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Le budget du SPVM continue de croître malgré les demandes de «définancement»

SPVM Sylvain Caron
Le directeur du SPVM, Sylvain Caron, a obtenu en 2018 un mandat de cinq ans à la tête du corps de police. Photo: Josie Desmarais/Métro

Le budget alloué au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) continuera de croître l’an prochain, malgré la pression de plusieurs groupes en faveur de son «définancement». Le corps de police assure toutefois vouloir développer une «approche communautaire» l’an prochain.

Le SPVM disposera l’an prochain d’une somme totale de 679,1 M$ pour financer ses opérations, en hausse de 14,6 M$ par rapport au budget précédent de la Ville. Or, depuis plusieurs mois, des groupes communautaires pressent la Ville de réduire le financement de la police – voire de retirer celui-ci – au profit d’organismes communautaires. Aux États-Unis, la mobilisation qui a suivi la mort de George Floyd, le 25 mai, a d’ailleurs incité certaines villes à entamer des changements dans leur corps de police.

Jeudi dernier, une quinzaine de manifestants ont d’ailleurs retardé la présentation du budget 2021 de la Ville de Montréal, afin de réclamer une réduction du budget de la police de Montréal au profit de services communautaires. Une possibilité à laquelle Mme Plante s’était montrée «ouverte» cet été.

«En ce moment, dans la pandémie actuelle, où on a besoin de nos forces policières et où le SPVM s’adapte aux différentes situations, on ne croit pas que ce serait la bonne idée», a toutefois tranché mercredi soir le président du comité exécutif, Benoit Dorais, pendant l’étude du budget du SPVM. Il répondait alors à une des nombreuses questions écrites des citoyens qui critiquaient l’augmentation du budget du corps de police.

Les impacts de la pandémie

Le directeur du SPVM, Sylvain Caron, a d’ailleurs souligné mercredi les impacts de la pandémie sur les opérations du corps de police. Ainsi, celle-ci a rendu «extrêmement complexe» l’encadrement des nombreuses manifestations qui ont eu lieu dans les derniers mois, en raison des règles sanitaires que les policiers doivent faire appliquer.

Le nombre de fusillades a également connu une hausse dans la métropole depuis le début de la pandémie, notamment dans le Vieux-Montréal.

«Malheureusement, depuis le déconfinement de juin, on a remarqué une augmentation importante de la criminalité violente impliquant des armes à feu. Donc, on s’implique beaucoup pour augmenter le sentiment de sécurité dans les différents quartiers de la ville», a souligné M. Caron.

Ce dernier a d’ailleurs ajouté que le SPVM continue d’intervenir pour faire cesser des rassemblements illégaux. Le corps de police reçoit toutefois beaucoup moins d’appels de dénonciation à cet effet qu’au printemps dernier.

«Ce n’est pas le bon moment, en pleine pandémie, de tout simplement définancer la police et de ne pas donner les bons services aux clientèles vulnérables.» -Benoit Dorais, président du comité exécutif

Développer une «approche communautaire»

Benoit Dorais a toutefois indiqué que la Ville entend travailler avec le gouvernement du Québec pour «revoir comment on gère le travail policier avec tout le travail psychosocial qui doit être donné». Dans le cadre des consultations entourant le «livre vert» sur la réforme de la police, la Ville a d’ailleurs fait part de son intérêt d’impliquer plus de civils et de membres des minorités visibles au SPVM.

Sylvain Caron a pour sa part déclaré que le SPVM entend développer l’an prochain «une approche innovante de concertation avec le milieu communautaire». 

«Il y a du travail qui est en élaboration actuellement qui nous permettra, quelque part en 2021, de présenter un nouveau modèle d’approche qui se prépare au SPVM, en collaboration avec les différentes équipes de la Ville», a-t-il dit.

Pour l’opposition officielle à l’hôtel de ville, il est toutefois trop tard, trois ans après l’arrivée de l’administration de Valérie Plante, pour commencer à développer une telle «vision».

«Ils n’ont pas compris qu’il faut avoir un virage clair vers les ressources communautaires et sociales», lancé à Métro le vice-président de la Commission de la sécurité publique et élu d’Ensemble Montréal, Abdelhaq Sari. Ce dernier souhaiterait notamment que les ressources allouées à l’Équipe mobile de référence et d’intervention en itinérance (ÉMRII) et à l’Équipe de soutien aux urgences psychosociales (ÉSUP) augmentent en 2021.

M. Sari déplore par ailleurs que le SPVM entend procéder à une nouvelle fusion de postes de quartier (PDQ) l’an prochain, comme l’a confirmé mercredi Sylvain Caron, sans donner plus de détails. En début d’année, la décision du corps de police d’intégrer le PDQ de Notre-Dame-de-Grâce à celui de Côte-Saint-Luc avait fait vivement réagir.

«Je regrette, mais il faudrait que le SPVM consulte davantage la population», laisse tomber M. Sari.

L’augmentation annuelle du budget du SPVM:

2021: 679,1 M$ (+14,6 M$)

2020: 665,3 M$ (+17,5 M$)

2019: 662,3 M$ (+14,9 M$)

2018: 647,3 M$ (+14,3 M$)

Sources: budgets de la Ville de Montréal pour les années mentionnées. 

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