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Des policiers veulent une enquête sur le risque de contamination dans le métro

Métro
Deux agents du SPVM portant des masques sur le visage patrouillent le réseau de métro. Photo: Josie Desmarais/Métro

Des policiers du SPVM et des inspecteurs de la STM exigent qu’une enquête soit entamée «d’urgence» sur les risques de contamination dans le métro, alors que deux agents patrouillant dans le réseau ont été atteints de la COVID-19, dont un serait présentement dans un état critique.

«On ne veut pas attendre qu’il y ait une hécatombe avant d’agir, laisse tomber le président de la Fraternité des policiers de Montréal (FPM), Yves Francoeur. Ça nous prend des mesures claires avant d’avoir 15, 20 ou 50 cas dans nos rangs.»

Pour M. Francoeur, les agents dans le réseau de la STM vivent beaucoup de stress. «Il y a un sentiment généralisé de craintes. C’est la raison pour laquelle on demande qu’une enquête sérieuse et rigoureuse soit faite sur les dangers inhérents. Le métro est un endroit particulier. On peut presque le comparer à un bateau de croisière», illustre-t-il.

«Il y a des particules et des gouttes de la COVID-19 qui peuvent être en suspension dans l’air. Et quand le métro arrive en station, il y a une grosse bouffée d’air qui vient avec.» -Yves Francoeur, président de la FPM

Enquête rapidement?

Le syndicat espère que le processus d’investigation sera conclu rapidement. «C’est maintenant que c’est important de savoir. Ce sera aussi dans l’intérêt de tous les citoyens et les travailleurs qui reprendront le métro dans quelques semaines», explique M. Francoeur.

Des communications ont été entamées en fin de semaine avec la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Un inspecteur spécial a été nommé sur le dossier. «Nous avons transmis verbalement au syndicat et au SPVM les conclusions de l’évaluation de la situation et les a invitées à une conférence téléphonique, qui se tiendra mardi, à laquelle sera présent le chef médical du programme des services de santé au travail de la santé publique. L’objectif est de répondre aux questionnements qui pourraient subsister», indique un porte-parole de la CNESST, Nicolas Bégin.

Un policier du métro entre la vie et la mort

Dans une lettre envoyée à la CNESST, le procureur de la FPM, Me Laurent Roy, affirme que «le métro constitue un espace public à haut risque de contamination».

Selon lui, l’état d’un policier atteint de la COVID-19 «s’est détérioré au point d’être mis sous intubation». Il a depuis été plongé dans le coma artificiel. Un autre cas, stable pour l’instant, a aussi été recensé. «Il y a peut-être d’autres policiers qui en sont atteints. Mais ils sont asymptomatiques», s’inquiète le juriste, affirmant que le respect de la distanciation sociale «est difficile» pour les agents.

«Les surfaces et les espaces sont constamment en situation de contamination. La présente pandémie est maintenant reconnue comme étant communautaire. Toute personne est à risque pour le policier.» -L’avocat Laurent Roy

Yves Francoeur, lui, estime que les mesures du SPVM sont insuffisantes. «Il n’y a pas de directives quant au port du masques. On comprend que la santé publique prend beaucoup de décisions compte tenu des stocks disponibles. Mais on veut des réponses», insiste-t-il.

Inspecteurs dans le métro aussi inquiets

«Le stress est énorme. Tout le monde est sur le gros nerf, et avec raison. 75% des usagers qu’on côtoie au quotidien sont ceux qui sont exposés à la journée longue, soit les travailleurs de la santé», dit pour sa part président de la Fraternité des constables et agents de la paix de la STM (FCAP-STM), Kevin Grenier.

«On salue les employés d’entretien qui font du mieux qu’ils peuvent pour désinfecter toutes les surfaces. Mais ils ne peuvent pas être partout, tout le temps.» -Kévin Grenier, président de la FCAP-STM

Le syndicat, qui ne recense jusqu’ici aucun cas de COVID-19, assure qu’il collaborera à l’enquête. «On veut être le mieux équipés possible, dit M. Grenier. On se demande constamment ce qu’on peut faire pour améliorer les techniques, les méthodes d’intervention. Il y a peut-être moyen de déployer autrement les ressources», raisonne le leader syndical.

Joint par Métro, le porte-parole de la STM, Philippe Déry, est catégorique. «Advenant qu’une enquête de la CNESST soit déclenchée, nous y collaborerons pleinement», assure-t-il.


Des patrouilleurs laissés pour compte?

La Fédération des policiers municipaux du Québec (FPMQ) s’est pour sa part inquiétée lundi des «pratiques révoltantes» de municipalités qui refusent de payer les policiers placés en isolement. Les villes de Saint-Jean-sur-Richelieu, Gatineau, Mercier, Mirabel, Saint-Eustache et Thérèse-De Blainville sont visées.

«Ces villes abandonnent littéralement leurs policiers. Ils se donnent corps et âme, mettent leur propre sécurité et celle de leurs familles à grand risque. Il est inconcevable qu’on les abandonne», martèle le président du groupe, François Lemay.

«C’est un manque de respect flagrant. Ça lance un message extrêmement négatif aux policiers qui sont sur la ligne de front contre le coronavirus. C’est immoral.» -François Lemay, président de la FPMQ

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