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Des proches aidants exclus des CHSLD

proches aidants CHSLD
Élaine N. n’a pas vu sa mère pensionnaire d’un CHSLD depuis deux mois. Photo: Pablo Ortiz/Métro

À compter d’aujourd’hui, les portes des CHSLD seront ouvertes aux proches aidants «significatifs» qui désirent prendre soin de leurs parents. Cette définition exclut toutefois beaucoup d’enfants et de conjoints qui se considèrent comme tels, mais qui ne remplissent pas les critères nécessaires.

Il y a exactement deux mois aujourd’hui qu’Élaine N. n’a pas vu sa mère de 89 ans atteinte de la maladie d’Alzheimer, résidente d’un CHSLD de Montréal.

Avant la crise, la sexagénaire lui rendait visite au moins deux fois par semaine. En plus de lui tenir compagnie et de l’aider à se déplacer, elle aidait sa mère à prendre ses repas et à se coiffer. Il lui est également arrivé de changer sa couche et de l’aider à s’habiller.

Désormais, elle doit se contenter de lui parler par téléphone ou par vidéoconférence. L’annonce du gouvernement Legault de permettre le retour des aidants naturels «significatifs» dans les CHSLD lui a laissé entrevoir la possibilité de retrouver sa mère.

La direction de l’établissement lui a toutefois opposé une fin de non-recevoir.

Elle et ses deux frères, qui rendaient également visite à leur mère de façon régulière, ne sont considérés que comme des «accompagnateurs».

«Parce que ma mère est généralement capable de manger seule, d’aller aux toilettes seule, de marche seule, je ne peux pas aller la voir», raconte Élaine N.

La pandémie de la COVID-19 a emporté 142 Québécois, dimanche, pour un total de 2928 victimes. Le bilan des infections s’établit désormais à 37 721 cas.

Le CHSLD où habite sa mère a été classé dans la catégorie jaune (moins de 15% de diagnostic positif à la COVID-19). Aucun cas n’a été décelé sur l’étage où elle habite.

«J’espère que quelqu’un va allumer. Si on ne passe qu’une heure avec elle, masqué ou peu importe, on ne sera pas plus dangereux que le proche aidant dans la chambre à côté.»

Stricte définition

Selon les directives du gouvernement, le proche aidant «significatif» devait apporter avant la crise «une aide et un soutien tous les jours ou plusieurs fois par semaine».

Il devait également être «connu du personnel et des gestionnaires pour leur implication significative auprès du résident».

Cette définition est trop stricte, selon Johanne Audet, présidente du Regroupement des aidants naturels du Québec (RANQ). Elle dit recevoir beaucoup de témoignages comme celui recueilli par Métro et déplore l’exclusion de parents qui ne satisfont pas les critères nécessaires.  Elle craint aussi pour la santé mentale des résidents privés de contacts avec leur famille.

«Pour les personnes âgées ou ayant des incapacités, tout proche est significatif», a-t-elle soutenu.

«Le support moral, ça compte aussi. En fait, c’est aussi pour le soutien moral que le ministère a décidé de laisser rentrer les proches aidants ‘’significatifs. Parce que le soutien moral est autant sinon plus important en termes de contribution de proches aidants que le soutien physique.»

Incohérence

La situation en CHSLD est à l’opposé de celle des résidences privées (RPA), où le déconfinement imposé depuis mars commence à être relâché.

«Les personnages âges en résidences ont le droit de sortir dehors, de prendre des marches et de voir leurs enfants à deux mètres. Alors que nous, c’est zéro. On ne peut même pas les voir à la porte», déplore Élaine N, qui considère la situation comme «injuste»,

«Si la crise dure jusqu’en septembre, est-ce que ça veutdire qu’on ne verra pas notre mère d’ici là? Ça n’a pas d’allure.»

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