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Itinérance: des défis à relever malgré le déconfinement

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Des tentes abritant des itinérants sont présentes depuis plusieurs semaines près de la rue Notre-Dame Est, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Photo: Josie Desmarais/Métro

La pandémie est venue chambouler le quotidien déjà compliqué des personnes en situation d’itinérance. Plusieurs organismes montréalais ont su traiter l’urgence, mais les effets de la pandémie perdurent, malgré le déconfinement.

Dans Hochelaga, un campement de fortune s’est établi à proximité du port de Montréal. Une vingtaine d’itinérants y ont planté leurs tentes.

Au plus fort de la pandémie, la Ville avait ouvert des refuges temporaires et des haltes dans des édifices municipaux. Mais, déconfinement oblige, ces édifices ont dû être rendus à leur utilité première.

Pour Julien Montreuil, directeur adjoint de L’Anonyme, plusieurs personnes en situation d’itinérance ne souhaitent pas se rendre dans les ressources habituelles, notamment en raison d’une plus grande vulnérabilité au virus.

«En plus de la pandémie, ils peuvent avoir peur de la violence qui peut régner dans les refuges, les vols… Dans tous les cas, ces raisons sont valables, car ce sont les leurs», explique Mélodie Racine, directrice générale de La Porte ouverte, un centre de jour du Plateau-Mont-Royal.

Au-delà de l’hébergement

«Les itinérants pendant cette période de COVID ont perdu un grand nombre de services, notamment des services de base, mais aussi des services de soutien psychosocial. Ça fait en sorte qu’ils se désorganisent de plus en plus», analyse Fiona Crossling, directrice générale de l’Accueil Bonneau.

Exemple concret de ce chamboulement, la quasi-disparition de l’argent comptant. Depuis le début de la crise sanitaire, les citoyens sont plutôt invités à préférer les paiements sans contact.

«La raréfaction de l’argent comptant, c’est un élément ultra important. Les personnes en situation d’itinérance pratiquent la quête. Et il n’y a pas d’itinérant qui se balade avec une machine Interac ou de cartes de crédit», souligne Julien Montreuil.

Après avoir traité l’urgence comme la distribution alimentaire, les organismes traitant l’itinérance reprennent peu à peu leurs activités. Par exemple, l’Accueil Bonneau offre à nouveau son service de douches et de vestiaires.

Cependant, les mesures sanitaires viennent perturber le quotidien du centre. «On peut recevoir moins de gens qu’auparavant à cause des mesures de distanciation. Il faut aussi  nettoyer les douches entre chaque utilisateur, on ne peut pas accepter autant de monde», indique Mme Crossling.

La Porte ouverte propose entre autres une salle de repos. Malgré la pandémie, les services ont perduré. «On n’a pas fermé un seul jour», souligne Mme Racine. «Nous avons travaillé fort pour la distanciation physique, même si cela n’est pas toujours évident», ajoute-t-elle.

Financement

Pour faire face à la pandémie et appliquer les mesures d’hygiène, l’Accueil Bonneau a dû embaucher des personnes dédiées à la désinfection, «ce qui coûte plus cher», note la directrice générale.

Selon elle, «la pandémie n’a pas encore affecté les revenus de la structure, car il y a eu des subventions». Mais il est trop tôt «pour évaluer un impact sur les dons».

«En général, les donateurs sont des personnes âgées ou avec un revenu stable. On ne sait pas encore si leur revenu a été affecté par la COVID, mais plus longtemps la pandémie va durer, plus ça va avoir un impact sur leurs revenus, donc sur les revenus de l’accueil Bonneau», prévoit-elle.

La peur de l’hiver

«Là il fait beau, mais l’automne va vite arriver, et j’ai peur que la situation devienne critique», regrette M. Montreuil.

Même inquiétude de la part de Fiona Crossling : «Pour le moment, ceux qui viennent chercher un repas peuvent manger dehors, car il fait beau, mais rendu à l’automne ou l’hiver, ils voudront revenir dans la salle à manger, là où il fait chaud. Et avec la distanciation physique, on ne pourra pas accueillir tout le monde», explique-t-elle. Elle pense d’ailleurs à utiliser d’autres locaux voire des tentes chauffantes pour continuer d’offrir ce service.

À La Porte ouverte, qui propose aussi trois services de repas et des lunchs à emporter, la problématique est la même : «Il va y avoir un achalandage plus haut, plus longtemps dans la journée. On a différents plans, il va falloir s’ajuster», ajoute Mélodie Racine.

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