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Une intervention musclée filmée dans le métro de Montréal

Dans la vidéo publiée sur Twitter, on peut voir plusieurs témoins tenter d'intervenir. Photo: Capture d’écran

L’arrestation musclée d’une femme qui aurait franchi le tourniquet sans s’acquitter de son droit de passage du métro a été filmée par plusieurs témoins à la station Jean-Talon samedi dernier.

Dans une vidéo diffusée sur Twitter, on peut voir deux agents de la Société de transport de Montréal (STM) tenter de maîtriser au sol une femme noire qui résiste à l’arrestation.

Les inspecteurs frappent à au moins quatre reprises l’individue, alors qu’on peut entendre une personne pousser de nombreux cris.

Plusieurs usagers du métro sont témoins de la scène, dont trois qui tentent physiquement d’intervenir en séparant les inspecteurs de la contrevenante. 

Après une minute, un nouveau segment vidéo semble montrer quatre agents contrôler la personne toujours au sol. On peut également voir une matraque au plancher. 

«C’est une honte», selon un témoin

Contacté par Métro, le témoin oculaire de la scène Raph K.Yoyo indique s’être senti «révolté» lorsqu’il a vu un des agents «perdre son sang froid» et «rouer de coups de poing au visage» la femme au sol.

«C’est une honte, souligne-t-il. C’est vraiment un abus de pouvoir. On fait confiance à la STM et à l’autorité, mais ça ne donne pas un sentiment de sécurité et de justice.»

Selon ses informations, la personne interpellée est une immigrée récemment arrivée au Canada. Selon plusieurs sources, celle-ci a passé la nuit de samedi à dimanche à l’hôpital.

«En gros, elle a été attaquée par quatre hommes adultes, et elle a passé la nuit dernière à l’hôpital, repartant avec un traumatisme, des ecchymoses et une série d’accusations contre elle», s’est exprimée Moohk Hibou, une amie de la femme, sur sa page Facebook.

La STM déposera une plainte

Sur Twitter, la STM a réagi, lundi matin, à l’événement filmé en apportant «des clarifications». 

«La vidéo ne montre pas ce qui a mené à l’intervention, notamment le degré de résistance et d’agressivité de la personne, qui a mordu au sang les inspecteurs», indique-t-on. 

La STM portera d’ailleurs des accusations de voies de faits causant des lésions au criminel contre l’usager.

Dans sa mise au point, l’organisation affirme que les inspecteurs de la STM ont été témoins d’une personne ayant franchi les tourniquets sans s’acquitter de son droit de passage à la station Jean-Talon.

Ils auraient ensuite rejoint la personne et l’auraient interpellé. Or, cette dernière aurait refusé de collaborer et, notamment, de s’identifier.

La discussion aurait duré plusieurs minutes, mais la personne aurait ensuite pris la fuite vers la sortie sans avoir obtempéré. C’est à ce moment que les inspecteurs se seraient mis à sa poursuite et seraient physiquement intervenus pour l’immobiliser.

Durant l’intervention, la personne résistait et aurait mordu «à plusieurs reprises les inspecteurs, causant des blessures qui ont requis des soins d’urgence», précise la STM.

Bientôt plus de pouvoir pour les inspecteurs de la STM

Rappelons que, à partir du mois de juillet, les inspecteurs de STM accéderont au statut de «constable spécial», ce qui leur conférera plus de pouvoirs pour intervenir.

Cela signifie qu’ils pourront arrêter une personne ayant commis un acte criminel ou intervenir auprès d’une personne soupçonnée de gestes de harcèlement dans l’ensemble du réseau de la STM sans attendre les renforts du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Ces changements seront perceptibles graduellement puisque le statut de constable spécial requière une formation. Les 160 inspecteurs de la STM seront formés sur une période d’un an à partir de juillet.

Cela inquiète le conseiller indépendant de Snowdon à la Ville de Montréal, Marvin Rotrand, qui a suggéré devant le conseil municipal, lundi, que la STM avait «un problème de confiance publique».

L’élu craint qu’en obtenant le statut de «constables spéciaux», les inspecteurs puissent utiliser des armes comme des pistolets à impulsion électrique ou du gaz poivré.

Le président de la Commission de la sécurité publique (CSP), Alex Norris, souligne que la réforme permettra la tenue d’enquêtes externes face à ce type d’incident.

«Dans l’acte de nomination que la STM remettra aux nouveaux constables spéciaux, il sera spécifiquement exclu qu’ils soient autorisés à porter des armes ou d’ailleurs des pistolets à impulsion électrique ou du gaz poivré», a-t-il aussi précisé en réponse à M. Rotrand.

Ouverture d’enquêtes

La STM a amorcé une enquête interne pour analyser l’ensemble des éléments et, notamment, l’usage de la force dans l’intervention survenue vendredi.

«Lors de telles interventions, nos inspecteurs appliquent le modèle en vigueur dans la majorité des corps policiers au Canada, qui stipule que la force appliquée doit être proportionnelle au degré de résistance et d’agressivité de la personne. Dans ce cas, la personne s’est montrée agressive, a résisté activement et a mordu au sang nos employés, refusant notamment de relâcher sa morsure», précise la STM dans sa déclaration.

La Ville de Montréal a également décidé d’ouvrir une enquête, a indiqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante, sur Twitter.

 

Réactions sur les médias sociaux

Plusieurs internautes ont réagit à la vidéo qui circule sur les médias sociaux.

«Ce comportement de la police est tellement dégoûtant! Je ne suis pas une défenseure du ‘defund the police’, mais je suis du genre ‘tenez-les responsables’! Il y aura plus d’intervention des spectateurs! Si triste qu’il en soit arrivé là, mais merci à ces braves âmes!», écrit l’une d’elle.

«Je ne peux pas entendre ce qui se passe dans la vidéo, mais cela semble n’être qu’un autre cas de brutalité policière. Juste au Canada cette fois. La légende d’opération demande comment sommes-nous censés nous sentir en sécurité», réagit une autre.

La STM rappelle que ses inspecteurs sont formés pour intervenir auprès de diverses clientèles et qu’une approche favorisant la désescalade est favorisée.

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