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Efforts pour bannir la cigarette des parcs

Photo: Sylvain Gagnon/TC Média

Un groupe d’amis de l’arrondissement de Saint-Laurent a décidé de prendre à bras le corps la problématique de la fumée dans les parcs.

Choqués d’apprendre qu’aucune loi n’interdisait la cigarette dans ces lieux fréquentés par les enfants, ils demandent aux élus de prendre des mesures.

Amara, Brian, Bayan, Ian et Thierno, âgés de 15 à 18 ans, fréquentent régulièrement les parcs laurentiens, notamment le parc Houde.

«On est chez nous ici. On voit les enfants jouer dans le sable, sous les jets d’eau et on pensait vraiment qu’on ne pouvait pas fumer dans des espaces comme ceux-là», explique Amara Kaba, 17 ans.

Le 31 mai, le groupe a mené un atelier sur le tabagisme lors du Festi’Santé, évènement organisé par le centre communautaire Bon Courage.

«Cette journée-là, on a récolté 155 signatures pour notre pétition pour interdire le tabac dans les parcs et on a pu faire une vidéo de promotion avec des parents», confie Amara.

Les avis divergent
Les jeunes ont été épaulés par le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) et ont participé à Fais-toi entendre, une opération qui permet aux jeunes de s’exprimer sur les saines habitudes de vie.

«C’est une belle initiative et je suis convaincu de leur démarche, explique Mario Bujold, le directeur général du CQTS. Interdire la cigarette dans les parcs est une question de cohérence, que ce soit pour l’image qui est donnée aux jeunes enfants, pour les mégots dans les carrés de sable ou pour l’impact de la fumée secondaire.»

Quelques parents rencontrés au parc Houde, ont également leur avis sur la question.

«Je suis derrière eux à 100%, indique Adam, papa d’un petit garçon d’un an. C’est incroyable de penser que la cigarette est autorisée près des aires de jeux. De toute façon, je trouve que le tabac est mauvais, peu importe où.»

Mais tout le monde n’est pas de cet avis. Dans un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec, paru en 2007, 78% des personnes interrogées se positionnaient contre des restrictions sur les trottoirs et dans les parcs.

Karen, maman d’une petite fille de 3 ans, est d’avis qu’il faut trouver un compromis.

«Je ne suis pas en faveur d’interdire complètement la cigarette. S’ils veulent fumer qu’ils le fassent, mais pas à côté des enfants. Il faudrait peut-être mettre une place réservée aux fumeurs dans les parcs».

Demander aux élus d’agir
Les cinq amis ont transmis leurs doléances au maire de Montréal, Denis Coderre, au député libéral de Saint-Laurent, Jean-Marc Fournier, et au maire de l’arrondissement, Alan DeSousa.

«On sait que ça ne va pas être facile, mais tous les moyens sont bons pour que la cigarette disparaisse. On a bon espoir. En tout cas, on ne va pas baisser les bras», assurent Amara et ses amis.

Du côté de l’arrondissement de Saint-Laurent, le maire Alan DeSousa dit avoir tenté de de communiquer avec le groupe d’amis.

«Je suis très ouvert à dialoguer. Nous avons déjà lancé, depuis 2012, une vaste campagne de sensibilisation sur l’usage du tabac à proximité des aires de jeux dans nos parcs. Leur action suit notre volonté. Peut-être que la prochaine étape serait de frapper à la porte du ministre de la Santé. On peut espérer que Gaétan Barette soit réceptif, quand on sait que c’est le premier ministre, Philippe Couillard, qui a renforcé la loi sur le tabac en 2005, alors qu’il était ministre de la Santé.»

Plusieurs villes au Québec, au Canada et aux États-Unis ont déjà posé des gestes pour interdire ou restreindre l’usage de la cigarette dans les parcs.

«New York l’a fait, pourquoi pas Montréal, se demande M. Bujold du CQTS. En plus, cela ferait baisser les coûts d’entretien des parcs puisqu’on n’aurait plus de mégots à ramasser.»

Mais pour le moment, la demande des Laurentiens a peu de chances d’aboutir. «Ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Nous ne sommes pas rendus là» a fait savoir Réal Ménard, membre du comité exécutif de la Ville, en guise de réponse.

Que dit la loi sur le tabac?
La loi a été modifiée en 2005. De nouvelles restrictions ont alors été ajoutées.

Les principales mesures actuelles interdisent de fumer dans les bars, brasseries et tavernes, dans les aires communes des immeubles, dans les taxis et dans les abribus, tentes et chapiteaux qui accueillent le public.

Il est également interdit de fumer à l’extérieur, dans un rayon de 9 mètres de toute porte communiquant avec un établissement de santé et de services sociaux, un établissement d’enseignement de niveau postsecondaire, ainsi qu’un lieu où se déroulent des activités destinées aux mineurs.

Enfin, il est défendu de vendre du tabac à des mineurs. L’amende prévue peut aller de 500$ à 6 000$.

Elles ont interdit la cigarette dans leurs parcs
Au Québec, quelques villes ont prévu des interdictions ou des restrictions sur l’usage de la cigarette dans les parcs. C’est notamment le cas de L’Ancienne-Lorette, de Rosemère et de Côte-Saint-Luc, sur l’île de Montréal.

Les villes de Toronto et de New York ont aussi mis en place des interdictions.

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