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Grève au port: le syndicat compte contester la loi forçant le retour au travail

Les débardeurs du port de Montréal manifestent.
Les débardeurs du port de Montréal manifestent. Photo: Josie Desmarais/Métro

Dès que le projet de loi C-29 forçant le retour au travail des 1150 débardeurs sera adopté par le Sénat vendredi, le syndicat compte contester sa validité, a-t-il annoncé en conférence de presse jeudi après-midi, alors qu’il réagissait à l’adoption du projet de loi spéciale à la Chambre des communes.

«C’est un projet de loi qu’on considère anticonstitutionnel. Le gouvernement le sait très bien puisqu’il y a eu des arrêts de la Cour suprême qui ont constitutionnalisé le droit de grève», a déclaré le porte-parole du Syndicat des débardeurs de la Section locale 375, Michel Murray.

Il ajoute que des décisions de l’Organisation internationale du travail (OIT) ont déjà été rendues stipulant que les considérations économiques ne doivent pas être prises en compte dans le cadre d’un projet de loi spéciale.

Le syndicat a déjà déposé une plainte auprès de l’OIT puisque le Canada est signataire de deux traités internationaux en ce qui a trait au droit et au respect du droit de grève. «Principalement, il a signé une entente internationale qui spécifie que le travail de débardage n’est pas un service essentiel au sens strict du terme», a souligné M. Murray.

Cependant, le syndicat a tout de même offert à l’employeur la possibilité de sortir des conteneurs reliés à la pandémie pendant la grève. «Depuis lundi matin, on a reçu aucun appel de l’employeur en ce sens-là», a précisé le porte-parole.

La loi spéciale, proposée par les libéraux, a été adoptée à la Chambre des communes avec l’appui des conservateurs dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle doit toutefois encore être adoptée par le Sénat, convoqué ce vendredi, avant d’être appliquée.

Le syndicat déplore le silence de l’employeur

Les débardeurs du port de Montréal, qui sont sans convention collective depuis décembre 2018, ont déclenché une grève illimitée lundi, alors qu’ils refusaient déjà de travailler des heures supplémentaires et les fins de semaine depuis le 18 avril.

Selon la partie syndicale, les négociations avec l’employeur achoppent en ce qui a trait aux horaires et à la conciliation travail-vie personnelle.

Le syndicat estime que le conflit de travail a été initié par l’Association des employeurs maritimes (AEM) qui avait annoncé qu’elle ne respecterait pas les dispositions de la convention collective sur la sécurité d’emploi, en plus de prolonger les quarts de travail, parfois jusqu’à 100 minutes.

«On avait demandé, il y a six jours, de lever les mesures de la partie patronale. Si c’était fait, il y aurait immédiatement levée des deux mesures de grève et le port de Montréal reprendrait ses activités dans les heures qui suivent», explique Michel Murray.

Or, six jours plus tard, il indique n’avoir toujours aucune nouvelle de l’AEM sur la levée de ses mesures de pression. «Alors comment on peut nous dire que chaque jour qui passe coûte 25 M$, mais qu’il n’y a absolument personne, jusqu’à maintenant, qui a soulevé le silence de l’employeur pendant six jours?», s’interroge M. Murray.

Levée des mesures de pressions

Dans une lettre envoyée au président de l’AEM, Martin Tessier, le Syndicat des débardeurs demande une confirmation de la levée des mesures de pression, une fois l’entrée en vigueur de la loi spéciale.

Selon la partie syndicale, l’organisation patronale aurait quitté la table de négociation mardi soir et aurait refusé de donner une réponse à ce sujet.

«Est-ce que l’employeur pourrait nous répondre officiellement aujourd’hui s’il lève ses mesures immédiatement et s’il confirme qu’il va rétablir le régime de sécurité d’emploi et réinstaller les horaires qui sont utilisés dans 99% du temps dans les 50 dernières années?», demande Michel Murray.

Le cas échéant, les opérations du port de Montréal pourraient reprendre «demain, sans même l’adoption par le Sénat du projet de loi», a-t-il ajouté.

«Manque de leadership», selon le SCFP

Pour le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), dont fait partie la section locale 375, l’adoption d’une loi spéciale de retour au travail par le gouvernement Trudeau constitue «un manque total de leadership et une atteinte aux droits des 1150 grévistes au Port de Montréal».

«Tout au long de ce processus, nous nous sommes engagés à retourner au travail si l’employeur annulait les modifications unilatérales et injustes aux conditions de travail de nos membres, a rappelé le président national Mark Hancock. L’employeur préférait clairement éviter de négocier. Il a réussi à manipuler les libéraux pour qu’ils fassent pencher la balance en sa faveur.»

«Les libéraux ont démontré une fois de plus que quand ça compte, ils ne sont pas amis des travailleurs, a dit le secrétaire-trésorier national du SCFP, Charles Fleury. Les tribunaux ont établi à maintes reprises que les lois de retour au travail violaient les droits garantis par la Charte. Aujourd’hui, M. Trudeau a démontré qu’il ne respectait pas la Charte que son père a fait adopter pendant qu’il était premier ministre.»

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