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Longueuil: un projet immobilier aux revenus fonciers «énormes»

Sylvie Parent
La mairesse de Longueuil, Sylvie Parent Photo: Josie Desmarais/Métro

Un projet immobilier de Devimco au centre-ville de Longueuil permettra à la Ville d’engranger des revenus «énormes». Il ne répondra toutefois pas aux besoins des personnes à faibles revenus, déplore un organisme.

La mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, a présenté jeudi après-midi les détails de l’entente avec Devimco que les élus de la Ville devraient adopter mardi prochain en séance du conseil municipal.

Elle concerne un projet immobilier de 500 M$ prévu sur une surface d’environ 1,2 millions de pieds carrés. Celui-ci prévoit notamment l’aménagement de 1200 unités de logement réparties dans quatre tours de 22 étages. Une partie de ces logements verront le jour au-dessus de l’édicule de la station de métro de Longueuil, où la Société de transport de Montréal (STM) prévoit d’aménager un ascenseur pour faciliter les déplacements des personnes à mobilité réduite.

«Cette annonce concrétise un projet d’un demi-millard, ce qui n’arrive pas tous les jours», s’est réjouie Mme Parent.

Recettes foncières

Pour réaliser ce projet, dont la construction s’échelonnera de 2021 à 2026, la Ville devra dépenser environ 3,2 M$. Cette somme comprend environ 2 M$ pour la reconstruction de la Place Charles-Le Moyne de même que 1,2 M$ pour la décontamination et le réaménagement d’un stationnement incitatif du secteur.

La Ville, en contrepartie, empochera 13,5 M$ de la vente de terrains totalisant 130 000 pieds carrés sur deux sites faisant partie du projet. Le développement immobilier, une fois complété, permettra aussi à la Ville d’encaisser des revenus fonciers supplémentaires de 5 M$ par année pour un total de 75 M$ en 15 ans.

«C’est énorme», a laissé tombé la mairesse. Le budget de la Ville, qui s’élève cette année à 447,4 M$, dépend à 75% des recettes foncières.

Aucun logement social

Malgré les demandes effectuées par des organismes communautaires dans les dernières années, cette entente ne prévoit pas l’aménagement d’unités de logement social dans la première phase du projet immobilier, a confirmé la mairesse Parent. Une situation que déplore le Front d’action populaire en réaménagement urbain. 

«Pour nous, c’est inconcevable qu’un projet comme ça, à proximité des services, puisse se réaliser sans logements sociaux», soulève à Métro sa porte-parole, Véronique Laflamme.

«C’est une déception et ça illustre l’importance d’avoir des politiques structurantes. Ça prend de l’inclusion obligatoire, d’autant plus quand on est au centre-ville, à côté du transport en commun.» -Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

Le cabinet de l’opposition officiel, Longueuil Citoyen, a aussi qualifié de «décevant» qu’aucun logement social ne soit prévu dans ce projet. Il s’agit d’ailleurs d’un des points que le parti entend soulever mardi prochain pendant la séance du conseil municipal, indique-t-on à Métro.

«Présentement, dans la première phase du développement du centre-ville, il n’y en a pas de prévu [de logements sociaux]. Mais on est en train d’élaborer une espèce de politique du logement social pour l’agglomération et elle sera soumise dans les mois à venir pour encadrer le financement récurrent de ces logements-là», assure Mme Parent.

Congestion routière

Jeudi, le président de Devimco, Serge Goulet, a qualifié l’édicule de la  station de métro de Longueuil de «pièce maîtresse» de ce projet immobilier. Or, depuis le début le début de la crise sanitaire, l’achalandage du transport en commun a chuté de 80 à 90% un peu partout dans le Grand Montréal. Un sondage CROP commandé par Métro suggère d’ailleurs que nombre d’usagers du transport en commun abandonneront le métro au profit de la voiture après le déconfinement.

«C’est une des raisons pour laquelle on croit que le tramway doit continuer d’arriver. On ne veut pas que les gens décident de revenir à l’auto-solo parce que sinon, ce ne sera pas viable», a réagi la mairesse de Longueuil. Elle faisait ainsi référence au projet que son administration chérit de réaliser un lien électrique est-ouest sur la Rive-Sud. 

«Le tramway, c’est le nerf de la guerre pour savoir si ce projet [immobilier] va permettre de contrer ou non la dépendance à la voiture», estime également l’expert en planification des transports à l’UdeM, Pierre Barrieau. 

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