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Le passage du Dr Arruda déçoit à Montréal-Nord

La visite du Dr Arruda à Montréal-Nord, qui était alors l'épicentre de la première vague, est l'un des moments marquants de l'année 2020. Photo: Josie Desmarais/Métro

La visite du directeur national de la santé publique n’a pas fait l’unanimité à Montréal-Nord. Élus et représentants communautaires espéraient entendre un aperçu d’une stratégie spécifique pour leur quartier, devenu l’épicentre de la pandémie de la COVID-19 au pays.

Depuis le début de la crise, Horacio Arruda effectuait exclusivement ses interventions quotidiennes en direct de l’Assemblée nationale du Québec. Aujourd’hui, cependant, il s’est déplacé à Montréal-Nord, accompagné de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, la directrice régionale de la santé publique, Mylène Drouin, et la ministre responsable de la métropole, Chantal Rouleau.

Les autorités sanitaires en ont profité pour annoncer que «plusieurs milliers de tests» supplémentaires seront déployés à Montréal dans le cadre d’une opération intensive de dépistage.

Or, plusieurs à Montréal-Nord anticipaient que ce point de presse allait être accompagné de mesures et d’interventions spécifiques pour les quartiers chauds.

«Les attentes étaient élevées et malheureusement, il y a eu peu de réponses face aux questionnements qu’on avait. ll ne faut pas oublier que ça fait depuis plus de deux semaines que tout Montréal-Nord est mobilisé pour répondre à la situation qu’on connait.» -Christine Black, mairesse de Montréal-Nord.

Même son de cloche chez la députée de Bourassa-Sauvé, Paule Robitaille.

«C’est heureux de savoir qu’ils veulent s’occuper de Montréal-Nord, mais le flou demeure, dit-elle. Depuis le début de la mise en branle de l’opération de dépistage à Montréal-Nord, ce que je sens, c’est beaucoup d’improvisation. On est en réaction. La stratégie de dépistage change à tous les deux jours.»

Des questions sans réponses

À l’extérieur de la Maison culturelle et communautaire, où se déroulait le point de presse, plusieurs représentants d’organismes communautaires attendaient les leaders des autorités sanitaires.

Ils souhaitent entre autres savoir quelle forme allait prendre le dépistage dans leur quartier, alors que la clinique sans rendez-vous du CLSC de Montréal-Nord n’est ouverte que jusqu’à lundi prochain. Ils n’ont pas obtenu de réponse.

«On a levé le ton pour qu’ils puissent nous entendre, témoigne Wissam Mansour, de l’organisme Hoodstock. On voulait savoir c’était quoi la raison de leur venue à Montréal-Nord.»

Des représentants d’organismes ont perçu cette visite comme une opération de relations publiques. Par exemple, une séance photo a eu lieu dans un autobus de la STM qui servira de clinique mobile sans qu’on ne confirme que ce type de clinique allait servir le quartier.

«On avait l’impression que c’était plus un coup médiatique qu’une visite axée sur les quartiers qui sont plus touchés, soutient Mme Mansour. On n’a pas eu de réponse concrète.»

«On s’attendait qu’ils viennent à Montréal-Nord pour nous donner l’heure juste, pour communiquer avec le milieu communautaire, commente le directeur de l’organisme Un itinéraire pour tous, Ousseynou Ndiaye. On était dans les symboles et ça ne répondait aucunement à ce qu’on souhaitait.»

Confinement et impacts collatéraux

En point de presse, Dre. Mylène Drouin a indiqué que des activités de sensibilisation aux consignes de la santé publique se poursuivent dans les quartiers considérés «chauds», comme Montréal-Nord. Cette démarche servira par le fait même à comprendre les besoins des populations, a expliqué Dre. Drouin.

«Le confinement a aussi des effets collatéraux au niveau des inégalités sociales de santé et d’autres besoins doivent aussi être comblés, souligne-t-elle. Plus on retarde la réouverture des secteurs économiques et sociaux, plus il faut être vigilants à ces impacts collatéraux».

Les principes de distanciation sociale sont plus difficiles à respecter dans certains secteurs de Montréal-Nord, où l’on retrouve des familles nombreuses dans de petits logements, a reconnu Dr Horacio Arruda. Mais les principes «restent les mêmes», selon lui.

«Ce n’est pas toujours facile. C’est plus facile quand on a une maison à trois étages que quand on est plusieurs dans un petit appartement. Si la distanciation sociale ou physique n’est pas possible, il faut porter le couvre-visage. Au sein d’une même famille, il faut augmenter l’hygiène et la salubrité. On doit devenir presque maniaque du lavage des mains. Dès que quelqu’un a des symptômes, il faut consulter rapidement.

«Pour le moment, on n’a pas développé des sites autres d’isolement pour des familles qui ne seraient pas capables de le respecter», a ajouté Dr Drouin. En sachant qu’on a des gens asymptomatiques, on va recommander que certains des contacts au sein d’une même famille soient testés.»

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