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Parc-Extension: un élu appelle à intensifier et «adapter» le dépistage

Le député de Québec solidaire Andrés Fontecilla
Le député de Québec solidaire Andrés Fontecilla. Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors qu’une clinique mobile sera déployée la semaine prochaine dans Parc-Extension, un député provincial appelle les autorités de santé publique à y adapter leur approche pour dépister davantage. Selon lui, la forte proportion de personnes qui travaillent dans les champs agricoles et les usines appelle à des mesures «fortes», pour maîtriser la transmission du virus.

Des bus de la Société de transport de Montréal (STM) seront en effet envoyés dans le secteur mardi, mercredi et jeudi prochain. Ils opéreront de 10h à 16h, ce qui est en soi une aberration, selon l’élu de Québec Solidaire dans Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla.

«C’est sidérant de voir qu’on ne s’adapte pas aux réalités. Ici, les travailleurs font des longues heures sans garantie d’être protégés contre la COVID-19. Leur horaire ne leur permettra même pas d’aller se faire tester. Il faut étendre l’ouverture de ces cliniques mobiles jusqu’à 20h, et les rendre disponibles la fin de semaine», implore-t-il.

Un message à personnaliser

M. Fontecilla presse aussi les autorités de ne pas tomber dans le piège du libre-arbitre. «Dire après coup que l’opération n’a pas fonctionné, sans s’adapter aux réalités de la population, ce serait une grave erreur. À un moment donné, il faut mettre les conditions nécessaires si on veut y arriver», dit-il.

En plus d’allonger les heures d’ouverture, M. Fontecilla estime qu’il faut mettre en place des moyens de communication «intelligents» pour inciter la population à se faire dépister. «Les gens ont peur. Il y a un niveau d’anxiété accru dans Parc-Extension», dit-il, implorant les autorités de se mobiliser.

«Ça ne suffit pas de traduire le message en plusieurs langues sur les sites institutionnels. Les gens ne les consultent pas. Il faut se servir des médias ethniques, mettre l’accent sur les agents de liaison dans les organismes. On a plusieurs solutions pour faire passer le message.» -Andrés Fontecilla, Québec solidaire

Le prochain «quartier chaud» ?

Mardi, Métro révélait que la communauté de Parc-Extension, qui craint de devenir le «prochain quartier chaud» de Montréal, réclame plus d’actions concrètes pour lutter contre la COVID-19, alors que plus de 220 cas y auraient déjà été recensés. Si rien n’est fait, de sérieuses éclosions sont à prévoir, affirment des résidents de ce secteur, qui est le plus densément peuplé de l’île.

Distribution de masques, création de corridors sanitaires, gel sur les évictions de logement, régularisation du statut d’immigration des travailleurs ou encore fin de la surveillance policière «excessive»: une série de demandes sont ainsi adressées aux pouvoirs publics.

«Ça pourrait aller très rapidement. Il y a beaucoup de petits appartements avec plus d’une famille. La propagation est très propice. Et pourtant, on ne prend aucune mesure.» -Sasha Dyck, un infirmier de profession y vit depuis plusieurs années.

Pour la conseillère municipale de Parc-Extension, Mary Deros, le plus inquiétant est le manque de distanciation sociale et de matériel de protection dans les autobus scolaires, qui déplacent chaque jour des travailleurs du quartier dans les fermes et les usines au nord de l’île de Montréal. «Le potentiel de propagation est énorme. Et la police a les mains liées, parce qu’il n’y a pas d’obligation du masque dans les bus», martèle-t-elle.


La CNESST plus robuste, réclame QS

Au-delà des habitudes de la population, M. Fontecilla dénonce que les employeurs dans les usines et les champs agricoles, qui emploient beaucoup de gens dans Parc-Extension, appliquent «très peu» les mesures sanitaires de base. Il appelle la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) à effectuer des suivis plus rigoureux.

«Il faut beaucoup plus qu’un avertissement ou un appel à l’action après une dénonciation. Les patrons doivent prendre la chose au sérieux, sinon on va rapidement se ramasser avec une transmission directe comme dans Montréal-Nord», lâche le député. Il s’inquiète des impacts qu’aurait une éclosion dans Parc-Extension, alors que l’arrondissement – regroupant les quartiers de Saint-Michel et Villeray – frôle déjà les 1500 cas confirmés.

Selon des données de la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP), plus de la moitié de cas chez les 20-50 ans proviennent de «milieux ouverts ou inconnus». Le quart des cas totaux (348) sont par ailleurs des travailleurs de la santé.

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