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Montréal demande la fin des techniques d’étranglement au SPVM

Le conseiller de Marie-Clarac, Abdelhaq Sari, lors d'un point presse à l'Hôtel de Ville de Montréal
Le conseiller de Marie-Clarac, Abdelhaq Sari. Photo: Pablo A. Ortiz/Métro

Les élus du conseil municipal ont adopté à l’unanimité mardi une motion demandant la fin de l’utilisation de toutes techniques d’étranglement par les agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Ils réitèrent aussi le droit des citoyens de filmer les policiers.

Depuis 1985, la technique de l’étranglement respiratoire n’est plus utilisée ni enseignée au Québec. Dans le cadre de leur formation, les aspirants policiers continuent toutefois d’apprendre à utiliser la technique de «contrôle par l’encolure» de type vasculaire. Celle-ci vise à causer la perte de conscience d’un individu en appuyant sur ses artères carotides lorsqu’ils mettent un bras autour de son cou.

Une telle intervention peut toutefois mener à «des complications médicales graves ou la mort», si un policier ne l’effectue pas correctement, souligne une motion du conseiller d’Ensemble Montréal dans Montréal-Nord, Abdelhaq Sari.

«C’est une technique à enlever de nos pratiques policières. Ça entraîne un usage excessif de la force humaine qui peut entraîner l’usage d’une violence disproportionnée», a affirmé mardi M. Sari, qui est également vice-président de la Commission de la sécurité publique.

Depuis le décès de George Floyd sous le genou d’un policier le 25 mai, à Minneapolis, plusieurs corps de police des États-Unis one entrepris une réflexion sur certaines de leurs pratiques d’intervention. La Gendarmerie royale du Canada, pour sa part, a décidé de revoir sa technique appelée «étranglement carotidien», qu’appliquent actuellement ses agents, indique le document.

«Avec le contexte actuel, on doit envoyer un message clair pour cesser l’utilisation de cette technique.» -Abdelhaq Sari, conseiller d’Ensemble Montréal

Motion adoptée

En séance du conseil municipal, mardi après-midi, une version amendée de cette motion a reçu l’appui unanime des élus de la Ville de Montréal. Cette dernière affirme ainsi qu’elle interdit l’usage par les agents du SPVM de «toute technique d’intervention policière empêchant la personne visée de respirer […] sauf en cas de dernier recours, en cas de danger de mort et/ou en cas de danger de lésions sérieuses imminentes».

La motion précise en outre l’importance de former en continu les policiers sur les diverses techniques de désescalade afin d’ «éliminer» l’usage excessif de la force par ceux-ci.

«Cet enjeu est un enjeu d’actualité, on le sait. Pour l’administration et l’ensemble des membres du conseil, les approches de désescalade sont vraiment une priorité. C’est une approche que l’on priorise depuis le début», a affirmé la responsable de la sécurité publique au sein du comité exécutif, Rosannie Filato.

La motion demande en outre au gouvernement du Québec de réévaluer les techniques d’emploi de la force enseignées à l’École nationale de police du Québec dans le cadre des consultations sur le livre vert. Le document réclame en outre que le SPVM documente «tous les incidents» durant lesquels des agents utilisent des techniques de contrôle par l’encolure de même que «toutes autres techniques bloquant la respiration». La Ville pourra  ainsi «évaluer régulièrement si les directives sont respectées et identifier les besoins de formation».

Le SPVM n’a pas répondu aux questions de Métro, mardi.

Le droit de filmer le SPVM

Les élus du conseil municipal ont par ailleurs adopté à l’unanimité une motion du conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, demandant à la Ville de réitérer le droit de filmer des policiers. Il est effectivement légal de capter une vidéo d’un policier sur la voie publique au Canada, à condition de ne pas entraver son travail ou de l’intimider.

Or, des policiers sont intervenus auprès de citoyens à plusieurs reprises ces dernières années pour leur demander de supprimer de tels enregistrements. Cela a notamment été le cas il y a deux semaines, à Montréal-Nord, alors qu’un jeune de 13 ans a été arrêté brutalement et accusé d’entrave au travail des policiers parce qu’il filmait une intervention musclée de la part d’agents du SPVM.

De nombreux groupes communautaires ont souligné l’importance du droit des filmer les policiers dans la lutte contre le profilage racial au sein des forces de l’ordre. Plusieurs opérations policières filmées, dont celle survenue dimanche dernier auprès de Jacob Blake, dans la ville de Kenosha, aux États-Unis, ont entraîné une forte mobilisation populaire.

«Aujourd’hui, on veut réitérer certains droits des Montréalais, dont celui de filmer les policiers et les policières», a conclu Mme Filato.

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