - Métro

Nous venons de souligner le 8 mars, Journée internationale des femmes, et cela m’a donné l’occasion de réfléchir au sexisme que nous, femmes, vivons chaque jour, y compris dans les transports.

Plusieurs exemples me viennent en tête mais, comme le vélo est le moyen de transport que j’utilise le plus, je vous parlerai d’abord de celui-ci. Je sais que je ne suis pas la seule à vivre le sexisme, parfois même inconscient, en tant que fille sur un bolide à deux roues.

Il y a quelques années, je tournais une capsule vidéo avec une intervenante parlant d’un film qui serait projeté dans les parcs de Montréal. Le film racontait justement comment une bande de filles de Los Angeles se réappropriaient leur féminisme en se promenant dans les rues à vélo.

L’intervenante montréalaise qui commentait le film dans la capsule tenait des propos saisissants, qui faisaient écho à ce que j’expérimente moi-même. Il s’agissait de Marianne Cloutier, une femme trans qui œuvre pour un organisme «cyclo-féministe» appelé Les Dérailleuses.

Marianne Cloutier a tout de suite remarqué les changements de comportement des usagers de la route à son égard quand elle est devenue une femme cycliste.

Si elle s’arrête à un feu rouge et qu’un homme arrive, il se met automatiquement devant elle, assumant qu’elle va moins vite que lui. Les commentaires sexistes des automobilistes sont plus nombreux quand elle roule en jupe ou en robe.

C’est un constat que j’ai observé à plus d’une reprise.

Certaines femmes n’osent même plus rouler en robe à cause des commentaires désobligeants.

Le sexisme des transports

Je sais que je ne suis pas la seule à vivre le sexisme, parfois même inconscient, en tant que fille sur un bolide à deux roues.

Quand je vais faire réparer mon vélo dans une boutique, je fais face à des commentaires sur l’entretien de mon vélo, sur ce que je devrais faire ou non, alors que je n’ai rien demandé. Je constate que la conversation avec un homme présent au même moment que moi ne va pas du tout en ce sens.

On lui parlera en termes techniques – qu’on tient pour acquis que moi, je ne connais pas – et on ne lui expliquera pas comment prendre soin de son bolide…

Il y a plusieurs années, alors que j’avais abîmé la voiture de mes parents pendant leur absence, ma sœur, inscrite comme responsable dans le contrat de location, a apporté la voiture au garage pour la faire réparer avant leur retour.

Elle y est allée plusieurs fois, pendant de nombreuses semaines, pour toujours se faire dire qu’on n’avait pas la pièce nécessaire, que ce n’était pas prêt, qu’il y avait autre chose à réparer… Finalement, mes parents étant de retour, mon père s’est présenté au garage pour récupérer sa voiture. Cette dernière a été réparée sur-le-champ, alors que ma sœur exigeait la même chose depuis des semaines.

En ce qui concerne les autres moyens de transport, je ne peux compter le nombre de fois où une amie m’a raconté s’être fait un peu trop coller par un homme dans un bus ou dans le métro. Ou s’être fait frôler par une main un peu trop baladeuse se permettant de toucher les corps féminins. Ou avoir été la cible de gestes disgracieux, même de loin, dans un endroit clos d’où on ne peut sortir parce qu’on est en mouvement.

Le fait d’être prise dans un wagon entre deux stations ou dans un autobus entre deux arrêts contribue grandement au sentiment d’insécurité quand nous vivons ce genre de situation.

On voit, dans les transports en commun, des panneaux de campagnes de sensibilisation sur le civisme qui incitent les usagers à enlever leur sac à dos, à céder leur place aux aînés, aux femmes enceintes ou aux personnes vivant avec un handicap, à éviter d’écouter de la musique trop fort.

Même si ça paraît évident en 2020, il semble qu’il faille également une campagne sur le sexisme dans les moyens de transport… et sur les pistes.

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