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Immigration: ils ont grandi au Québec, mais ne se sentent pas Québécois

Photo: Nicolas Ledain

Après s’être penchée sur le quotidien des jeunes Québécois de seconde génération issus de l’immigration, la doctorante en sociologie à l’UQAM Bénédict Nguiagain a constaté qu’ils ne se sentent pas Québécois même s’ils ont grandi dans la province. 

La chercheuse a interrogé une vingtaine de Montréalais âgés de 18 à 33 ans issus des minorités visibles qui sont soit nés au Canada soit arrivés au pays en provenance de l’Afrique subsaharienne (Cameroun, Congo, Rwanda et Burundi) en très bas âge.

«Tu es belle pour une Noire», «D’où viennent tes parents?», «Tu viens d’où?» : les participants ont rapporté se sentir souvent étrangers dans leur pays à force de se faire rappeler leur différence quotidiennement. 

Sentiment de confort et d’inconfort

Bénédict Nguiagain soutient que les jeunes interviewés ressentent un certain inconfort face à l’identité québécoise. «La perception qu’ils ont des Québécois de souche est assez négative, ce qui fait en sorte qu’ils n’arrivent pas à s’identifier à ce groupe-là de la population», précise la doctorante.

À l’inverse, l’identité montréalaise leur procure un sentiment de confort. «Je me sens bien parce qu’il y a des gens qui me ressemblent. Les gens du groupe majoritaire sont habitués à être en contact avec des minorités visibles», explique Bénédict Nguiagain. 

En outre, lorsque la chercheuse a demandé aux participants s’ils se sentaient Canadiens, la réponse était plus que positive. «Là, ils répondent oui avec fierté, indique-t-elle. Ils sont nés au Canada ou, du moins, ils ont la nationalité canadienne. Il y a vraiment un sentiment qui est très proche d’un sentiment national.»

«Ouverture et fermeture»

Par ailleurs, les personnes interrogées affirment s’être senties plus à l’aise dans les milieux anglophones que francophones. 

«En deux mots, ce qui ressortait de la bouche de mes participants, c’est ouverture et fermeture», résume Bénédict Nguiagain.

En effet, s’ils estiment que le monde francophone est «très fermé», les participants voyaient le milieu anglophone comme plus «ouvert» et «inclusif».

Finalement, cela amène le tiers des jeunes interviewés à voir des perspectives d’avenir «plus intéressantes en dehors du Québec, des fois voir même en dehors du Canada», raconte Mme Nguiagain. 

L’historienne souligne tout de même que le reste des participants montrent un désir fort de s’investir davantage dans la lutte contre le racisme et la discrimination

Pour eux, l’important est de se battre pour «accéder à une citoyenneté à part égale». Cela se traduit par leur désir de s’investir dans les instances politiques et d’avoir une plus grande représentation dans les corps professoraux dans les écoles, par exemple.

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