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L’Ombudsman de Montréal lance une enquête sur les corridors sanitaires

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Il y a environ une semaine, l'arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce a aménagé un corridor sanitaire sur un tronçon de l'avenue Van Horne, où se trouvent plus de 20 commerçants. Photo: Zacharie Goudreault/Métro

L’Ombudsman de Montréal a annoncé vendredi l’ouverture d’une enquête sur les réaménagements urbains entrepris par la Ville de Montréal ces dernières semaines, alors que plusieurs élus, citoyens et organismes s’opposent à l’administration Plante dans ce dossier.

Via un communiqué de presse, l’organisme affirme que «plusieurs citoyens se sont plaints» des nouvelles installations de la Ville, entre autres sur l’avenue Christophe-Colomb ainsi que les rues Beaubien, Bellechasse, Saint-Zotique et Rachel.

«Nous avons regroupé toutes ces plaintes et les traitons ensemble, en nous assurant de couvrir tous les aspects contestés. Notre bureau continue également de suivre la situation de près.» -L’Ombudsman de Montréal

Dans un «avis de préoccupation» le 20 mai dernier où elle soulevait des inquiétudes sur l’accessibilité des ces espaces sanitaires aux personnes âgées et handicapées, l’ombudsman Me Johanne Savard avait déjà émis auprès de la mairesse Valérie Plante. Elle disait aussi s’inquiéter de l’absence de consultations des citoyens et des commerçants.

Une longue saga

Entamés dès les débuts de la pandémie afin de respecter la distanciation sociale et faisant partie intégrante du plan de déplacement estival annoncé par la ville de Montréal le 15 mai, ces corridors sanitaires et pistes cyclables n’ont pas manqué de soulever des inquiétudes de la part des commerçants et des riverains ces dernières semaines.

Des arrondissements comme le Plateau-Mont-Royal ont notamment dû revoir l’aménagement de certains corridors face au manque d’accessibilité tandis que certains commerçants de Rosemont-La Petite-Patrie se sont plaints du manque de consultation de l’administration Plante.

Le nouveau réseau temporaire de «voies actives sécuritaires» de la Ville s’étend sur 112 kilomètres. L’avenue du Mont-Royal et la rue de La Commune seront notamment piétonisées, alors que les voies de circulation seront réduites sur le boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Denis. La situation entraînera la suppression de plusieurs espaces de stationnement.

À ce plan, s’ajoute 88 km d’aménagements par les directions d’arrondissement, les quelque 50 km déjà prévus du Réseau express vélo (REV) et les 70 km de réseau cyclable local. Quelque 327 «nouvelles voies cyclables et piétonnes» verront donc le jour cet été, portant le total à plus de 1200 km dans la métropole.

Du «jamais vu» selon la mairesse, qui reconnaît par ailleurs que certains aménagements pourraient rester en place après la COVID-19. «C’est l’un des plans les plus impressionnants au monde», avait-elle soutenu à la mi-mai.

La COVID-19 ne doit pas être un prétexte

Cette décision de l’ombudsman ne surprend guère le chef adjoint de l’opposition, Francesco Miele qui estime qu’elle «n’avait pas le choix», s’étant faite ignorée par la ville de Montréal depuis sa première lettre d’inquiétudes du 20 mai.

Pour lui c’est «une véritable gifle» pour l’administration Plante: «Il faut arrêter de prendre l’avis des gens pour acquis et il faut les consulter. S’ils croient à leur plan, qu’ils demandent l’avis de la population».

L’opposition avait déjà annoncé hier via un communiqué qu’elle déposerait une motion lors du prochain conseil municipal du 15 juin. Ensemble Montréal demande notamment de nouvelles consultations publiques sur le circuit de ces réaménagements ainsi que le retrait de toutes ces nouvelles voies dès septembre. Avec cette ouverture d’enquête, l’opposition réitère leur demande d’un processus de consultation numérique pour la phase 1 mais aussi la phase 2 de ces réaménagements.

Francesco Miele souligne aussi que 88 kilomètres sur les 327 «nouvelles voies cyclables et piétonnes» prévues sont des projets d’arrondissement qui ont vocation à devenir permanents. L’opposition s’inquiète que les étapes de conceptions (notamment des analyses techniques) et de consultations aient été occultées pour accélérer leur déploiement.

«Il ne faut pas tout mettre sur le dos de la COVID-19. Ce n’est qu’un prétexte politique. Il ne faut pas nous faire croire que ce n’est qu’un plan estival». Pour eux l’administration Plante doit permettre aux Montréalais de donner leurs avis sur les aménagements qu’ils rythmeront leurs vies pour les prochains mois.

La Ville de Montréal, via son attachée de presse Catherine Cadotte, a réagi à cette annonce en précisant que ses équipes collaborent avec l’Ombudsman dans le cadre de ces réaménagements.

Selon l’administration Plante, ces réaménagements ont surtout été faits dans un contexte d’urgence sanitaire «tout comme des centaines de villes à travers le monde».

«Un tel plan devrait normalement prendre 1 an à être déployé, mais dans un contexte de crise sanitaire, nous devions déployer ce plan rapidement afin de donner l’espace nécessaire aux Montréalais cet été pour qu’ils puissent respecter les règles de distanciation physiques.»

La Ville précise aussi que les aménagements  «ne sont pas encore terminés» , et promet des ajustements pour satisfaire les plaintes émises par les commerçants et les citoyens ces dernières semaines, tout en précisant que «ces aménagements sont temporaires» pour la période estivale seulement.

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