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Télétravail: les développeurs immobiliers s’adaptent

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Des logements résidentiels sont en construction dans le quartier Griffintown. Photo: Josie Desmarais/Métro

Les développeurs immobiliers s’adaptent à la popularité grandissante du télétravail, exacerbée par la pandémie. Ils n’entendent toutefois pas construire des logements plus grands à Montréal pour des raisons financières.

Le promoteur Devimco, qui est derrière plusieurs projets immobiliers d’envergure dans la métropole et sa banlieue, a récemment conclu un partenariat avec l’entreprise de fabrication de meubles québécois Artopex. Il entend ainsi, d’ici l’an prochain, munir de 1500 à 2000 unités de logement en construction dans divers secteurs de la région de bureaux conçus par l’entreprise de Granby. En tout, près de 10 projets immobiliers répartis notamment sur l’île de Montréal et à Brossard bénéficieront de ces espaces de travail ergonomiques.

«On pense qu’après la pandémie, le télétravail, c’est une habitude qui va demeurer […] D’où la nécessité d’avoir des postes de travail à l’intérieur de nos unités», indique à Métro le président de Devimco, Serge Goulet. Pour lui, la pandémie a servi d’«accélérateur» pour s’adapter aux nouveaux besoins des travailleurs.

Il note par ailleurs son intention d’aménager également des espaces communs plus grands dans ses immeubles à logements, notamment pour faciliter le «coworking».

«C’est clair que ça va demeurer [le télétravail]. On doit s’ajuster.» -Serge Goulet, président de Devimco

S’adapter au télétravail

D’autres promoteurs de Montréal ont d’ailleurs commencé à s’adapter à la popularité grandissante du télétravail, qui a vidé les tours à bureaux du centre-ville dans les derniers mois.

«Les projets qui étaient sur la table à dessin avant la pandémie sont pour certains en réévaluation», constate l’architecte Kim Pham. Cette dernière oeuvre au sein de la firme Neuf architectes, qui fait affaire avec plusieurs développeurs immobiliers dans la métropole.

Le défi, pour les promoteurs, c’est de s’adapter au télétravail dans un contexte où la taille des logements qu’ils proposent est souvent limitée pour maximiser la rentabilité de leurs projets immobiliers, expose Mme Pham.

«Il faut être très inventifs, surtout pour les petites unités», souligne-t-elle.

Les Montréalais qui travaillent à la maison «sentent aussi le besoin de bouger», ajoutent-elles. Le mobilier offert doit donc s’adapter en conséquence. Actuellement, les bureaux avec des leviers qui permettent de travailler debout ou assis ont d’ailleurs la cote, tout comme ceux que l’on peut déplacer aisément d’un endroit à l’autre, souligne l’architecte.

Un impact sur les loyers

Tout ce mobilier a bien sûr un coût et pourrait inciter des promoteurs immobiliers à augmenter leurs loyers en conséquence.

«Il faudra voir, quand la COVID ne sera plus une menace, combien de personnes vont être prêtes à payer davantage en loyer pour travailler de la maison», soulève à Métro le professeur à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, Jean-Philippe Meloche.

Serge Goulet assure pour sa part que l’adaptation de ses unités au contexte du télétravail n’entraînera une augmentation du prix des loyers dans celles-ci que de «quelques dollars par mois».

Quant à la possibilité de construire des logements plus grands pour répondre aux besoins non seulement des travailleurs, mais aussi des familles, le promoteur se fait plus évasif. «Au-delà de la superficie, il faut aussi respecter la capacité de payer de la clientèle», souligne-t-il.

«Ça fait longtemps que les Montréalais veulent des logements plus gros. C’était déjà le cas avant la COVID-19», note pour sa part M. Meloche. Or, il demeure plus rentable actuellement pour les promoteurs de construire des unités de petite taille.

«Le marché immobilier est tellement serré que les promoteurs n’ont pas besoin de construire des logements de trois chambres et plus», constate l’expert.

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