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La possibilité d’un retour hâtif en classe ne fait pas l’unanimité

Photo: Pixabay

Une éventuelle réouverture des écoles avant le 4 mai, comme l’a évoquée le premier ministre François Legault, est accueillie avec consternation par le syndicat représentant les employés de soutien de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’île.

« On ne l’a pas vu venir, et ça ne semblait pas dans les cartons selon ce qu’on avait cru percevoir dans nos différentes conversations avec le ministère de l’Éducation », dévoile Stéphane Soumis, président du SSEPI.

Il révèle que les scénarios qui avaient été discutés jusqu’à présent plaçaient plutôt la reprise des cours vers la fin du mois d’août ou le début du mois de septembre, à un « un moment où l’épidémie serait terminée ».

« Là, on a l’impression qu’on veut nous faire travailler en pleine crise », se désole-t-il.

Le président du SSEPI comprend l’argument selon lequel les enfants seraient moins affectés par les symptômes et qu’ils pourraient développer une immunité naturelle. Néanmoins, il s’interroge sur les implications d’un allègement des mesures de confinement.

« Dans le contexte actuel, ça nous semble bien tôt et on a de la difficulté à voir comment on pourrait y arriver en aussi peu de temps ».

Il s’inquiète aussi d’éventuelles répercussions sur la santé des employés scolaires. « Ces enfants-là seront en contact avec le personnel, rappelle-t-il. Ils seront aussi en contact avec leurs parents et pourront transmettre le virus. »

Il rappelle néanmoins que la mesure comporte son lot d’inconnus pour le moment, et que ce ne serait qu’un des scénarios actuellement envisagés.

« On veut prendre les moyens de s’assurer que nos membres ne soient pas en danger et que des mesures de santé et de sécurité soient mises sur pied. C’est impossible dans une école de faire de la distanciation sociale. »

Il se désole d’ailleurs du moment choisi pour évoquer publiquement cette possibilité, soit juste avant ce qui est normalement un long congé. « Depuis l’annonce, on a de nombreux appels de gens qui sont très inquiets, et qui nous font part de la situation, constate M. Soumis. Il déclenché une vague de peur parmi nos membres »

Des profs également consternés

Enseignante dans l’est de Montréal, Zahraa ne s’attendait pas non plus à cette annonce.

« Ça peut être bien pour permettre à une partie de la population de développer une immunité. Par contre, c’est très risqué. Les jeunes sont peut-être moins à risque, mais il y a aussi les enseignants, la direction, et plein d’autres personnes qui gravitent autour d’eux », rappelle-t-elle.

Zahraa souligne néanmoins qu’elle ne dispose pas d’informations suffisantes pour bien comprendre le plan du gouvernement. « Si les écoles rouvrent, ça sera vraiment difficile de faire accepter le confinement au reste de la population, et de lui faire respecter les autres consignes de sécurité », prédit-elle toutefois.

Une autre enseignante à la CSDM se dit pour sa part opposée à l’idée de cette réouverture. « Les établissements scolaires n’ont pas été désinfectés et nous sommes encore dans un état critique en termes de nombres de cas. Je pense qu’il serait préférable de rouvrir les écoles lorsque la crise diminuera de façon plus notable », juge-t-elle.

Elle aussi comprend cette idée de vouloir développer une immunité naturelle, mais elle juge qu’il est encore trop tôt, et que les risques sont encore trop grands pour l’instant.

Une dernière enseignante, œuvrant à Montréal-Nord, s’interroge aussi sur le timing de l’annonce, alors qu’un peu plus tôt aujourd’hui, le gouvernement a annoncé qu’il prolongerait l’annulation des événements jusqu’au 31 août.

Elle même ne compte pas retourner au travail, même si cela lui est demandé. « Je vais prendre au moins deux semaines pour voir comment la situation évolue, croit-elle. On est déjà en pénurie de personnels. En plus, il y en a beaucoup qui sont âgés. J’entends ce que le gouvernement dit, et je ne comprends simplement pas. »

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