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Itinérance: la mairesse ne permettra pas les campements de fortune

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, et le président-directeur général de la Mission Bon Accueil, Sam Watts, ont tenu une conférence de presse pour faire le point sur la mise en place de solutions permanentes en matière de logement pour les personnes en situation d’itinérance à Montréal. / Josie Desmarais/Journal Métro Photo: Josie Desmarais

Assurant qu’il y a assez de lits dans les refuges, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ne permettra pas les campements d’itinérants cet été.

C’est ce qu’elle a laissé entendre alors qu’elle faisait le point sur les solutions mises en place en matière de logement pour les personnes en situation d’itinérance à Montréal lors d’une conférence de presse en compagnie du président-directeur général de la Mission Bon Accueil, Sam Watts.

Tous les deux ont réitéré que, depuis le début de la pandémie, des centaines de lits ont été déployés en urgence à Montréal. Cependant, rien ne confirme que ces mesures d’urgence seront prolongées au-delà de la date butoir du 30 juin.

Mme Plante indique qu’elle travaille avec le gouvernement du Québec, qui est responsable du dossier de l’itinérance, pour que les lits soient disponibles cet été.

«Parce que pour la Ville, la solution ne peut pas passer par des campements organisés. Je sais que c’est le souhait de certains, mais on ne peut pas se le permettre.» –Valérie Plante, mairesse

À peine 72 heures après le démantèlement du campement d’itinérants qui avait pris forme dans le boisé Steinberg, situé dans Hochelaga-Maisonneuve, la mairesse explique qu’elle préfère accompagner «les personnes qui dorment à l’extérieur vers les ressources existantes».

Lettre ouverte pour les campements

Dans une lettre ouverte publiée sur le site de Métro, plusieurs réseaux d’organismes communautaires liés à l’enjeu de l’itinérance défendent le droit des campeurs de privilégier ce mode de vie aux refuges.

«Au-delà des lits temporaires disponibles et de la prétention à pouvoir accueillir tout le monde, ces lieux sont souvent mal adaptés notamment aux besoins des personnes autochtones, des femmes, des travailleuses du sexe, des personnes LGBTQ+, des jeunes, des personnes utilisatrices de drogues ou vivant avec des enjeux de santé mentale», écrit-on.

Sans compter que plusieurs de ces lieux sont en éclosion et que la présence plus importante d’agents de sécurité dans certaines ressources est également une barrière d’accès importante, ajoute-t-on.

Les signataires soulignent par ailleurs que les campements permettent aux personnes sans-abri de conserver leur autonomie, leur autodétermination et leur dignité tout en répondant à des besoins tels que la stabilité, la proximité avec la communauté et des services, la distanciation physique, l’intervention des pair.es en cas de surdose, etc.

Québec enregistre le pire bilan AccèsLogis

La mairesse Valérie Plante reconnaît toutefois que la solution pérenne aux enjeux liés à l’itinérance est de leur fournir un logement social.

Or, le gouvernement de François Legault enregistre le «pire bilan» de l’histoire d’AccèsLogis, alors que seulement 620 nouvelles unités de logement sociaux ont été construites dans le cadre de ce programme en 2020, selon les chiffres de Québec solidaire.

Depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec (CAQ), à peine 2500 unités sont sorties de terre, indique Québec Solidaire. À l’heure actuelle, 11 631 des 15 000 unités de logement social annoncées par l’ancien gouvernement libéral n’ont toujours pas été livrées, alors qu’on évalue à 25 000 le nombre de ménages sur la liste d’attente pour un logement social.

À Montréal, la cible de l’administration Plante était de construire 6000 logements sociaux. Or, la mairesse prévoit atteindre seulement 80% de son objectif. «C’est parce qu’on n’a pas de nouvelles unités AccèsLogis», a-t-elle précisé.

Pour Mme Plante, il est évident qu’il faut investir davantage dans le programme AccèsLogis. «Je suis à peu près certaine que d’autres villes du Québec en diraient autant», a-t-elle ajouté.

Une cible dépassée pour les itinérants

Par ailleurs, Valérie Plante s’est félicitée d’avoir surpassé de 14% sa cible en matière de développement de logements sociaux dédiés aux personnes en situation d’itinérance. En effet, en date du 31 mars, 1089 unités sont en cours de construction ou à l’étape des plans et devis, alors que 950 avaient été prévues.

«À titre de comparaison, l’administration précédente a seulement développé, pendant tout son mandat, 800 logements. Notre administration, qui en a fait une priorité, est donc parvenue à en développer 36% de plus», a souligné Valérie Plante.

Le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’itinérance, Benoit Langevin, a justifié ces chiffres en soulignant que les besoins avaient évolués.

M. Langevin a par ailleurs souligné que l’administration Coderre avait développés 4111 logements sociaux entre décembre 2014 et janvier 2017. Au 31 décembre 2020, l’administration Plante en avait développés 3639 à l’intérieur de son mandat, a-t-il soutenu.

«Même elle [Valérie Plante] dit qu’elle ne sera pas capable de rejoindre ses objectifs de 6000 unités, déplore-t-il. J’entends la ministre québécoise de la métropole, Chantal Rouleau, dire qu’il y a peu près 80 sorties de terre dans ce présent mandat et que l’administration Plante traine ses pieds.»

Cinq projets pour des logements rapides

La Ville a confirmé à ce jour le financement de cinq projets développés dans le cadre de l’Initiative pour la création rapide de 96 logements grâce à l’apport de ses partenaires et des gouvernements du Québec et du Canada.

Parmi ces projets en voie d’être développés en collaboration avec des organismes, la Ville entend transformer deux «petits hôtel», comme des gites ou des bâtiments existants, en refuge. C’est une idée que proposait Denis Coderre comme approche transitoire, alors qu’il était en visite au campement Steinberg à la fin du mois d’avril.

Ensemble Montréal proposera une motion au prochain conseil municipal pour que Montréal ait la flexibilité de transformer des hôtels en maison de chambres lorsqu’il y a des campements qui apparaissent. «Ça finit par être une décision politique d’investir dans une piste cyclable ou investir dans un refuge de façon ponctuelle», a déclaré Benoit Langevin.

Au total, une dizaine de projets menés par des organismes communautaires devraient voir le jour au début de l’année 2022 dans différents arrondissements, a laissé savoir Valérie Plante en conférence.

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