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Les villes liées inquiètes du budget de Montréal

Lucien-Saulnier
L'édifice Lucien-Saulnier, qui occupe actuellement la fonction d'hôtel de ville de Montréal. Photo: Zacharie Goudreault/Métro

Le dernier budget de l’administration de Valérie Plante pourrait placer les villes liées de Montréal devant des choix difficiles.

En 2021, les quotes-parts exigées aux 15 villes liées de l’agglomération et à la Ville afin de financer les dépenses communes de l’agglomération, comme l’eau et la police, atteindront environ 2,5 G$. Elles grimperont ainsi de 3% – ou de 74,2 M$ – par rapport au précédent budget de Montréal.

Cette hausse s’explique notamment par une contribution additionnelle de près de 26 M$ pour financer des emprunts et de 25 M$ pour financer le plan relance économique de la Ville. L’agglomération devra aussi débourser 9,3 M$ pour l’implantation de mesures de tarification sociale dans le réseau de la Société de transport de Montréal. La Ville prévoit ainsi offrir un tarif réduit de 50% pour les aînés, tandis que les enfants de moins de 12 ans pourront monter gratuitement à bord des bus et du métro.

Des taxes «difficiles à avaler»

Pour le président de l’Association des municipalités de banlieue (AMB) et maire de Montréal-Ouest, Beny Masella, cette augmentation de la contribution des villes liées au budget de la métropole est «difficile à avaler», surtout en contexte de pandémie. La croissance des quotes-parts de l’agglomération en 2021 est trois fois supérieure au taux d’inflation actuel, souligne-t-il.

«Au final, ce n’est même pas parce qu’on a reçu une augmentation de services. On n’a rien reçu de plus, mais nos quotes-parts augmentent», déplore M. Masella.

Certaines municipalités de l’île de Montréal devront refiler la facture à leurs résidents, prévient-il, alors même que l’administration de Valérie Plante a décidé d’appliquer sur son territoire un gel des taxes foncières gérées par la ville-centre.

«Je présume qu’il y aura des villes liées qui n’auront pas le choix de faire des hausses de taxes pour offrir leurs services tout en comblant la hausse des transferts à l’agglomération.» -Beny Masella, président de l’AMB

La tension monte

Alors que l’AMB entend négocier avec le ministère des Affaires municipales pour revoir le système des quotes-parts afin de le rendre plus «équitable», une municipalité de l’Ouest-de-l’île prend les grands moyens. La municipalité de Beaconsfield a ainsi envoyé il y a quelques jours une mise en demeure à Québec et à la Ville de Montréal parce qu’elle affirme avoir payé environ 2 M$ de trop en quotes-parts à l’agglomération en 2020.

En entrevue à Métro jeudi, le maire de Beaconsfield, Georges Bourelle, presse la Ville de Montréal de revoir «le calcul» de la somme que la municipalité devra lui remettre l’an prochain.

«Si ça ne change pas dans le budget 2021, ça va être une nouvelle somme de deux millions payée en trop», affirme-t-il. La municipalité pourrait ainsi doubler le montant réclamé à la Ville et à Québec dans une éventuelle poursuite.

«On demande que ce soit réglé le plus rapidement possible. Sinon, malheureusement, on devra se rendre en Cour», ajoute M. Bourelle.

Au cabinet de Mme Plante, on condamne «cette croisade» de la ville liée.

«Le maire de Beaconsfield met beaucoup d’énergie afin de réduire la participation de sa ville aux dépenses communes de l’agglomération, qui est établie selon la richesse de chaque ville afin que tous les citoyens paient leur juste part, équitablement», réplique le cabinet par écrit.

Un déficit grandissant

Le budget de la Ville prévoit d’ailleurs que le déficit de l’agglomération, en hausse depuis plusieurs années, atteindra 155 M$ d’ici la fin de l’année. Or, l’administration municipale ne semble pas avoir déterminé de stratégie pour s’attaquer à celui-ci l’an prochain, constate l’opposition officielle à l’hôtel de ville.

«En absence de stratégie, ce déficit sera absorbé en 2022. Ça tombe bien parce que dans ce cas-là, ça ira après les élections municipales», ironise le maire de Saint-Laurent et élu d’Ensemble Montréal, Alan DeSousa.

Ce dernier remet d’ailleurs en question certaines prévisions financières de la Ville en 2021. Le budget prévoit que le Service de police de la Ville de Montréal obtiendra plus de 195 M$ en revenus tirés de la remise de contraventions pour des infractions de circulation et de stationnement. Or, le corps de police ne prévoit pas obtenir plus que 120 M$ par le biais de ces contraventions, en 2020. Le «manque à gagner» de l’agglomération pourrait donc continuer de croître l’an prochain, entrevoit l’élu.

«On aurait préféré payer la facture maintenant. On ne devrait pas pelleter le problème par en-avant», déplore aussi Beny Masella, qui craint que les villes liées en paient le prix en 2022.

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