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La tension monte dans Parc-Extension, où le nombre de cas pourrait «exploser»

Avec 18 802 habitants au km2, Parc-Extension est le quartier le plus densément peuplé de Montréal. Photo: Nicolas Ledain / TC Media

La communauté de Parc-Extension, qui craint de devenir le «prochain quartier chaud» de Montréal, réclame plus d’actions concrètes pour lutter contre la COVID-19, alors que plus de 220 cas y auraient déjà été recensés. Si rien n’est fait, de sérieuses éclosions sont à prévoir, disent des résidents du secteur le plus densément peuplé de l’île.

«Ça pourrait aller très rapidement. Tout le monde est un peu empilé les uns sur les autres ici. Il y a beaucoup de petits appartements avec plus d’une famille. La propagation est très propice. Et pourtant, on ne prend aucune mesure», dénonce Sasha Dyck, qui y vit depuis plusieurs années déjà.

Pour l’infirmier de profession, la santé publique se doit d’intervenir. «La population a très peur de se retrouver dans la même situation que Montréal-Nord, Saint-Michel ou Hochelaga», illustre-t-il. Soutenu par près d’une dizaine d’organismes et plusieurs citoyens, M. Dyck somme entre autres les autorités de mettre sur pied un protocole de «dépistage massif» dans l’arrondissement – avec des cliniques mobiles – en plus distribuer des masques en grand nombre.

«On est un quartier pauvre et immigrant, trop souvent oublié. Le travail qu’on fait est pourtant essentiel dans la société. Il faut nous aider.» -Sasha Dyck, résident de Parc-Extension

De plus, le regroupement demande un gel sur les évictions de logement, et la création de corridors sanitaires, comme sur le Plateau-Mont-Royal. Ses membres dénoncent par ailleurs que trop de travailleurs précaires soient «forcés de travailler au noir», et réclament une régularisation de leur statut pour qu’ils deviennent ainsi admissibles à la Prestation canadienne d’urgence (PCU).

Une pétition qui circule depuis hier a déjà recueilli presque 300 signatures sur le Web. On y demande aussi «la fin de la surveillance policière excessive et des amendes remises aux résidents racisés et marginalisés».

Environ 225 cas… pour le moment

Pour la conseillère municipale du district de Parc-Extension, Mary Deros, la situation a effectivement de quoi être préoccupante. «Lors de notre dernier conseil d’arrondissement vendredi, on a eu la confirmation que Parc-Extension surpassait les 225 cas. Cela dit, ça pourrait vraiment augmenter. On pense que tous les critères sont réunis pour que ça devienne le prochain hot spot», avance-t-elle.

Même si elle assure que les autorités demeurent «très vigilantes», des réalités propres à Parc-Extension rendent le secteur plus vulnérable, dit Mme Deros.

«Les appartements ne sont pas assez grands pour la densité de population, ce qui fait que les gens sortent beaucoup à l’extérieur. Il va falloir imaginer des mesures adaptées.» -Mary Deros, conseillère dans Parc-Extension

L’élue s’inquiète également du manque de distanciation sociale et de matériel de protection dans les autobus scolaires, qui déplacent chaque jour des travailleurs du quartier dans les fermes et les usines au nord de l’île de Montréal. «Personne ne porte de masque, alors qu’ils sont vraiment collés les uns aux autres. Le potentiel de propagation est énorme. Et la police a les mains liées, parce qu’il n’y a pas d’obligation du masque dans les bus», martèle-t-elle.

La pointe de l’iceberg dans Parc-Extension?

Pour le spécialiste en virologie à l’UQAM, Benoit Barbeau, ces inquiétudes sont très légitimes.

«Il y a en effet matière à ce que ça dégénère. Ça pourrait exploser. Et on peut même se demander si les cas recensés ne sont pas la pointe de l’iceberg. Comme partout, d’autres personnes sont probablement infectées sans le savoir», raisonne-t-il.

«Ça va prendre du dépistage préventif dans Parc-Extension. Quand on regarde ce qui s’est passé dans Montréal-Nord, on voit qu’il faut agir vite.» -Benoit Barbeau, spécialiste en virologie

Le professeur affirme toutefois que le gouvernement Legault semble avoir «bien compris» la nécessité d’être «plus agressif» en matière de dépistage. «Il faut tester les zones plus à risque de façon stratégique, dans les régions ciblées où il peut y avoir des éclosions. Ça, je pense que les autorités l’ont compris, mais encore faut-il bien l’appliquer», conclut-il.

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