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Transport en commun: quel avenir pour le train de banlieue du Grand Montréal?

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Le directeur général d'exo, Sylvain Yelle. Photo: Courtoisie, exo

Alors que les différentes phases du Réseau express métropolitain (REM) menacent une partie de son réseau de trains de banlieue, le directeur général d’exo, Sylvain Yelle, reste confiant que la société de transport réussira à tirer son épingle du jeu. Entrevue.

Les défis sont nombreux pour exo, qui gère les différentes lignes de trains de banlieue du Grand Montréal de même qu’un vaste réseau de bus dans les couronnes nord et sud de la métropole.

En plus de la pandémie, qui a fait chuter son achalandage, la société de transport a dû interrompre de façon définitive son service sur la ligne Deux-Montagnes, le 31 décembre, en raison des travaux de construction de la première phase du REM. Or, cette ligne accaparait 40% de l’achalandage de tout le réseau de trains de banlieue de la région, soit environ 15 000 usagers quotidiens.

«Évidemment, on le préparait depuis un certain temps. Mais assurément, pour les employés d’exo, ça a été tout un deuil, cette transition-là», confie M. Yelle, en entrevue de fond à Métro.

Actuellement, la société de transport conserve une partie des clients de la défunte ligne de train de banlieue par le biais des mesures d’atténuation mises en place pour compenser sa fermeture. «Mais au final, c’est le REM qui va récupérer cet achalandage», ajoute-t-il.

«Tirer profit» du REM

L’arrivée d’ici quelques années du REM affectera aussi la ligne de train de banlieue Vaudreuil-Hudson. Le directeur général d’exo n’entend toutefois pas laisser tomber celle-ci. Au contraire, il compte «optimiser cette ligne-là en terme de temps de parcours» afin de la rendre plus intéressante pour ses usagers.

«On sait que, par exemple, les gares sur la branche du REM, dans l’Ouest, n’ont pas beaucoup d’accès en termes de stationnement automobile. Donc, s’il y a des gens pour qui c’est leur façon d’accéder au transport collectif, bien nous on en offre [du stationnement]», souligne M. Yelle.

L’organisme entend par ailleurs «tirer profit» du REM en proposant de l’offre de service par bus vers les futures gares du train léger, à partir de la banlieue.

«Dans les prochaines années, on veut répondre aux besoins auxquels le REM ne répondra pas.»-Sylvain Yelle, directeur général d’exo

Aucune consultation

Une nouvelle tuile est toutefois tombée récemment sur le réseau de train de banlieue alors que la prochaine phase du REM, vers l’est et le nord-est de l’île, menace d’affecter la ligne Mascouche d’exo, qui écope déjà de la fermeture du tunnel du Mont-Royal.

«On doit voir d’ici là comment on adapte la ligne de Mascouche à cette réalité-là [l’arrivée du REM de l’Est] parce que c’est clair qu’il y a des clientèles communes dans l’est de Montréal qui vont être desservies par ces deux modes-là», constate M. Yelle.

Pourtant, son organisme de transport n’a «pas du tout» été consulté en amont de la présentation du projet du REM de l’Est par CDPQ Infra, le 15 décembre. Une situation problématique, selon M. Yelle.

«On l’a vu, dans la première phase du REM, que c’est toujours mieux de regarder en amont avec tous les joueurs quelles sont les meilleures solutions. Je comprends qu’il y a probablement des prérogatives de leur côté [à CDPQ Infra], mais ce serait mieux que tout ça soit fait en amont», estime-t-il.

Sylvain Yelle s’attend donc maintenant à ce que son organisme soit impliqué dans les études à venir sur ce projet, afin de pouvoir contribuer à arrimer celui-ci à son réseau de trains de banlieue et de bus. «C’est de l’argent public, en bout de ligne», laisse-t-il tomber, au sujet du REM de l’Est.

Un «plan de revalorisation» du train de banlieue

Par ailleurs, la société de transport travaille actuellement sur un «plan de revalorisation» de son réseau de train de banlieue, afin de rendre celui-ci plus attrayant pour les résidents du Grand Montréal.

En plus de faire l’acquisition de «nouveau matériel roulant», le réaménagement de plusieurs gares de train est aussi dans les cartons, notamment afin de rendre celles-ci accessibles aux personnes à mobilité réduite.

«On veut développer la ligne Saint-Jérôme», souligne aussi M. Yelle, qui évoque la possibilité d’y ajouter de «nouvelles stations» en plus de bonifier l’offre de service.

Au début du mois de janvier, un 14e arrêt s’est d’ailleurs ajouté à la ligne de train de Saint-Jérôme, alors qu’une nouvelle gare est officiellement entrée en fonction à Mirabel, malgré la pandémie.

«Ça apporte une nouvelle capacité d’accès à cette ligne-là qui a encore du potentiel et qui est en développement», indique M. Yelle.

Exode vers la banlieue

Dans les dernières années, exo a constaté une croissance de la demande pour une meilleure offre de service par bus pour réaliser des déplacements à l’intérieur des couronnes. Une demande qui pourrait continuer de croître en raison de la pandémie, qui a exacerbé les départs vers la banlieue et stimulé le télétravail.

«On peut imaginer que la pandémie va accélérer cette tendance-là parce qu’il y a de moins en moins de personnes qui vont aller directement au centre-ville», entrevoit M. Yelle.

L’organisme entend donc miser sur une augmentation «importante» de l’offre de service par bus au sein des couronnes nord et sud de la métropole, au cours des prochaines années.

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