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Les eaux souterraines pourraient-elles abreuver Montréal?

Photo: Yves Provencher/Métro

Dans la foulée de la crise de l’eau qui a forcé les Montréalais à bouillir leur eau pendant près de 36 heures la semaine dernière, Montréal devrait analyser sa nappe phréatique, pensent  certains.

Le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) croit que la Ville gagnerait à effectuer des analyses de sa nappe phréatique afin d’en caractériser l’étendue et la qualité.

«C’est fou, dans le contexte actuel et futur, de ne pas se préoccuper de l’eau potable qu’on a sous nos pieds», clame Coralie Deny, directrice du CRE-Montréal.

L’eau bue par les Montréalais est puisée dans le fleuve Saint-Laurent, notamment au niveau des rapides de Lachine. Le brassage lui donne une teneur plus élevée en oxygène et facilite le traitement dans les usines de filtration de l’île. «Mais avec les changements climatiques, le niveau d’eau dans les Grands Lacs en amont baisse, note Mme Deny. Dans ce contexte, ceux qui gèrent les barrages en Ontario et aux États-Unis pourraient devenir plus sévères et relâcher moins d’eau.» Cela aurait un impact sur le débit du fleuve, qui est déjà bas l’été, et sur sa capacité à dépolluer l’eau.

«Dans le futur, il faudra aussi probablement abaisser les infrastructures de captation d’eau dans le fleuve. Plus on ira puiser vers le fond et ses sédiments, moins la qualité d’eau sera bonne et plus il faudra déployer de moyens pour la rendre potable» ajoute Mme Deny.

Dans ce contexte, elle suggère d’analyser l’eau située dans le sous-sol de Montréal, afin de déterminer si elle est buvable, et de la protéger. Une telle caractérisation permettrait notamment de mesurer à quel point les activités industrielles, et notamment la fuite d’un million de litres de paraxylène, en 2003, ont pollué l’eau du sous-sol.

S’il s’avère que cette eau est potable, faudrait-il pour autant l’utiliser? Karel Meyrand, directeur général de la Fondation David Suzuki au Québec croit que non.

«Vu le passé industriel de Montréal et le fait qu’historiquement, on trouvait ici la mer de Champlain, je ne crois pas que la nappe phréatique soit exploitable», dit-il. Il souligne aussi que les villes qui misent sur leurs nappes phréatiques pour s’abreuver font déjà face à une raréfaction de la ressource à cause de sa surutilisation.

S’il indique que l’eau puisée dans le fleuve Saint-Laurent est de bonne qualité, il convient toutefois que les différents projets de pipeline d’Enbridge et de Transcanada, qui longeront ou croiseront le fleuve et ses affluents, pourraient s’avérer potentiellement dangereux pour le Saint-Laurent. «On le sait peu, mais 43% des Québécois boivent de l’eau tirée du fleuve», dit-il.

La Politique nationale de l’eau adoptée en 2002 prévoyait notamment d’entreprendre un inventaire des grandes nappes phréatiques du Québec. À l’heure actuelle, 54% du territoire de juridiction municipale est cartographié. Aucun programme de cartographie n’est prévu pour Montréal, indique le ministère de l’Environnement. La carte hydrologique la plus récente date de 1978.

Apprivoiser le fleuve

  • La Semaine du Saint-Laurent se tiendra cette année du 7 au 15 juin
  • Un BBQ de produits de la mer se tiendra le 14 juin au parc Hydro-Québec, près de la Maison du développement durable
  • Un tour de l’île de quatre jours et 250km est aussi au menu
  • Plusieurs autres activités sont offertes sur le site de la Fondation David Suzuki

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