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Dans le ventre du Silo no 5

À l’extrémité ouest du Vieux-Port, sur une parcelle de terre baptisée Pointe-du-Moulin, trône le Silo no 5. Emblème du passé commercial de Montréal, qui fut pendant une partie du 20e siècle l’une des principales villes exportatrices de blé, le Silo no 5 a cessé ses activités en 1995. Depuis, plusieurs idées ont été lancées afin de redonner vie à cet ensemble imposant, mais aucun projet concret n’a encore vu le jour.

Dans l’espoir d’éveiller les sens et l’imaginaire des Montréalais, Héritage Montréal offrira, ce week-end, une visite guidée unique du Silo no 5. Le directeur des programmes d’Héritage Montréal, Dinu Bumbaru, espère qu’en exhibant l’élévateur à grain à la population, une étincelle jaillira et que des projets de mise en valeur prendront forme.

«Un projet sur le site du Silo no 5 prendra du temps, a prévenu M. Bumbaru. Ce n’est pas comme refaire une cuisine. La seule compréhension du site représente un défi de taille. Le silo est construit sur un site qui a été fabriqué par l’homme. Le sol est soutenu par des caissons de bois et de métal, qui ont été construits au tout début des années 1900. Il faut voir ce qui peut être fait sur le site avant d’entreprendre quoi que ce soit, mais je sens qu’on est plus près que jamais d’un projet emballant.»

La Société immobilière du Canada (SIC), qui a acheté la Pointe-du-Moulin en 2010, a commandé, à l’hiver, une étude technique visant à évaluer l’état du lieu et de son silo. Le rapport final de cette étude est en cours de rédaction. Ses grandes lignes seront rendues publiques à l’automne.

Une équipe de design sera par la suite formée et chargée de déterminer des scénarios d’aménagement qui correspondent aux principes de développement de la SIC. La Société souhaite que la réhabilitation de la Pointe-du-Moulin comprenne «un nouvel ensemble urbain, en continuité avec son environnement», conserve le «patrimoine industriel» du site, assure une «mixité de fonctions et d’usages» et offre «une destination pour les Montréalais et les touristes avec un belvédère accessible au public offrant une vue exceptionnelle de la ville et ses environs».

Les concepts retenus devraient être présentés à la population en 2012, lors de consultations publiques.

«Plusieurs idées ont été lancées par le passé, a rappelé M. Bumbaru. On a pensé aménager  un hôtel ou des condos dans le Silo no 5. Mais pour ce faire, il aurait fallu percer des fenêtres dans du béton armé de 20 cm d’épaisseur. C’eut été très compliqué et très coûteux. On avait aussi pensé y aménager une annexe du Musée d’art contemporain, mais ce projet a été abandonné depuis. Néanmoins, je pense que c’est le genre d’idées qu’il faut explorer.»

Le porte-parole de la SIC, Gordon McIvor, a indiqué avoir confiance que les Montréalais trouveront une nouvelle vocation inspirante pour la Pointe-du-Moulin. «Le niveau d’intérêt est incroyable, a-t-il affirmé. Les gens trouvent ce projet fascinant. Ça prendra de l’imagination pour trouver quoi faire avec l’endroit, mais ce n’est pas une inquiétude. Ce qui risque d’être plus difficile, c’est de trouver un projet pragmatique à réaliser.»

La SIC a promis que la réhabilitation du Silo no 5 et de la Pointe-du-Moulin sera pratiquement terminée d’ici 2017, année du 375e anniversaire de la Ville de Montréal. «Le plus long, c’est de trouver quoi faire, a soutenu M. McIvor. Par la suite, il est question de travaux qui devraient durer de deux à trois ans.»

Démolition évitée

Le Silo no 5 a cessé ses activités en 1995. Le Port de Montréal, qui en était alors propriétaire, avait une idée précise de ce qu’il voulait faire de l’ancien élévateur à grain : le démolir.

Après maintes protestations et l’inter­vention d’Héritage Montréal, le Port a décidé de conserver l’imposant ensemble de la Pointe-du-Moulin et de l’intégrer au patrimoine de la ville de Montréal.

Dans cette optique, la Société immobilière du Canada (SIC) s’est entendu avec le Port, en 2010, pour acquérir la Pointe-du-Moulin et son silo pour la somme de 1 $. La SIC, qui a déjà réalisé une trentaine de projets de réhabilitation de biens immobiliers excédentaires appartenant au gouvernement fédéral, dont l’ensemble Benny Farm, à Montréal, prévoit avoir pratiquement terminé la réhabilitation de la Pointe-du-Moulin d’ici 2017.

Cinq silos
Le Silo no 5 tient son nom du fait que quatre autres élévateurs à grain ont poussé dans le paysage montréalais avant que le Port de Montréal n’acquiert le silo de la Pointe-du-Moulin, qui est alors devenu le Silo no 5.

Silo no 1 : Construit au pied du boulevard Saint-Laurent en 1902, il a été démoli en 1983.

Silo no 2 : Construit en face du marché Bonsecours en 1910-1912, il a été démoli en 1978.

Silo no 3 : Construit sur la rue Notre-Dame Est, près de la rue Bourbonnière, en 1924. Partiellement démoli à la fin des années 1990, il est aujourd’hui désaffecté.

Silo no 4 : Construit au pied de la rue Viau, en 1963, il est toujours utilisé et géré par le Port de Montréal.

Silo no 5 : Construit au pied de la rue McGill en trois phases (1903-1906, 1913 [agrandi en 1924] et 1957-1959). Il a cessé ses activités en 1995.

Visites guidées

À la suite du succès obtenu par les visites guidées offertes à l’automne, Héritage Montréal récidive et propose plusieurs visites du Silo no 5 au cours des prochaines semaines.

  • Samedi 21 mai, 10 h
  • Dimanche 22 mai, 10 h et 11 h
  • Samedi 28 mai, 10 h et 11 h
  • Dimanche 29 mai, 10 h, 11 h et 13 h 30
  • Les trois premiers week-ends de juin, 10 h, 11 h et 13 h 30

Inscription obligatoire : 514 286-2662, poste 22 ou architectours@heritagemontreal.org

Pour plus d’information : heritagemontreal.org

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