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Coronavirus: moins d’inspecteurs à la STM, faute de garderies?

inspecteurs STM
Les inspecteurs de la STM sont concentrés dans les lieux stratégiques pour limiter la propagation du coronavirus, soit dans les métros les plus achalandés. La manière de vérifier les titres de transport a notamment été revue pour réduire les risques. Photo: Josie Desmarais/Métro

Les inspecteurs de la Société de transport de Montréal (STM) déplorent qu’ils ne soient pas considérés comme «services essentiels» dans les nouvelles mesures provinciales entourant le coronavirus. Une situation «injuste» qui les empêche d’avoir accès aux services de garde d’urgence du gouvernement, alors que les écoles sont fermées pour deux semaines. Le syndicat craint que ses membres multiplient ainsi les absences, mettant en péril la sécurité des usagers.

«C’est un non-sens. D’un côté, le gouvernement dit qu’il a besoin de nous en première ligne, mais de l’autre, il ne nous inclut pas dans son plan de match. À un moment donné, il faut se donner les moyens de ses ambitions», explique à Métro le président de la Fraternité des constables et agents de la paix de la STM (FCAP-STM), Kevin Grenier.

Si plusieurs employés ont été en mesure de trouver des arrangements cette semaine, la situation risque de s’envenimer rapidement si aucune action n’est posée, prévient le leader syndical.

«Plus on va avancer, plus ça va être dur pour nos membres de rentrer à la job. Déjà, la semaine prochaine, ça va être très problématique. Si tout ça s’étire dans le temps, ça va devenir catastrophique. On doit régler cette question-là le plus brièvement possible, pour notre sécurité et celle des usagers», avance-t-il.

«On est la plus grosse compagnie de transport dans la province. C’est nécessaire de nous accommoder.» -Kévin Grenier, président de la FCAP

Contradiction apparente?

Indigné, le syndicat dénonce que les inspecteurs de la STM soient exclus des mesures d’urgence contre le coronavirus. «Dans le code du travail, on est considérés comme des services essentiels, mais dans une pandémie, on ne l’est pas? Moi, ce n’est pas vrai que je vais laisser mon enfant seul à la maison. Et je ne l’emmènerai certainement pas sur mon lieu de travail. On se demande comment réagir», s’exclame M. Grenier.

Bon nombre d’inspecteurs se sentiraient carrément dévalorisés par la décision du gouvernement Legault. En plus des inspecteurs, tous les employés de la STM – incluant les agents sur le terrain – seraient aussi concernés par cette exception «inégalitaire» dans les mesures pour contrer le coronavirus.

«On ne se sent pas considérés. On se sent ignorés par les autorités, encore une fois, illustre Kévin Grenier. Nous sommes des services d’urgence pourtant, des fonctionnaires publics. On devrait avoir accès aux mêmes droits.»

Jusqu’ici, seuls les policiers, les pompiers, les ambulanciers, les travailleurs de la santé ainsi que les services correctionnels sont inclus dans la définition de «services d’urgence» du gouvernement pour lutter contre le COVID-19.

La STM en appui

Jointe par Métro, la porte-parole de la STM, Amélie Régis, affirme que son organisation est justement en discussions actuellement avec Québec à ce sujet.

«On s’est engagés à faire valoir la notion de services essentiels pour le transport collectif, ce qui donnerait accès aux mesures mises en place. Effectivement, nous faisons des représentations auprès du gouvernement.» -Amélie Régis, porte-parole de la STM

Et s’ils étaient des constables spéciaux?

La situation relance par ailleurs le débat sur la transformation du rôle des inspecteurs, appelés à devenir des constables spéciaux. L’enjeu fait l’objet de discussions depuis plusieurs mois déjà. En plus de donner plus de pouvoirs et d’imputabilité aux inspecteurs, ceux-ci seraient alors assujettis à la Loi sur la police, comme tous les agents du SPVM.

D’après nos informations, des avancées importantes ont toutefois eu lieu dans les derniers mois. Un dossier complet de la STM serait sur le point d’être déposé à la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbeault.

«Si nous obtenons le statut de constables spéciaux, nous serions visés par les services de garde d’urgence, juge Kévin Grenier. Il n’y aurait alors aucun problème.»

En avril, le conseil d’administration de la STM avait adopté une résolution à ce sujet. Puis, à la mi-mai, un «comité de vigie permanent» a été mis sur pied, de concert avec la Ville de Montréal, pour étudier les liens entre les inspecteurs et les utilisateurs du transport en commun, dans le but d’entamer une réforme. Un expert indépendant a aussi été mandaté pour conseiller la STM dans le processus.

En devenant des «constables spéciaux», les inspecteurs de la STM pourraient alors remettre des amendes, procéder à des arrestations ou même remorquer des véhicules. Le Bureau d’enquêtes indépendantes (BEI) pourrait aussi se saisir d’enquêtes après des incidents dans le métro.

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