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Explosions: état d’alerte pour les Libanais à Montréal

Un groupe est assis devant l'entrée d'un commerce endommagé après l'explosion. Photo: Daniel Carde/Getty Images

L’onde de choc causée par les explosions dévastatrices dans le port de Beyrouth, mardi, s’est fait ressentir au Québec, où la diaspora libanaise vit des heures d’angoisse.

«C’est grave, c’est inimaginable. Je ne peux que sympathiser avec les gens qui vivent là-bas. J’ai vécu 15 ans de guerre au Liban, on n’a jamais vu quelque chose d’une telle ampleur, soupire le conseiller d’arrondissement de Saint-Laurent, Aref Salem. Ça prend la solidarité de toute la diaspora libanaise partout dans le monde.»

Il y a plus de 200 000 Libanais au Québec. Des gens proches les uns des autres qui s’accrochent à chaque parcelle d’information disponible.

«On est entrain de devenir fous carrément. Je suis mobilisée devant trois écrans. Je ne peux pas me concentrer sur quoi que ce soit d’autre», évoque la consultante en relations publiques Lamia Charlebois qui tentait, mardi soir, de s’assurer que ses proches étaient toujours en vie.

Dans ce contexte d’urgence, le moindre signe de vie vient rassurer l’entourage qui demeure tout de même en état de vigilance absolue.

Le simple «Ok» d’un proche envoyé par message texte a permis à Mme Charlebois de s’enquérir de l’état d’une de ses connaissances.

«Chaque seconde qui passe où on n’a pas de nouvelles, c’est comme un siècle», dit-elle.

Dévastation

Deux explosions successives ont littéralement pulvérisé le secteur du port de la capitale libanaise, emportant de nombreuses vies et faisant des milliers de blessés.

Selon un bilan provisoire des autorités du Liban en soirée, on comptait plus de 70 morts et 3700 blessés.

Il était 18h10 (heure locale) lorsqu’une première déflagration a retenti au port de Beyrouth, provoquant un épais nuage de fumée blanche.

Quelques instants plus tard, une seconde explosion, bien plus intense et plus impressionnante, dévaste les alentours.

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux témoignent de la puissance de la catastrophe: une déflagration résonne puis un énorme champignon s’élève dans le ciel, provoquant un souffle d’une rare violence. Ce sont 2750 tonnes de nitrate d’ammonium dans un entrepôt du port qui seraient à l’origine des déflagrations. Des enquêtes sont en cours.

Inconnu

«Plusieurs n’ont pas de nouvelles des leurs. La partie inconnue est horrible, on essaie de faire le tour des gens qu’on aime. Il y a des gens qui manquent à l’appel», ajoute Mme Charlebois, qui a confirmé à Métro le décès d’un de ses amis, le Libano-Montréalais Nazar Najarian.

L’état du pays, frappé par une crise économique, n’a rien pour rassurer les Québécois d’origine libanaise. «Les infrastructures ne sont pas à la hauteur», lance sans détour Mme Charlebois.

Lors d’une visite dans un hôpital, le ministre de la Santé Hamad Hassan a déclaré qu’il s’agissait d’une «catastrophe dans tous les sens du terme». «Les hôpitaux de la capitale sont tous pleins de blessés» a-t-il précisé. Devant une telle ampleur, la Croix-Rouge libanaise a appelé tous les habitants du pays à donner de toute urgence leur sang.

«Les gens sont bouleversés, très consternés, très choqués. Leurs appartements, leurs maisons sont presque délabrés. Il y a eu de la casse partout. Il y a des appartements de notre parenté et de mes amis qui ne sont plus habitables, alors ils se cherchent un refuge soit chez des amis soit dans leur maison de montagne ou ailleurs», dit au bout du fil le politologue d’origine libanaise, Sami Aoun.

Deuil national pour les Libanais

Hassan Diab, premier ministre du Liban, a lancé «un appel urgent à tous les pays amis et les pays frères qui aiment le Liban à se tenir à ses côtés et à nous aider à panser nos plaies profondes».

Il a aussi affirmé que «les responsables de cette catastrophe devront payer le prix» et devront rendre des comptes.

Le président Michel Aoun a décrété un deuil national mercredi pour les victimes des explosions de Beyrouth et a convoqué une «réunion urgente» du Conseil supérieur de la Défense de son pays.

«Le Canada surveille de près la situation. Nos pensées vont aux victimes et à leurs familles. Nous sommes solidaires du peuple du Liban et de la diaspora pendant cette période difficile et nous sommes prêts à aider», a déclaré sur Twitter le ministre canadien des Affaires étrangères François-Philippe Champagne.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a aussi tenu à exprimer sa solidarité aux Libanais sur le réseau social: «Les images qui nous parviennent de Beyrouth, au Liban, sont terrifiantes. Toutes mes pensées accompagnent celles et ceux qui sont touchés de près ou de loin par cette terrible explosion.»

Alors que le bilan des victimes ne cesse de s’aggraver et que les messages de soutien se multiplient, les Libanais se demandent comment le pays affrontera la portée de cet évènement désastreux.

«C’est le Liban qui a besoin de courage», évoque la Libano-Canadienne Lamia Charlebois quand on lui en souhaite.

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