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Logement : Le FRAPRU demande une interdiction complète des visites

Pendant que le gouvernement a mis la province sur pause, le FRAPRU demande de reporter la saison des déménagements et d’interdire temporairement les visites de logements.

Actuellement, bien que le gouvernement Legault déconseille aux propriétaires les visites de logements, aucune directive claire n’a été émise.

« On est très inquiets qu’elles ne soient pas formellement interdites. Actuellement, un locataire n’a pas de base légale pour refuser une visite. Nous aimerions des directives claires et formelles », explique Véronique Laflamme, porte-parole.

Selon elle, une interdiction serait de mise pour une période d’au moins trois semaines.

Hans Brouillette, directeur des affaires publiques à la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), croit au contraire qu’il est nécessaire de les maintenir, tout en prenant quelques précautions.

« Il y a des gens qui ont besoin d’un logement de manière urgente, et on ne peut pas les bloquer dans une situation d’hébergement temporaire. Interdire complètement les visites créerait un autre problème pour ces personnes », souligne-t-il.

Pour lui, il est toutefois possible de limiter le nombre de personnes qui visitent un logement, en faisant davantage de recherche préalable pour que ce soit ensuite « une formalité de le visiter. »

Trouver des solutions

Pour tenter de remédier à la situation, le FRAPRU met de l’avant deux solutions. « On demande au gouvernement de prolonger d’un mois la période de renouvellement des loyers, ou de prolonger tous les baux d’un mois », explique Mme Laflamme.

Selon elle, cela réduirait la pression et éviterait un effet domino sur les locataires en établissant les mêmes règles pour tout le monde.

Elle s’inquiète en outre de la capacité des locataires de payer leur loyer, alors que beaucoup ont des pertes importantes de revenus. « En temps normal, c’est déjà difficile pour plusieurs. »

De son côté, M. Brouillette, à la CORPIQ, croit que les mesures créeraient davantage de problèmes. « Il y a des gens dans des situations particulières qui doivent compter sur la disponibilité des logements. C’est une solution qui va répondre aux besoins de certaines personnes, mais qui va créer un énorme cauchemar pour d’autres. »

Lui-même se dit préoccupé par la capacité de payer des locataires en raison de la crise actuelle, et préconise aux propriétaires de se montrer flexibles. « Pour beaucoup, c’est absolument nécessaire que le loyer soit réglé pour payer leurs propres factures, rappelle-t-il. Par contre, l’argent ne sera peut-être pas encore là le 1er avril. Il faut en discuter et s’entendre ensemble. »

Des propriétaires aussi affectés

En absence de directives très claires, les propriétaires y vont chacun selon son propre jugement. Sur la plateforme Kijiji, certains continuent d’ailleurs d’y afficher de nouveaux logements.

Le propriétaire d’un 3 et ½ à Mercier explique s’être entendu avec sa locataire pour faire visiter le logement. Celle-ci fera une marche pendant les quelques visites, et le propriétaire fournira masques et gants aux visiteurs. « Idéalement, ça serait bien de pouvoir arrêter les visites, mais dans la réalité, je compte sur l’argent du loyer pour payer l’hypothèque. »

Une heure après avoir affiché son annonce, il révèle avoir reçu plus d’une dizaine d’appels. « Je n’ai jamais vu ça, admet-il. Ça montre que les gens n’ont pas peur de visiter. »

À Pointe-aux-Trembles, Daniel, propriétaire d’un 3 et ½, explique aussi se fier sur le loyer pour son hypothèque. « Je comprends la situation, et j’essaie de faire attention, mais c’est quand même nécessaire. Je me suis entendu avec mon locataire, on va limiter les visites et les rendre très courtes. »

D’autres se montrent plus imaginatifs. C’est le cas d’Adel, à Saint-Léonard, qui indique que les visites de son 4 et ½ se feront seulement de manière virtuelle, par vidéoconférence. « Une fois que le confinement sera terminé, on pourra le faire visiter », ajoute-t-il.

Plus craintive pour sa santé, Mirjama, dont l’immeuble à logement est situé sur la rue Beaubien à Anjou, a décidé d’arrêter complètement les visites en raison de son âge. « On ne montre plus les logements, parce que c’est trop dangereux, mais la situation est difficile pour tout le monde. Les gens continuent de m’appeler, mais personne ne voudra louer avant de voir de ses propres yeux, et je les comprends. »

 

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