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Itinérants de Notre-Dame: «On est des humains, pas des chiens!»

Au total, cela fait quatre mois que Francis est dans la rue. Et deux mois qu’il loge dans l’une des tentes qui longent le bord de Notre-Dame.
Parmi les signataires, Francis, 33 ans, ancien déneigeur. Photo: Céline Gobert/Métro

Alors que leur campement, érigé aux abords de la rue Notre-Dame Est, est menacé d’être démantelé lundi prochain, certains des habitants de ces tentes de fortune ont déploré l’absence de consultation de la Ville dans une déclaration publiée dimanche sur une récente page Facebook consacrée à leur cause et qui comptait une quarantaine de membres lundi matin.

«Sérieusement, vouloir démanteler notre camp le 31 août sans nous demander notre avis, sans venir parler, c’est inacceptable», peut-on lire dans la lettre.

Cette déclaration fait suite au projet de la Ville de reloger les itinérants de Notre-Dame dans un refuge temporaire de 65 lits, du 31 août prochain au 31 mars 2021, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Mais ces derniers refusent de retourner dans ces lieux où ils se font «traiter comme des chiens», écrivent-ils. «Nous ce qu’on veut c’est un logement pour tous. Un toit sur la tête. Pas des refuges.»

De vraies solutions

Parmi les signataires, Francis, 33 ans, ancien déneigeur. C’est lui qui a rédigé la lettre sur son ordinateur.

«Est-ce qu’on peut s’asseoir avec eux autour de la table pour trouver la bonne solution? demande-t-il à Metro. Nous remettre dans un refuge, c’est simplement nous déplacer ailleurs et nous changer de place, ça ne règle pas le problème d’avoir accès à un logement.»

Dans la lettre, il déplore les «faux espoirs» et les «déceptions» à venir, notamment sur la question des HLM. «Combien de temps sur les listes d’attentes on doit endurer?».

Au total, cela fait quatre mois que Francis est dans la rue. Et deux mois qu’il loge dans l’une des tentes qui longent le bord de Notre-Dame.

«On est partis de [l’aréna] Maurice-Richard. On est allés à [l’aréna] Francis-Bouillon. Et maintenant je fais du camping ici. Dans un an on va encore être dans la misère? Ça ne marche pas.»

Sur place, l’ambiance en ce lundi matin est en apparence très calme. Certains boivent des cafés, d’autres émergent à peine d’une nuit pluvieuse, se servant des pâtes à la tomate concoctées la veille par l’un des leurs pour tout le camp, grâce aux nombreux dons du voisinage et du quartier. Mais sous la surface, la colère gronde et, surtout, l’impression de ne pas être écoutés.

«On est venus nous obliger au démantèlement. Je trouve que ça n’a pas de bon sens. On est des humains, pas des chiens!», lance Francis.

Même déception sourde pour Marco, 39 ans, le premier sans-abri à avoir planté sa tente ici, face au port de Montréal.

«Madame la Mairesse, elle est supposée avoir du power, non? On n’est pas méchants nous, on est humains, on veut juste être aidés. Pourquoi vouloir nous déloger? On est bien ici, on prend soin du parc, les gens du quartier nous appuient. Eux, ils veulent le démantèlement à tout prix.»

Pas une solution durable, répond la Ville

De son côté, la Ville estime que le campement n’est pas une solution durable ni sécuritaire, dans des propos recueillis par Metro. Elle indique travailler présentement avec les organismes sur le terrain pour relocaliser les personnes en situation d’itinérance selon leurs besoins.

«Chaque jour depuis plusieurs semaines, les intervenants sont sur place pour soutenir et accompagner les campeurs et les aviser des alternatives possibles, a indiqué le Cabinet de la mairesse par le biais de son attachée de presse principale, Mme Geneviève Jutras. Nous travaillons sur des solutions sur le long terme et nous sommes tout à fait d’accord qu’il est nécessaire d’offrir un toit à chaque Montréalaise et chaque Montréalais.»

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