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À la découverte de la ville souterraine

Photo: Archives Métro

Ivan Drouin est un raconteur urbain qui parcoure la métropole, avec des touristes, des étudiants et même des Montréalais pour leur raconter la ville. Au fil de ses rencontres, il a réalisé que peu d’entre eux connaissaient bien la ville souterraine, où il est possible de déambuler sans sortir le nez à l’extérieur. «Ce n’est pas juste les centres d’achats, insiste-t-il. Il y a toute une histoire derrière ce réseau piétonnier, protégé et souterrain».  M. Drouin a ainsi colligé ses découvertes dans un petit guide bilingue intitulé Montréal souterrain.

Pourquoi ce réseau souterrain de 32 km de long est-il méconnu?
Sa terminologie ne l’est pas. Si vous regardez les documents d’Infotourisme, ils parlent du Montréal underground. Mais est-ce qu’on donne suffisamment d’outils aux gens pour qu’ils se débrouillent dans ce Montréal souterrain ? Non. Pourtant, c’est le plus vaste dans le monde. Ce n’est pas l’unique parce qu’il y a en a notamment à Toronto, à Chicage, à Edmonton et à Tokyo.

Comment s’est créé le réseau souterrain montréalais?
La ville souterraine, ce n’est pas quelque chose qui a été planifié d’avance. C’est quelque chose qui est né par la construction de la Place Ville-Marie et la venue du métro à Montréal. Il y a eu cette idée de raccordement. Après cela, à chaque fois qu’un immeuble s’ajoutait, il voulait se raccorder à ces passages très utiles.

Tout a commencé en 1947. Il y a eu la construction du chemin de fer. Le Canadian National (CN) était propriétaire de la Gare centrale. Après cela, elle a fait construire un hôtel, le Reine-Elizabeth. Il y avait cette grande tranchée de chemin de fer qui allait de la Gare centrale à la montagne. On ne savait plus trop quoi faire avec cela. Le CN a mandaté le promoteur William Zeckendorf. Son idée a été de recouvrir ces lignes de chemin de fer et de créer des galeries marchandes souterraines. Personne n’y croyait au départ. À l’époque, on magasinait dans les rues, sur Sainte-Catherine ou sur St-Hubert. Mais cela a fait boule de neige et ça a été une réussite.

À l’époque, existait-il d’autres réseaux souterrains du genre?
Non. C’était la première galerie commerçante souterraine. Elle en a inspiré d’autres. Elle a été étudiée par les urbanistes des grandes villes. Dans les pays où il y avait une forte densité de population et une météo comme la nôtre, ça devenait intéressant.

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À partir de quel moment le réseau souterrain est-il devenu une sorte de musée ?
Les œuvres d’art sont venues avec la loi du 1%, en 1961, lorsqu’on a commencé à inciter les propriétaires d’immeubles publics à dépenser 1% de leur budget dans des œuvres d’art ouvertes au public. Après, pour le maire Jean-Drapeau, le métro devait être la plus grande galerie souterraine au monde. M. Eaton a trouvé cette idée tellement bonne qu’il a décidé de mettre une œuvre d’art à l’entrée de son magasin, au métro McGill. Il avait engagé Maurice Savoie pour mettre une œuvre d’art en Terracotta. Et elle est encore là. Les Promenades de la Cathédrale ont aussi eu leur oeuvre. Alors, ça a fait boule de neige.

Qu’est-ce qui manque à ce réseau?
Sa sous-utilisation en terme culturel. On pourrait utiliser des couloirs, qui sont laissés pour compte, pour faire des expositions. Les couloirs qui relient la Place Bonaventure à l’Organisation de l’aviation civile internationale sont très beaux, avec de grands panneaux blancs. Ceux-ci pourraient servir de support à l’art urbain. À chaque mois, ça pourrait changer. Le couloir aurait une vocation urbain et culturelle. Ça donnerait une amplitude à la ville souterraine et ça la ferait découvrir. Mais il faudrait une entente entre les propriétaires des couloirs.

Votre plus grande découverte à propos de la ville souterraine?
Il existe un tunnel entre les stations de métro Place-des-Arts et McGill, ce qui veut dire qu’on pourrait faire un cercle complet. Ce tunnel d’entretien du métro pourrait être aménagé pour prolonger le réseau souterrain. Il est très vaste. Il pourrait être la continuité du Musée d’art contemporain, par exemple, un peu comme Pointe-à-Callière, qui se sert des anciens égouts de la ville pour prolonger son musée. Mais, on ne le fera pas parce que le taux de rentabilité n’est pas au rendez-vous.

Marcher Montréal
Le Montréal souterrain
Ivan Drouin
Édition Sgräff
En librairie

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