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Zampino se serait débarrassé de ceux qui voulaient faire le ménage

Photo: www.ceic.gouv.qc.ca

Une commande politique aurait mis fin aux tentatives de Serge Pourreaux pour faire le ménage à la Ville de Montréal, en 2006. En six mois, les trois porteurs de ce dossier ont été «tassés». Selon le témoin de la Commission Charbonneau, une seule personne est le responsable de ce «putsch»: Frank Zampino.

Serge Pourreaux est l’ancien directeur de l’approvisionnement à la Ville de Montréal entre 2003 et 2006. C’est son équipe qui a commandé le rapport qui a conclu en 2004 que les prix des projets étaient gonflés de 30%, à Montréal. C’est aussi son équipe qui a tenté d’implanter des solutions pour réduire les coûts.

M. Pourreaux était soutenu par son supérieur Guy Hébert, directeur des Services administratifs, et par le directeur général de la Ville Robert Abdallah. Seule ombre au tableau, le département d’Yves Provost, directeur du Service infrastructure transport et environnement.

Ce département, qui était très réticent aux réformes de M. Pourreaux, n’était pas des moindres. Il était le plus important de la Ville, avec une culture des plus fortes. «Un royaume dans un royaume», avait expliqué le témoin la veille. C’est à ce département que travaillaient Robert Marcil, Luc Leclerc, Gilles Surprenant, Gilles Vézina, Yves Themens et François Thériault.

Une des solutions proposées par la démarche dite «d‘optimisation» de M. Pourreaux était notamment de leur retirer la responsabilité des appels d’offres pour la rapatrier au département de l’approvisionnement. M. Provost s’y opposait et lui disait régulièrement que son travail était «inutile».

À l’époque M. Pourreaux associait cette résistance à la crainte d’une perte de pouvoir de la part des fonctionnaires de l’Infrastructure. Aujourd’hui, il comprend mieux que certains protégeaient le système de collusion et de corruption.

En septembre 2005, M. Pourreaux a présenté les conclusions du rapport et ses solutions au maire Gérald Tremblay et au comité exécutif dont le président était Frank Zampino.

M. Pourreaux pensait pouvoir économiser jusqu’à 50 M$ avec sa démarche d’optimisation. Le maire semblait enthousiaste selon le témoin. Tout était prêt à se mettre en branle, quand en décembre, Guy Hébert a annoncé qu’il quittait son poste.

M. Pourreaux a ensuite été «invité» à prendre sa retraite, en janvier 2006. En mai de la même année, Robert Adballah quitte à son tour.

«Y’a pas grand monde qui peut tasser le directeur général: le maire et le président du comité exécutif», a affirmé le témoin.

M. Pourreaux penche pour le président du comité exécutif puisqu’il a cru à l’enthousiasme du maire, mais surtout parce qu’il a appris par la bande que M. Provost aurait été voir M. Zampino pour lui dire que la démarche de M. Pourreaux «n’avait pas d’allure».

Selon M. Pourreaux, il s’agit d’un «putsch». Les trois porteurs du dossier ont été écartés. À l’automne 2012, Michael Applebaum avait soutenu que l’ex-maire Tremblay et lui-même n’avaient jamais été informés de ce rapport. M. Zampino avait aussi nié avoir été au courant.

M. Pourreaux s’est dit très étonné qu’on ait ainsi laissé entendre qu’il s’agissait d’un rapport secret. À son retour au pays, il informé la Ville de regarder tout simplement dans les bureaux de la direction de l’approvisionnement… qui avait commandé le rapport. Le rapport s’y trouvait.

D’ailleurs, le témoin estime que si la Ville souhaite reprendre là où elle l’a laissé, les solutions avancées par l’équipe de M. Pourreaux sont toujours d’actualités et attendent sagement d’être appliquées… depuis 2004.

Québec a fermé les yeux, selon le témoin
Avant de quitter la barre, M. Pourreaux a souhaité apporter une dernière précision de taille: le ministère des Affaires municipales a préféré fermer les yeux sur le problème. M. Pourreaux dit avoir eu depuis 1994 des discussions avec les fonctionnaires des affaires municipales qui financent les infrastructures des villes.

M. Pourreaux affirme que le ministère était parfaitement au courant des prix trop élevés à Montréal. «Vous acceptez ça?», avait demandé M. Pourreaux. Il s’était fait dire: «Nous, on finance, c’est la Ville qui a le problème et c’est un problème politique».

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