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20 ans plus tard: Le Québec se souvient de Polytechnique

Le 6 décembre 1989, Marc Lépine a bouleversé le Québec en abattant 14 jeunes femmes à l’École Polytechnique de Montréal. Vingt ans plus tard, le temps s’est à nouveau arrêté dans la province afin de permettre aux Québécois d’évoquer le souvenir des 14 victimes, qui sont devenues des symboles de la lutte contre la violence faite aux femmes.

À Montréal, les familles des victimes, les survivants du drame, les étudiants et les diplômés de Polytechnique ainsi que le personnel de l’École et ses retraités étaient invités à se recueillir à la basilique Notre-Dame. La cérémonie intimiste, fermée au grand public, a été ponctuée de témoignages et de messages d’espoir. Un doctorat honoris causa a également été remis à Lili-Anna PereÅ¡a, diplômée de Polytechnique en 1987. La tuerie du 6 décembre 1989 a déclenché chez cette ingénieure le goût de l’action humanitaire. Depuis 1990, Mme PereÅ¡a a notamment Å“uvré au Malawi, en Croatie, au Burkina Faso, en Bosnie-Herzégovine, en France et au Québec.

Un peu plus tôt dans la journée, des centaines de personnes s’étaient rassemblées à la place Émilie-Gamelin à l’invitation du comité organisateur de la campagne des 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes. Une chaîne humaine a été formée. Surplombant le rassemblement, 300 rubans blancs accrochés à des cordes à linge invitaient les passants à poser des gestes concrets pour lutter contre la violence.

À Polytechnique, des gens ont défilé toute la journée devant la plaque commémorative des événements du 6 décembre 1989, au pied de laquelle les fleurs s’accumulaient. Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, est allé s’y recueillir en après-midi. M. Tremblay a aussi proclamé le 6 décembre Journée montréalaise de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes et aux filles.

Registre des armes à feu
Les commémorations d’hier ont fait place à plusieurs critiques adressées au gouvernement de Stephen Harper, qui a récemment ouvert une brèche dans le registre des armes à feu en réussissant à amener jus­qu’en comité parlementaire un projet de loi qui abolirait l’enregistrement des armes d’épaule. La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a affirmé que si le gouvernement fédéral persistait dans sa volonté d’affaiblir la portée du registre, le Québec devrait assurer la création d’un tel outil.

Une survivante de la tuerie, Heidi Rathjen, s’en est également premier ministre canadien. «Ce que le gouvernement conservateur fait, surtout à ce moment, est une gifle à la figure des victimes de Polytechnique, ainsi que de toutes les autres victimes d’armes à feu», a-t-elle déclaré en entrevue à la Presse Canadienne. Mme Rathjen a affirmé que le gouvernement fédéral aurait du «sang sur les mains» si le registre des armes à feu était aboli.

Ils l’ont dit…
– Claudette Carbonneau, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) : «En abattant 14 futures ingénieures, ce n’est pas à elles personnellement que Lépine en voulait, mais bien au mouvement des femmes… Loin de rééditer un vieux rapport de force, il s’en prenait à ce qu’il y avait de plus nouveau dans la société : l’avancement des femmes.»

– Pierre-Hugues Boisvenu, président de l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD) : «Nous déplorons que le débat et la désinformation autour du 20e anniversaire de la tuerie de Polytechnique se fasse exclusivement autour du maintien ou non du registre des armes à feu. La violence faite aux femmes est avant tout un problème de société et non un problème uniquement lié aux armes à feu.» 

– Pauline Marois, chef du Parti québécois: «Il y a 20 ans, une tragédie s’est déroulée à Montréal. Totalement incompréhensible, totalement injuste et profondément cruel, ce drame a laissé une population consternée et bouleversée par autant de violence. (…) Vingt ans plus tard, ce qui importe, c’est de se rappeler de ces jeunes filles et de commémorer leur mémoire. Il est aussi important de se rappeler tout le chemin parcouru par les femmes, mais également celui qu’il reste à faire.»

– Gérald Tremblay, maire de Montréal: «Le 6 décembre est un bien triste anniversaire pour Montréal. Nous nous souvenons encore et nous nous souviendrons toujours de ce tragique événement qui aura fauché 14 vies et bouleversé combien d’autres. Proclamer le 6 décembre Journée montréalaise de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes et aux filles est un geste d’engagement de notre administration et de solidarité envers celles et ceux qui agissent pour que la violence cesse.»

– Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ): «La violence faite aux femmes est encore si répandue qu’elle devrait faire l’objet d’une mobilisation sociale et politique majeure. Trop de femmes au Québec vivent de la violence au quotidien. Même si ces drames n’ont pas l’aspect spectaculaire du geste 14 fois meurtrier de Marc Lépine, en 1989, il n’en demeure pas moins que la violence continue à briser des vies. Le silence et la tolérance n’ont pas leur place.»

– René Roy, secrétaire général de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ): «Vingt ans plus tard, il semble qu’un grand nombre de députés fédéraux aient perdu la mémoire puisqu’ils ont appuyé en deuxième lecture le projet de loi C-391 visant à éliminer le registre des armes à feu et plus de huit millions de dossiers. Depuis 20 ans, les femmes attendent des solutions concrètes pour contrer la violence faite aux femmes. La FTQ exige du gouvernement fédéral de rejeter le projet de loi C-391 et de maintenir actif le registre des armes à feu. Il s’agit d’un élément important dans la lutte contre la violence, notamment celle faite aux femmes.»

– Steve Sullivan, ombudsman fédéral des victimes d’actes criminel: «Aujourd’hui, à l’occasion de cette journée de commémoration et d’action, j’encourage chacun à réfléchir à la mesure dans laquelle nous luttons contre la violence dans nos collectivités et aux moyens de collaborer pour accroître la sécurité des femmes. Nous devons apprendre de nos erreurs et de nos réussites passées et les mettre à profit pour favoriser la sécurité dans nos collectivités et rendre les services accessibles aux femmes qui demandent de l’aide.»

– Yvan Delorme, directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM): «Sur plusieurs fronts, le SPVM lutte de maintes façons contre toutes les formes de violence sociale. Il a notamment développé des programmes d’intervention en matière de violence conjugale, dont les femmes sont majoritairement les victimes, et à l’encontre de la violence vécue par les jeunes. De plus, des plans d’intervention améliorés sont maintenant maîtrisés par tous nos policiers de première qui ont reçu la même formation tactique pour intervenir à l’encontre d’un tireur actif.»

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