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Des écoles couperont l’aide alimentaire cette année

Des enfants mangent un dîner à la cafétéria
Photo: Peter Macdiarmid/Getty Images

Malgré des hausses rapportées «allant jusqu’à 300%» dans les demandes d’aide alimentaire, des écoles de Montréal n’ont pas reconduit leur programme cette année. Des députés d’opposition pressent Québec de réévaluer les besoins à quelques jours de la rentrée.

Dans une infolettre envoyée au mois d’août dans les boîtes courriel des parents d’élèves, l’école Saint-Nom-de-Jésus, située dans Hochelaga-Maisonneuve, avertit les parents de la nouvelle: «aucune mesure alimentaire n’est prévue […] pour l’année scolaire 2020-2021.»

En quelques lignes, l’établissement rapporte qu’«aucune décision gouvernementale n’a permis de reconduire la mesure alimentaire pour le moment». Elle espère pouvoir ramener un service de traiteur en octobre.

Selon le député de Québec solidaire Alexandre Leduc, Saint-Nom-de-Jésus est loin d’être la seule école à avoir abandonné la mesure.

«Quand j’ai parlé au [Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM)], on m’a dit qu’il y en avait sur l’ensemble du territoire», explique le député d’Hochelaga.

Au Québec, les centres de services scolaires font appel à des subventions pour financer leurs programmes d’aide alimentaire du midi, un dîner à 1$. Auparavant, seules les écoles possédant un indice précis de défavorisation avaient accès aux sommes provinciales.

Or, sous une pluie de critiques, Québec avait indiqué l’an dernier qu’il réévaluerait le système utilisé pour déterminer quelles écoles sont admissibles au programme alimentaire.

Certaines écoles qui s’apprêtaient à perdre leur accès à l’aide – dont Saint-Nom-de-Jésus, par exemple – avaient bénéficié d’un sursis pour 2019-20, le temps que Québec revoit son système d’évaluation.

«Cette aide alimentaire transitoire n’était valide que pour l’année scolaire 2019-2020 et n’a pas été reconduite par le ministère pour la présente année scolaire», indique par courriel le responsable des communications du CSSDM, Alain Perron.

Des écoles «sauvées» par les subventions d’urgence en 2019-20 doivent donc mettre fin à l’aide alimentaire.

Des «communications seront faites»

Selon le regroupement Partage, un organisme montréalais spécialisé en sécurité alimentaire, la COVID-19 a changé la donne en vue du retour à l’école.

«Le regroupement a été témoin d’une augmentation des demandes d’aide alimentaire allant jusqu’à 300% dans certains quartiers montréalais, déjà très défavorisés avant la COVID-19», observe-t-on dans un communiqué.

Alexandre Leduc s’insurge qu’à une semaine de la rentrée, Québec n’ait pas officiellement modifié ses critères d’attribution de l’aide.

«Je suis allé voir le ministre en novembre, en février et en juin. Et à chaque fois, il me garantissait que, s’il n’avait pas le temps de refaire le système, il prolongerait les mesures temporaires», relate-t-il. Interrogé sur l’aide alimentaire jeudi, le ministre a soutenu qu’il souhaitait «s’assurer de la bonne répartition des mesures» à la rentrée.

«L’idée n’est pas de nourrir tous les enfants du Québec, mais tous ceux qui en ont besoin. Il y a des communications qui s’en viennent avec le réseau pour s’assurer que ceux qui en ont besoin reçoivent de l’aide», a indiqué le ministre Roberge.

Selon l’Association montréalaise des directions d’établissements scolaires (AMDES), la défavorisation à Montréal «se déplace». Il n’est donc pas étonnant, souligne sa présidente, Hélène Bourdages, de voir des écoles perdre leur statut cette année.

«C’est vrai que des gens n’ont pas pu travailler. Peut-être que dans certains milieux, certains enfants auront de la difficulté à manger. À ce moment-là, des ajustements pourront peut-être être faits», analyse-t-elle.

«On ne laissera pas aller des enfants le ventre creux.» – Hélène Bourdages, présidente de l’AMDES

Les oppositions perplexes

Contactée par Métro, la critique libérale en matière d’éducation, Marwah Rizqy, évoque une «urgence d’agir».

«On a énormément de familles sous le seuil de la pauvreté qui comptent sur ces programmes. Après la pandémie, plusieurs on perdu leur emploi», martèle la députée de Saint-Laurent.

La porte-parole du Parti québécois en éducation, Véronique Hivon, ne pourrait pas imaginer pire rentrée pour modifier l’attribution de l’aide alimentaire.

«Dans un contexte où il y a tellement d’insécurité, d’adaptation, la pire des choses seraient de demander aux enfants qui avaient besoin de l’aide alimentaire d’en être privé», déplore Véronique Hivon.

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