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Le SPVM pressé de bannir les prises d’étranglement et les gaz lacrymogènes

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Une voiture de service du SPVM. Photo: Pablo A. Ortiz/Métro

Une coalition d’organismes et d’élus presse la Ville de Montréal de mettre fin aux prises d’étranglement et à l’utilisation de gaz lacrymogènes au SPVM, dans la foulée des manifestations contre le racisme et de la mort de George Floyd aux États-Unis. Plusieurs villes ont déjà resserré leurs politiques à cet égard, plaide le regroupement, qui demande des actions «immédiates».

«On est dans un mouvement très fort de protestations et de marches contre le racisme actuellement. Il faut protéger le droit des gens de manifester, et rapidement. Les gens ont le droit de manifester sans craindre pour leur sécurité», explique à Métro l’une des porte-paroles de la coalition, Tiffany Callender.

Celle qui est aussi directrice de l’Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges affirme que l’administration Plante doit agir vite, surtout qu’il y a quelques jours, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) condamnait dans un rapport la négligence de la Ville dans sa lutte contre le racisme.

«La mairesse a été capable de prendre des actions ponctuelles pour répondre au rapport de l’OCPM. Il faut maintenant travailler hors de ce contexte et changer les règles sur le terrain.» -Tiffany Callender

Emboîter le pas

Selon la coalition, plusieurs villes, dont New York, Denver, Washington, Houston, Dallas ou encore Minneapolis ont déjà adopté des mesures similaires contre les prises d’étranglement. «On n’a pas besoin d’utiliser cette force excessive et brutale contre des gens qui ne font qu’articuler leur droit au final», lâche Mme Callender.

À l’Association Jamaïcaine de Montréal, la vice-présidente Sharon Nelson demande pour sa part le bannissement des gaz lacrymogènes, qui représentent une «menace contre la démocratie». Aux États-Unis, les villes de Seattle, Portland et Pittsburgh ont déjà entamé des démarches. «Bien qu’il soit prouvé que le gaz lacrymogène nuit à la santé des personnes qui y sont exposées, on peut tout de même l’utiliser pour appliquer la loi», dénonce-t-elle dans une déclaration.

Pour la conseillère indépendante de Montréal-Nord, Renée-Chantal Belinga, il faudrait aussi réviser la politique du SPVM sur l’utilisation d’armes intermédiaires. Cela inclut les balles de caoutchouc, le poivre de cayenne et les pistolets électriques, plus communément appelés «taser guns». L’élue affirme que les autorités politiques doivent mieux encadrer la police.

«C’est comme si le SPVM n’écoutait plus la Commission de la sécurité publique. Il y a plus d’assemblées publiques, mais celles-ci sont plus superficielles et il y a moins de changements. On ne respecte pas les échéanciers établis.» -Renée-Chantal Belinga

En octobre dernier, un rapport de recherche commandé par la Ville de Montréal concluait que les Noirs, les Arabes et les Autochtones sont beaucoup plus susceptibles d’être interpellés par la police de Montréal.

Pas de changement en vue, tonne le SPVM

Appelée à réagir, la police de Montréal affirme qu’elle ne remet pas en question, pour le moment, les prises d’étranglement. «Il s’agit d’une technique enseignée au programme de patrouille de base ainsi qu’au programme de perfectionnement des policiers. Selon le degré d’agressivité rencontré, l’utilisation de cette technique permet d’éviter aux policiers d’avoir recours à leur arme lorsque leur vie est mise en danger», indique-t-on.

«Bien appliquée, cette technique permet de maîtriser un suspect avec un risque grandement réduit de blessures comparativement à l’utilisation de certaines des armes intermédiaires.» -Le SPVM, à propos de l’étranglement

Pour ce qui est des gaz lacrymogènes, le corps policier répond qu’«ils permettent d’assurer la sécurité du public tout en réduisant de façon importante le risque de blessure», surtout lors de manifestations qui «dégénèrent». «L’alternative aux irritants chimiques serait une utilisation plus importante du bâton et des charges, avec les risques importants inhérents aux contacts physiques», tranche l’organisation.

«Les effets des irritants chimiques utilisés en maintien et rétablissement de l’ordre sont courts et ne nécessitent pas de décontamination», ajoute-t-elle aussi.

Interpellée sur cette question lundi, Valérie Plante s’est montrée prudente. «Je pense que le contexte actuel amène des questions, et encore une fois, je pense que c’est sain d’avoir cette conversation. Cela dit, je ne vais pas prendre position pour chacune des mesures», insiste-t-elle.

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