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Coronavirus: les finances de Montréal pourraient écoper de la crise sanitaire

désinfectant coronavirus Valérie Plante
La mairesse de Montréal Valérie Plante se désinfecte les mains avant une conférence de presse sur des mises à jour concernant le nouveau coronavirus. Photo: Josie Desmarais/Métro

Les finances de la Ville de Montréal pourraient écoper de la propagation du nouveau coronavirus, qui malmène l’économie et nuit à de nombreux commerçants, préviennent des experts.

«Je m’inquiète de l’endettement de la Ville. Vous savez, une période de crise n’est pas une période où on commence à resserrer les cordons de la bourse, bien au contraire», soulève à Métro le professeur au département d’économie appliquée à HEC Montréal et expert en finances publiques, Germain Belzile. 

Jeudi, la Ville de Montréal annoncera de l’aide financière pour les commerces et les entreprises. Ceux-ci écopent grandement de la crise sanitaire actuelle, qui a entraîné la fermeture de la plupart des lieux de rassemblement non essentiels, comme les bars, les salles de spectacle et les cinémas.

«Il faut penser à ne pas faire couler des commerces qui sont actuellement dans une situation très périlleuse. Quand tu n’as pas de clients, ça va mal», souligne M. Belzile.

Ce dernier estime que des allègements fiscaux supplémentaires sont nécessaires pour les commerces de la métropole. Les taxes foncières que doivent débourser ceux-ci sont parmi les plus élevées au pays, selon un rapport du Groupa Altus.

«Si vous avez des impôts fonciers faramineux à payer et que vous n’avez pas de clients, bien vous allez devoir fermer boutique et faire faillite», martèle le professeur. 

Taxes foncières

L’expert presse par ailleurs la Ville de repousser la date limite pour le paiement des impôts fonciers par les commerçants et les citoyens montréalais. La métropole emboîterait ainsi le pas à Québec et à Ottawa, qui ont tous deux repoussé la date butoir en ce qui a trait à l’envoi des déclarations de revenus des contribuables. 

Hier, l’Union des municipalités du Québec a d’ailleurs appelé les municipalités à suspendre l’application des taux d’intérêt sur les montants en souffrance sur les comptes de taxes de leurs citoyens, au moins jusqu’au 31 mai.

«La Ville devrait diminuer les frais des demandes de contestation de l’évaluation foncière», estime pour sa part Pierre-René Perrin, un expert en fiscalité municipale. Ce dernier croit par ailleurs que la Ville devrait réviser à la baisse les frais reliés à ces demandes. 

«Alors qu’on doit passer au travers d’une crise sanitaire sans précédent, je pense que ce n’est pas raisonnable d’exiger des frais importants aux citoyens.» -Pierre-René Perrin, expert en fiscalité municipale

Une lourde dette

Or, la Ville de Montréal, dont la majorité des revenus dépendent de la taxe foncière, dispose d’une marge de manoeuvre restreinte pour faire face au coronavirus. En décembre dernier, elle a adopté un budget de plus de six milliards de dollars prévoyant une hausse des dépenses de 8%. Elle a du même coup reporté à 2027 le moment où elle prévoit d’avoir une dette équivalant à son budget, ce qu’a vivement critiqué l’opposition.

«Ça aurait été une bonne idée que la Ville ait une gestion plus prudente de ses finances dans le passé et qu’elle n’augmente pas son endettement aussi fortement parce que là, elle va être prise avec un endettement involontaire qui va s’ajouter à tout ça», analyse M. Belzile. 

Mercredi, les élus du comité exécutif ont d’ailleurs adopté une dépense additionnelle de plus de 10,7 M$ pour compléter le financement du déneigement, qui coûtera encore une fois plus cher que prévu.

À terme, les Montréalais pourraient devoir compenser les pertes de la Ville reliées à la pandémie du coronavirus.

«Si la crise dure plusieurs mois, j’ai l’impression que la Ville devra aller chercher de nouveaux revenus. Ça pourrait alors retomber sur les payeurs de taxes», craint le porte-parole de Montréal pour tous, Pierre Pagé.

Couper dans les dépenses

Germain Belzile estime pour sa part que la Ville devra couper dans les dépenses qui ne sont pas essentielles, comme le financement d’événements culturels.

«Je pense que les gouvernements et les villes devront faire des choix en misant davantage sur les services plus essentiels», atteste également M. Perrin.

Le cabinet de la mairesse Valérie Plante n’a pas voulu commenter.

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