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Mises à pied: des employés de Résilience Montréal portent plainte

Le centre de jour Résilience Montréal, près du Square Cabot, lors de son inauguration en novembre 2019. Photo: Josie Desmarais | Métro

Des employés de Résilience Montréal mis à pied temporairement ont décidé de s’unir pour porter plainte contre l’organisme d’aide aux itinérants, qui entend se défendre devant la Cour, a appris Métro.

À l’instar de plusieurs autres ressources de la métropole, le centre de jour, ouvert depuis l’an dernier, a subi les contrecoups de la pandémie dans les derniers mois. Cet automne, l’organisme a d’abord pris l’initiative de fermer son local pour offrir de l’aide alimentaire et d’autres services à l’extérieur de celui-ci, dans des aires prévues à cet effet dans le square Cabot.

Le 1er septembre, le centre de jour a de nouveau ouvert ses portes. Selon nos informations, la direction a alors rencontré les employés de l’organisme à deux reprises pour leur signifier que des mises à pied seraient nécessaires. Dans le contexte de la crise sanitaire, la Santé publique a réduit la capacité d’accueil du centre, qui offre entre autres du soutien psychosocial, des repas et des soins d’hygiène à des personnes vulnérables, dont plusieurs membres des communautés inuites et des Premières Nations.

«Le but était de pouvoir accueillir le plus de personnes possible dans le bâtiment […] Pour permettre ça, on a eu le choix difficile à faire de couper des employés», explique à Métro le coordonnateur de Résilience Montréal, David Chapman.

L’organisme a alors mis à pied temporairement quatre employés, «le temps que la COVID passe». Résilience Montréal compte toujours 13 travailleurs en poste, précise toutefois M. Chapman.

Un syndicat

Selon nos informations, ces quatre employés auraient fait appel au Syndicat industriel des travailleurs et travailleuses de Montréal (SITT) pour revendiquer leurs droits. Dans une publication émise mercredi sur les réseaux sociaux, ce syndicat indique avoir déposé une plainte au Tribunal administratif du travail contre la direction de l’organisme.

Le SITT justifie cette démarche en affirmant que plusieurs intervenants de l’organisme ont été mis à pied en raison de leurs «efforts d’organisation syndicale». Il estime en outre que cette réduction temporaire de la main-d’oeuvre dans le centre de jour «aura des conséquences sérieuses sur la santé et le bien-être» des personnes vulnérables qui bénéficient de ses services.

Le syndicat fait aussi état de «harcèlement» de la part de la direction à l’égard d’employés. Il demande donc à celle-ci de «cesser immédiatement toutes ses activités antisyndicales illégales».

«Ils affirment qu’ils sont inquiets pour les clients [de Résilience Montréal]. Mais en fait, ils se servent eux-mêmes», réplique David Chapman, qui appréhende les répercussions que ce dossier judiciaire pourrait avoir sur le bon fonctionnement de l’organisme.

Un avis que partage une employée de l’organisme jointe par Métro. «Je pense qu’ils se plaignent parce qu’ils ont été mis à pied», laisse tomber Catherine, en référence aux employés derrière cette plainte.

Contactée par Métro, la co-directrice de Résilience Montréal, Nakuset, s’est montrée avare de commentaires.

«Je ne peux pas vraiment commenter parce qu’il y a un dossier en Cour concernant [cette plainte] qui s’en vient. Mais on travaille là-dessus avec notre avocat», indique-t-elle. Cette dernière confirme que des mises à pied temporaires ont eu lieu, mais assure que celles-ci sont liées uniquement à la pandémie.

Le SITT n’a pas accordé d’entrevue à Métro, jeudi.

«Ces enjeux seront réglés en Cour. Je peux vous l’assurer.» -David Chapman, coordonnateur de Résilience Montréal

Un plan hivernal attendu

Cette bisbille survient alors que les organismes d’aide aux sans-abri font face à une pression accrue à l’approche de l’hiver. L’opposition officielle presse d’ailleurs la Ville de Montréal de dévoiler son plan hivernal en itinérance, alors que plusieurs centaines de lits d’urgence sont manquants pour faire face à une demande croissante.

«Ce qu’on dénonce, c’est le manque de planification de Projet Montréal», laisse tomber le porte-parole en itinérance au sein d’Ensemble Montréal, Benoit Langevin.

Au Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal, on espère que la Ville profitera de l’aide financière d’environ 263 M$ reçue par Québec pour augmenter les services offerts aux sans-abri.

«Il y a une partie qui doit servir pour des mesures d’urgence, pour des mesures hivernales […] Mais il y a aussi le besoin tout aussi urgent pour des ressources plus permanentes, notamment pour les femmes», souligne une organisatrice communautaire, Laury Bacro.

Interpellé par Métro, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, assure que la Ville «travaille d’arrache-pied depuis plusieurs semaines», en partenariat avec le réseau de la santé, pour élaborer ce plan.

«Nous présenterons le plan le plus rapidement possible», affirme une attachée de presse, Catherine Cadotte. Depuis le début de la pandémie, la Ville a déboursé 26 M$ pour des mesures d’aide aux itinérants, comme des refuges temporaires et de l’aide alimentaire.

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