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Déconfinement: le métro perdra du terrain au profit de l’auto à Montréal

Une personne tient une barre dans un wagon de métro.
La Société de transport de Montréal a augmenté la fréquence de nettoyage des surfaces du réseau du métro en raison de la pandémie. Photo: Josie Desmarais/Métro

Plus du tiers des usagers du transport en commun délaisseraient le bus, le métro ou le train après le déconfinement sur l’île de Montréal, en partie en faveur de la voiture. C’est ce qui ressort d’un sondage CROP réalisé pour le Journal Métro auprès de 500 personnes au cours des derniers jours. Cela dit, les transports actifs, comme le vélo et la marche, sortiront aussi gagnants de la crise.

Les données du sondage démontrent que le transport collectif sera lourdement affecté par la pandémie. Si 41% des répondants de l’île de Montréal l’utilisaient avant la COVID-19, ils ne seront plus que 26% après le déconfinement. Pendant ce temps, la voiture gagnera cinq points de pourcentage, passant de 47% à 52%.

Des baisses d’utilisation sont aussi à prévoir sur la Rive-Sud, où tout près de la moitié de la clientèle pourrait changer ses habitudes. Parmi les répondants, on y prévoit des chutes d’achalandage de 18% à 10%. Là encore, l’auto gagnera en influence, de 72% à 74% des usages.

La Rive-Nord, elle, s’en sort mieux. La baisse observée est de seulement 8% à 7%, pendant que la voiture subit malgré tout un bond de 83% à 87%.

Transport collectif et relance de l’économie

«C’est inquiétant, mais ça ne m’étonne pas. Il est fort probable qu’on mette des années à retrouver l’achalandage pré-COVID», explique à Métro l’expert en économie urbaine de l’UdeM, Jean-Philippe Meloche.

«Le rythme de la reprise économique sera celui du transport collectif. Plus la récession sera longue, plus l’absence des usagers va se prolonger.» -Jean-Philippe Meloche

Chez Trajectoire Québec, le président François Pepin pense aussi que qu’un certain traumatisme subsistera. «Le gens vont être apeurés de retourner dans le métro, et on peut les comprendre, dit-il. Ce n’est pas tout le monde qui porte un masque. J’ai l’impression qu’on reviendra vraiment à la normale quand il y aura un vaccin.»

«Si tout le monde se jette dans sa voiture, ça va bloquer partout, surtout en septembre. Ça va être catastrophique.» -François Pepin

Pour le moment, moins de congestion veut dire moins de contraintes à l’utilisation de la voiture, ce qui peut en favoriser son adoption, dit M. Meloche. «Le stationnement est beaucoup plus facile en ce moment, donc ça n’incite personne à prendre les transports collectifs», mentionne-t-il.

Engouement pour la marche et le vélo

Pendant que l’utilisation du métro chuterait lors du déconfinement, on note toutefois une hausse d’intérêt marquée pour les déplacements actifs. La pratique de la marche pour ses déplacements essentiels pourrait presque doubler sur l’île de Montréal, bondissant de 10% à 16%. Idem pour le vélo, qui gagne aussi deux points de pourcentage pour atteindre les 5%. À Longueuil, la marche gagne aussi au change, alors que des hausses de 7% à 11% seront observées.

Pour la porte-parole de Piétons Québec, Jeanne Robin, la situation actuelle amènera forcément les autorités publiques à s’adapter. «L’obsession devrait être de donner davantage d’espace aux déplacements actifs. D’abord parce qu’il faut plus de moyens pour permettre la distanciation, mais aussi parce qu’on doit ralentir la circulation motorisée. C’est la clé pour pacifier nos interactions», tranche-t-elle.

«Il risque d’y avoir beaucoup plus de déplacements actifs à vocation récréative dans les quartiers. Les rues locales où il y a assez peu de circulation, c’est très fréquent, même davantage dans les banlieues. Les gens ont un appétit pour occuper la rue.» -Jeanne Robin

Même son de cloche du côté de Vélo Québec, où la présidente Suzanne Lareau appelle à plus de mesures pour les cyclistes. «On le voit à Rome, à Berlin, à Paris que c’est la tendance: prendre l’espace de la voiture pour la redonner aux piétons, aux vélos. On s’attend à la même chose ici», note-t-elle.

«Le visage des grandes villes va changer. On va vivre un été-laboratoire pour travailler l’espace urbain comme jamais, et on risque de se rendre compte des bénéfices que ça apporte.» -Suzanne Lareau

Montréal doit présenter vendredi son plan d’aménagement urbain estival. La piétonnisation de plusieurs rues est au menu, avec pour objectif de soutenir les commerçants affectés par la pandémie.

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